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Actualités - REPORTAGE

Le 7 juillet, quatre attentats-suicide, les premiers perpétrés en Europe, font 56 morts et 700 blessés Londres frappée à répétition par des kamikazes britanniques

Le Royaume-Uni a subi à son tour le terrorisme islamiste en 2005, traumatisme renforcé par le fait que les auteurs des attentats étaient des enfants d’immigrés, des Britanniques nés dans un pays fier de son modèle multiculturel. Le matin du jeudi 7 juillet, à l’heure de pointe, Hasib Hussain, Mohammed Siddik Khan, Shahzad Tanwer et Germaine Lindsay commettent dans les transports publics de Londres les premières attaques-suicide perpétrées en Europe. Les trois premiers kamikazes viennent de Leeds (nord de l’Angleterre). Leurs parents sont pakistanais mais eux sont des Anglais bien intégrés. Siddik Khan, 30 ans, l’aîné, est travailleur social dans une école publique. Les deux plus jeunes sont férus de football et de cricket. Le quatrième, Lindsay, dont la mère est jamaïcaine, habite la grande banlieue de Londres. Il s’est converti à l’islam. Les explosions dans trois rames de métro et un bus font 56 morts et 700 blessés, dont de nombreux mutilés. Une autre tentative échouera deux semaines plus tard, le 21 juillet. Le lendemain, la police sur les dents commet une bavure et tue Jean Charles de Menezes, un Brésilien innocent de 27 ans. Les terroristes du 21 juillet sont rapidement arrêtés. Cinq mois plus tard, l’enquête sur le 7 juillet semble piétiner. On ignore encore le rôle réel d’el-Qaëda, suggéré par une vidéo montrant ensemble Siddik Khan et Ayman al-Zawahiri, numéro deux du réseau. L’image du 7 juillet restera celle de l’impériale décapitée d’un bus rouge londonien. On y voit la détresse et le chaos, mais aussi les sauveteurs affairés qui résument l’esprit de résistance de la ville. « Nous savions que ce jour allait venir (...). Vous ne gagnerez pas », déclare aux terroristes le maire Ken Livingstone, depuis Singapour où il fêtait le succès inespéré de la candidature de Londres aux Jeux olympiques 2012. Après les attentats du 11 septembre aux États-Unis et ceux de Madrid, la plupart des Britanniques s’attendaient à un attentat islamiste. Mais peu avaient imaginé des terroristes nés dans le pays. La réponse politique aux attentats, élaborée en partie après consultation des musulmans, a été triple. D’une part, un nouveau raidissement contre les islamistes achève de démanteler le « Londonistan ». D’autre part, l’État promet de mieux « inclure » les jeunes Britanniques nés de parents immigrés. Enfin, police et justice voient leurs pouvoirs étendus. La communauté musulmane, de son côté, s’engage à mieux enseigner l’islam. En filigrane s’inscrit le débat sur l’Irak et la participation britannique à la guerre. La controverse est vive dans le pays depuis le printemps 2003, mais le gouvernement Blair refuse obstinément de lier l’Irak aux attentats. Dans une société qui se veut « multiculturelle » et célèbre l’intégration par la communauté plutôt que l’assimilation de l’individu, le 7 juillet a lancé un débat difficile sur l’identité du pays et les valeurs partagées par ses habitants. Les immigrés doivent « sortir de leurs ghettos » et répondre « sans équivoque à leur dilemme, en s’affirmant britanniques de nationalité et musulmans de religion », appelait ainsi à la rentrée Sir Gulam Noon, un Indien de 69 ans devenu en Angleterre le « roi du curry ». « Les musulmans en général sont bien intégrés, tempère Danièle Joly, sociologue de l’université de Warwick. Ce sont les jeunes qui ne se reconnaissent pas dans cette communauté, où les anciens tiennent les rênes », explique-t-elle à l’AFP. « L’Angleterre est leur pays, mais ils n’y trouvent pas leur place, surtout depuis le 11 septembre. Il est logique que l’islamisme radical en attire certains ».

Le Royaume-Uni a subi à son tour le terrorisme islamiste en 2005, traumatisme renforcé par le fait que les auteurs des attentats étaient des enfants d’immigrés, des Britanniques nés dans un pays fier de son modèle multiculturel.
Le matin du jeudi 7 juillet, à l’heure de pointe, Hasib Hussain, Mohammed Siddik Khan, Shahzad Tanwer et Germaine Lindsay commettent dans les transports...