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Un tremblement de terre fait quelque 75 000 morts Le Pakistan et l’Inde ratent le coche au Cachemire malgré le séisme d’octobre

Les espoirs d’un rapprochement entre le Pakistan et l’Inde, après le séisme qui a fait quelque 75 000 morts dans les montagnes du Cachemire et aux alentours, se sont évanouis face à l’intransigeance des deux frères ennemis d’Asie du Sud. Dix jours après le tremblement de terre du 8 octobre, le président pakistanais Pervez Musharraf lançait solennellement l’idée d’une ouverture de la Ligne de contrôle (LoC), la frontière de fait qui sépare depuis 1949 les parties pakistanaise et indienne du Cachemire, afin de faciliter les secours. Cette mesure historique entre les deux pays, qui se sont livré trois guerres dont deux pour le Cachemire et qui ont entamé début 2004 un timide réchauffement de leurs relations, restera pourtant purement symbolique. Il faudra attendre encore onze jours, le 29 octobre, pour que les diplomates des deux pays conviennent de l’ouverture de cinq points de passage sur la LoC. Les secours attendront encore neuf jours. C’est seulement le 7 novembre que la LoC s’ouvre, entre Titrinote, au Cachemire pakistanais, et Chakan da Bagh, au Cachemire indien. Et encore, seul du matériel (tentes, vivres, etc.) est déchargé de camions indiens, pour être emporté par des camions pakistanais. Les passages de personnes, expliquent alors les responsables de deux pays, doivent faire l’objet d’échanges de listes, d’approbation par les administrations. Frustrés, un mois après le séisme, les villageois pakistanais sont dispersés par la police pakistanaise au point de passage de Tritinote. Quatre autres points de passage s’ouvriront timidement les jours suivants. Et les Cachemiris assistent à l’échange de matériel de secours entre les militaires des deux pays, qui ne manquent pas de se serrer la main devant les caméras de la presse internationale. « À quoi bon échanger des tentes et des couvertures ? Autant les garder pour soi », se lamentait alors un Cachemiri interdit de passage de l’autre côté de la LoC. Il faudra encore dix jours d’attente pour voir les premiers passages de personnes, le 17 novembre. Encore ne sont-ils que des Cachemiris indiens venus côté pakistanais avant le séisme qui sont autorisés à rentrer chez eux. Crispés par des décennies de conflit et de défiance, Pakistan et Inde, puissances nucléaires déclarées depuis 1998, n’ont pas osé franchir le pas au Cachemire, revendiqué par les deux pays depuis leur indépendance en 1947. « Les deux régimes n’ont pas ressenti la confiance nécessaire pour exploiter cette opportunité unique », regrette l’analyste politique et éditorialiste pakistanais Mohammed Afzal Niazi. Après un cessez-le-feu le long de la LoC en novembre 2003, Pakistan et Inde ont multiplié les « mesures de confiance », sans toutefois jamais s’attaquer de front au problème du Cachemire. Une des plus symboliques de ces mesures de confiance a été la reprise en avril 2005 d’une liaison par autobus entre les deux principales villes du Cachemire, Srinagar côté indien et Muzaffarabad, aujourd’hui dévastée par le tremblement de terre, côté pakistanais. « Le réchauffement s’essoufflait en octobre quand le séisme a frappé le Cachemire », note Mohammed Afzal Niazi. « On a alors beaucoup espéré un possible rapprochement. » Mais malgré l’ampleur du désastre – plus de 73 000 morts côté pakistanais et plus de 1 300 côté indien –, les deux pays sont restés sur leurs positions. L’Inde a offert des hélicoptères, cruciaux dans ces zones de montagne, mais le Pakistan a refusé que des équipages indiens survolent son territoire. Et le jour même où se discutait l’ouverture de points de passage sur la LoC, le 29 octobre, 62 personnes étaient tuées à New Delhi dans trois attentats à la bombe attribués par les autorités indiennes à des militants cachemiris. « Au début j’ai été optimiste, se rappelle un diplomate occidental à Islamabad : la LoC s’ouvrait et tout semblait aller bien. Mais rien ne s’est finalement passé. »

Les espoirs d’un rapprochement entre le Pakistan et l’Inde, après le séisme qui a fait quelque 75 000 morts dans les montagnes du Cachemire et aux alentours, se sont évanouis face à l’intransigeance des deux frères ennemis d’Asie du Sud.

Dix jours après le tremblement de terre du 8 octobre, le président pakistanais Pervez Musharraf lançait solennellement l’idée d’une...