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L’Amérique latine poursuit son virage à gauche

L’Amérique latine s’apprête à renforcer son virage à gauche en 2006, entamé lors d’un cycle sans précédent de scrutins présidentiels en quatorze mois dans onze pays, dont le Mexique et le Brésil, ses deux principales puissances. Le Venezuela, où le président Hugo Chavez s’affirme en dauphin de Fidel Castro comme le nouveau porte-drapeau de la « révolution socialiste du XXIe siècle » en Amérique latine, conclut en décembre 2006 cette suite électorale dans la région où un effet de contagion n’est pas exclu. Outre les scrutins ouverts en décembre au Chili et en Bolivie, il y aura des élections en 2006 au Costa Rica (février), au Pérou (avril), en Colombie (mai), au Mexique (juillet), au Brésil (octobre) et au Nicaragua (novembre). L’Équateur, plongé dans une crise politique après la destitution de son président en avril dernier, pourrait se joindre au bal. Après les années 90 marquées par les modèles néolibéraux sous l’égide du FMI, la région peut confirmer une émancipation, affichée lors du sommet des Amériques de Mar del Plata, où la zone de libre-échange des Amériques prônée par Washington s’est heurtée à l’hostilité de l’axe composé des pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) et du Venezuela. Jusqu’ici principal partisan des États-Unis pour défendre cette vaste union douanière de l’Alaska à la Terre de feu, devenue une ligne de fracture latino-américaine, le Mexique semble sur le point de basculer à gauche. Andres Manuel Lopez Obrador, candidat du Parti de la révolution démocratique (PRD) et ancien maire de Mexico, trône depuis plusieurs mois en tête des sondages, malgré le populisme dont le taxent le Parti d’action nationale (PAN), formation de la droite catholique au pouvoir, et le traditionnel Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) qui a régné pendant plus de sept décennies. Toutefois, divisée entre tenants plus ou moins radicaux, la gauche latino-américaine n’offre pas un seul visage dans les pays où elle a conquis le pouvoir, de l’Argentine au Brésil en passant par le Chili, le Panama, l’Uruguay, le Venezuela. Au Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva, incarnant un progressisme modéré, tentera d’arracher une réélection compromise par les scandales de corruption qui ont éclaboussé le Parti des travailleurs. Son succès semble loin d’être assuré face à l’actuel maire de São Paulo, le social-démocrate José Serra. En revanche, le président colombien Alvaro Uribe (droite conservatrice) ne devrait pas laisser échapper un second mandat qu’il veut consacrer à l’élimination des guérillas et la démobilisation des milices. Troisième chef d’État à briguer son maintien, Hugo Chavez a déjà annoncé sa victoire après des législatives boycottées par une opposition exsangue qui vient d’offrir le Parlement à l’homme fort de Caracas. L’influence du géant pétrolier des Caraïbes, redouté par Washington, pourrait s’étendre en Amérique centrale où les sandinistes de Daniel Ortega semblent bien partis pour récupérer le pouvoir au Nicaragua. Il pourrait trouver un écho en Bolivie lors du scrutin provoqué par une nouvelle « guerre du gaz » autour de ses immenses gisements dont le leader indigène Evo Morale, sorti vainqueur, promet une plus stricte nationalisation. Dans le reste de la région andine, deux femmes sont pressenties pour l’emporter, la socialiste Michelle Bachelet au Chili et la sociale-chrétienne Lourdes Flores au Pérou, où l’élection s’annonce troublée par le retour d’exil surprise de l’ex-président populiste Alberto Fujimori, poursuivi par la justice et candidat depuis sa prison.

L’Amérique latine s’apprête à renforcer son virage à gauche en 2006, entamé lors d’un cycle sans précédent de scrutins présidentiels en quatorze mois dans onze pays, dont le Mexique et le Brésil, ses deux principales puissances.

Le Venezuela, où le président Hugo Chavez s’affirme en dauphin de Fidel Castro comme le nouveau porte-drapeau de la « révolution socialiste du...