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Actualités - CHRONOLOGIE

Basket-ball - Le Texan avait fait un passage remarqué au Liban en jouant dans les rangs du Club sportif Andre Pitts fait désormais les beaux jours de Saba

Ici, ce n’est pas la NBA, avec son cortège de majorettes et de stars du panier de basket-ball, mais le Texan Andre Pitts s’amuse et gagne bien sa vie comme joueur vedette de l’équipe iranienne Saba Battery. À 36 ans, ce Noir américain n’a pas mis six mois à conquérir les cœurs des joueurs et supporteurs du champion en titre iranien, une équipe financée par une société fabriquant des piles électriques et appartenant au ministère de la Défense... Malgré la rupture des liens diplomatiques entre Téhéran et Washington, la République islamique a autorisé ses équipes à recruter chacune jusqu’à deux joueurs étrangers, afin d’améliorer le jeu des Iraniens et leurs chances de réussite dans les championnats internationaux. En deux ans, plus de 20 joueurs américains ont ainsi rejoint des équipes iraniennes, prêtes à les attirer avec des salaires mensuels allant jusqu’à 15 000 dollars, sept fois plus que la paie des meilleurs Iraniens. « L’Amérique est le centre du basket-ball mondial, et le sport n’a rien à voir avec la politique », lance l’entraîneur de Saba Battery, Mehran Shahin-Tab, entre deux ordres aboyés à ses joueurs en farsi et en anglais. Sifflements et bras levés ponctuent le dribble rapide de Pitts entre quatre adversaires avant une passe à l’Américano-Dominicain Garth Joseph, 2,17 m, qui conclut par un panier. La paire assure en général la moitié des points de chaque match de Saba, en tête du championnat. « Les poches pleines » « Les Américains ont apporté l’esprit du jeu en Iran; nous apprenons beaucoup d’eux et on en constate l’effet dans nos matches internationaux », assure Karam Ahmadian, capitaine de l’équipe nationale et joueur de Saba Battery. « Le jeu est confortable, je me fais beaucoup d’argent et tout va bien », résume Pitts. Il a joué dans des équipes libanaise (Club sportif) et syrienne (al-Wehda) pendant quelques années, mais leur préfère l’Iran. « Bien sûr on ne peut pas boire d’alcool ou sortir en boîte de nuit, mais ça m’est égal, ça m’aide à garder la forme », poursuit-il. Son seul manque : sa femme et sa fille de cinq ans. « À la maison, tout le monde s’inquiète que je vive dans un pays “dangereux”, mais je leur dis qu’il est magnifique et que s’ils ne le croient pas, ils n’ont qu’à venir voir. » Il a trouvé sa place ici parce qu’il n’a pas la sienne aux États-Unis, où son âge et sa relative petite taille, 1,85 m, sont des handicaps pour jouer dans la NBA. « J’aurais de la chance si je trouvais un boulot d’entraîneur à 50 000 dollars par an ; ici, je pourrais me faire dans les 200 000 », dit-il, en espérant y passer deux ans avant de repartir « les poches pleines ». Vivant seul dans un appartement luxueux, il sait que sa femme s’adapterait mal au port obligatoire du voile et surtout à l’abandon de son métier de graphiste. Le décor de son existence est a priori hostile. « Mort à l’Amérique » est un graffiti courant sur les murs. Les liens diplomatiques avec le « Grand Satan » ont été rompus depuis la prise d’otages des membres de l’ambassade américaine en 1980. Et Washington, qui a placé l’Iran sur son « axe du mal », accuse régulièrement Téhéran de chercher à se doter de la bombe atomique. Mais tout cela laisse froid Pitts, qui, après avoir visité le pays, regrette seulement de ne pas faire profiter ses camarades de jeu de « l’hospitalité américaine ». « Allez, mec, on va se faire de la gym », lui lance, en imitant l’accent texan, son compère de jeu Behnam Afradi, avant que les deux n’échafaudent un programme de sortie pour le week-end. Sur le terrain, rien ou presque ne les distingue, sauf les imposants tatouages de Pitts, dont une croix, et des boucles d’oreille en diamants. Autant d’attributs que les joueurs iraniens sont obligés de dissimuler, au même titre que les queues de cheval et autres « signes indécents ». « C’est ridicule, on ne les a pas copiés, les champions de l’ancien temps portaient tous des tatouages », remarque Afradi. De toute façon, si quelque chose les inspire, « c’est leur excellent style », ajoute-t-il.
Ici, ce n’est pas la NBA, avec son cortège de majorettes et de stars du panier de basket-ball, mais le Texan Andre Pitts s’amuse et gagne bien sa vie comme joueur vedette de l’équipe iranienne Saba Battery.
À 36 ans, ce Noir américain n’a pas mis six mois à conquérir les cœurs des joueurs et supporteurs du champion en titre iranien, une équipe financée par une société...