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Actualités - OPINION

Commentaire Iran : le fanatique religieux et la bombe

Par Kenneth R. TIMMERMAN* Alors que se profilent à l’horizon de nouvelles négociations sur le programme nucléaire iranien, il est de toute première importance de savoir qui est le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad. Commençons par le jour où le monde a eu pour la première fois un aperçu de sa personnalité et de son programme extrémiste. C’était en septembre dernier à New-York, quand il a pris la parole dans l’enceinte des Nations unies. Soudain, il s’est senti entouré d’une lumière divine. Il a narré son expérience lors d’une rencontre avec un ayatollah de renom à Téhéran, qui a été enregistrée en vidéo. Ses paroles et des extraits de la vidéo ont été affichés sur le site Internet baztab.com, animé par des partisans du régime, favorables à une ligne dure. Selon la transcription, Ahmadinejad raconte que c’est un membre de son entourage qui le premier lui a parlé de cette lumière : « Quand vous avez prononcé « Au nom de Dieu… », j’ai vu apparaître une lumière qui vous a baigné et protégé jusqu’à la fin (du discours). » Ahmadinejad a confirmé qu’il a perçu ce phénomène. « J’ai ressenti moi-même que soudain l’atmosphère avait changé et que pendant 27 ou 28 minutes, les dirigeants qui étaient là ne pouvaient me quitter du regard… Leurs yeux et leurs oreilles étaient grands ouverts au message de la République islamique », a-t-il dit à l’ayatollah Javadi-Amoli. La « vision » d’Ahmadinejad à l’ONU pourrait être écartée comme un simple artifice politique, s’il n’avait fait une série de déclarations analogues qui montrent qu’il se voit destiné à présider à la « fin des temps », autrement dit la fin du monde, en préparant le retour du messie des musulmans chiites. Comme l’Iran poursuit un programme nucléaire qui rapproche dangereusement la République islamique de l’arme nucléaire, un dirigeant aux visions messianiques a quelque chose d’inquiétant. C’est bien le même homme qui a récemment juré d’utiliser le renouveau de la puissance iranienne pour « effacer Israël de la carte » et « détruire l’Amérique ». Le 16 novembre, lors d’une réunion à Téhéran avec d’importants membres du clergé qui étaient venus de tout le pays pour l’entendre, le nouveau président a déclaré que la principale mission de son gouvernement était « d’ouvrir le chemin à la réapparition glorieuse de l’imam Mahdi (Que Dieu approche le moment de sa réapparition) ». Le 12e imam mystique de l’islam chiite a disparu alors qu’il était un enfant en 941 et les musulmans chiites attendent, depuis, son retour. Ils croient qu’il régnera alors sur la terre pendant sept ans, et que son règne se terminera par le jugement dernier et la fin du monde. Pour préparer le retour de Mahdi, Ahmadinejad a déclaré que « l’Iran doit se transformer en une société islamique modèle, puissante et avancée ». Les Iraniens doivent « se détourner de toute école de pensée occidentale » et ne pas se laisser aller à une « vie de luxe » et à d’autres excès. Ahmadinejad est à la tête de l’Iran depuis trois mois et ses idées sur le 12e imam alimentent de nombreuses conversations à Téhéran. Selon une rumeur, alors qu’il était maire de la ville, il a préparé un plan pour que Téhéran soit prête en vue du retour du 12e imam. Il y a quelques semaines, ses collaborateurs ont démenti une autre rumeur selon laquelle il aurait ordonné à son cabinet d’écrire un pacte de loyauté avec le 12e imam et de le laisser tomber au fond d’un puits près de la ville sainte de Qom où il se cacherait. Ceux qui accordent quelque crédit à cette rumeur font remarquer que son cabinet a alloué 17 millions de dollars à la rénovation de la mosquée Jamkaran où les dévots du 12e imam prient depuis des siècles. De la même manière, selon les médias officiels, Ahmadinejad a déclaré à de hauts fonctionnaires que l’imam caché réapparaîtrait dans deux ans. Ç’en a été trop pour un parlementaire iranien, Akbar Alami, qui a publiquement mis en question le discernement d’Ahmadinejad en soulignant que même les personnages les plus respectés au sein de l’islam n’ont jamais fait de pronostics de ce genre. Alors que beaucoup de chiites vénèrent le 12e imam, un groupe de religieux influents qui formaient dans le passé une société secrète conseille aujourd’hui ouvertement le nouveau président. Ils œuvrent à transformer ces croyances messianiques en politique gouvernementale. Dirigée par Mesbah Yazdi, qui apparaît fréquemment en compagnie d’Ahmadinejad, la société des Hojatieh est considérée par beaucoup de chiites comme un groupe d’illuminés. Au début de la Révolution islamique, même l’ayatollah Khomeyni estimait leurs croyances trop extrêmes et les avait renvoyés à une semi-clandestinité. En tant que dévots du 12e imam, les Hojatieh croient que seuls de grandes épreuves vont permettre son retour. Se rapprochant en cela de Lénine qui pensait que la détérioration des conditions sociales allait favoriser la révolution, les Hojatieh estiment que seul davantage de violence, l’aggravation des conflits et de l’oppression vont permettre le retour de Mahdi. Depuis qu’il est arrivé au pouvoir en août dernier, Ahmadinejad a introduit les Hojatieh dans son cabinet et dans toute l’administration. Le ministère du Renseignement et de la Sécurité (MOIS) qui avait été mis sur la touche par l’ancien président Khatami, est réapparu en tant que force répressive puissante, avec ses agents en civil qui agissent de concert avec le groupe paramilitaire Bassij et des milices non gouvernementales pour s’en prendre aux opposants potentiels au régime. La communauté internationale se prépare à des discussions tendues avec un régime iranien qui continue à défier l’Agence internationale de l’énergie atomique au sujet de son programme nucléaire. C’est donc plus que jamais le moment d’observer ce que disent et font les dirigeants iraniens. Le monde ne peut accepter le risque de voir un fanatique religieux en position d’appuyer sur le bouton de l’arme nucléaire. *Kenneth R. Timmerman dirige la Fondation pour la démocratie en Iran (www.iran.org). Il est également l’auteur d’un livre intitulé Countdown to Crisis : The Coming Nuclear Showdown with Iran. © Project Syndicate, 2005. Traduit de l’anglais par Patrice Horovitz

Par Kenneth R. TIMMERMAN*

Alors que se profilent à l’horizon de nouvelles négociations sur le programme nucléaire iranien, il est de toute première importance de savoir qui est le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad. Commençons par le jour où le monde a eu pour la première fois un aperçu de sa personnalité et de son programme extrémiste.
C’était en septembre dernier à...