EXPOSITION « Estampes contemporaines » à la galerie Aïda Cherfan jusqu’au 31 décembre Techniques nouvelles pour de grands noms de la peinture

Sérigraphies, gravures et autres techniques nouvelles portent la signature de grands peintres contemporains. L’affichage de ces œuvres au style varié se déroule jusqu’à la fin du mois de décembre à la galerie Aïda Cherfan. Antonio Segui, Hussein Madi, Lorioz, Tobiasse, Narbey ou Manolo Valdès et d’autres peintres de la galerie. Autant de noms prestigieux qui exploitent tout en innovant les techniques picturales modernes et qui sont la preuve de la richesse et de l’étendue qu’offre l’art moderne. Le mode de gravure n’est jamais le même tant pour les uns que pour les autres. Et si certains artistes s’emploient à utiliser les méthodes conventionnelles, pour d’autres, la reproduction se subtilise en douceur devant une recherche technique approfondie. Une œuvre tactile C’est le cas de Manolo Valdès, ce peintre sculpteur qui fait ses débuts, en 1960, en fondant l’un des mouvements les plus importants de pop art en Espagne. Dans les années 80, sa peinture affranchie donne naissance à une œuvre originale et totalement autonome. Revisitant Matisse, Vélasquez, Ribera et Picasso, il parvient à prolonger les œuvres des grands maîtres qui ont marqué l’art, tout en contribuant à leur métamorphose. La texture de la surface étant le seul souci de Valdès, c’est sur toiles de jute repliées, recousues et badigeonnées de bitume et de pigments et avec des couches épaisses de peinture qu’il reprend les formes et les motifs de ces grands peintres. Techniques novatrices Une œuvre tactile, qui donne l’envie d’être touchée, caressée, issue de la vision propre de cet artiste original. Sur les gravures d’Antonio Segui, on retrouve encore une fois les hommes chapeautés qu’il affectionne tellement. « Dans mon enfance, a-t-il dit un jour, tout le monde portait le chapeau. » Lui-même ne le quittera pas, ainsi que ses personnages qui parcourent l’univers enfantin de ses lithos. Si Lorioz arrive à reproduire ses propres peintures sur toiles, en giclées, au moyen de photos haute résolution, Narbey, lui, jeune peintre venu de la Nouvelle-Zélande, signe des lithos en noir et blanc illustrant Ned Kelly, bandit de grands chemins, renommé dans son pays. Quant à Sem, il s’amuse à croquer des personnes célèbres rencontrées dans les cafés, bars ou restaurants. Une illustration très fine et délicate des années folles. À sa manière, Beryl Cook reflète, sur une série de lithos, l’image d’une certaine société anglaise. Son travail, empreint d’humour et de charme, lui a valu d’être traitée par un critique de «Rubens blagueur ». Pour sa part, Tobiasse trouve son inspiration dans la poésie et dans les récits mythologiques et bibliques. S’articulant sur le thème de la famille, ses œuvres ne sont pas sans rappeler l’univers coloré de Chagall. Par ailleurs, un travail récent de Hussein Madi atteste de la variété des techniques employées par l’artiste. Femmes aux courbes arrondies sur gravures aux traits fins côtoient en toute harmonie d’autres lithos aux teintes frappantes. C’est sans oublier le peintre tchèque Franta qui présente, sur le thème de la condition humaine, de très belles variations sur le corps humain. Des incontournables dans l’art contemporain. Et une exposition qui vaut bien le détour en cette fin d’année 2005. Colette KHALAF