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PATRIMOINE MUSICAL La fujara, flûte des bergers slovaques, résonne dans le monde

La fujara, longue flûte des bergers slovaques, fait résonner son nom dans le monde entier : cet instrument traditionnel, dont la fabrication demande une centaine d’heures, vient d’être inscrit au patrimoine immatériel de l’Unesco. Aujourd’hui, une vingtaine de maîtres artisans slovaques fabriquent encore à la main ces grandes flûtes qui se vendent entre 200 et 700 euros. L’instrument, dans lequel soufflaient les bergers pour se plaindre à Dieu de leur tristesse et de leur mélancolie, demande un patient savoir-faire, sans oublier le ramassage du bois dur de sureau ou d’érable et le temps de séchage d’environ deux ans. « Quand je ne peux pas me concentrer pleinement sur mon travail, j’arrête la fabrication par respect envers ces instruments », souligne à l’AFP Michal Filo, un des producteurs les plus réputés de ce petit pays d’Europe centrale. Cet homme de 45 ans n’en fabrique chaque année qu’une quinzaine – une dizaine de petites, quatre ou cinq longues. Car ces flûtes se trouvent en deux tailles différentes : la fujara classique mesure de 172 à 174 centimètres, les petites de 80 à 150 cm, selon M. Filo. Composée de deux parties – le tube avec trois trous dans la partie basse et le conduit d’air –, la fujara peut, par son apparence et la façon de jouer, se comparer aux flûtes des Indiens des Andes (Bolivie et Pérou) qui possèdent quant à elles cinq ou six trous et rendent un son différent. Le président slovaque et ancien président du Parlement Ivan Gasparovic figure parmi les plus grands admirateurs de cet instrument traditionnel. Il en offre aux hôtes prestigieux qui viennent visiter ce petit pays de 5,4 millions d’habitants, né de la partition de la Tchécoslovaquie en 1993. Les présidents américain George W. Bush et russe Vladimir Poutine en ont reçu une, tout comme le chef de l’État tchèque Vaclav Klaus, le président polonais sortant Aleksander Kwasniewski, ou l’ancien président américain Jimmy Carter (1977-1981). L’histoire locale veut que Jimmy Carter fut si fasciné par le son mélancolique de cet instrument qu’il demanda en 1997 à M. Gasparovic de lui envoyer une cassette de musique de fujara parce qu’il voulait étonner les invités d’une soirée en « jouant » de l’instrument en play-back, avec l’aide d’un magnétophone. Michal Filo, qui habite dans la ville de Banska Bystrica, située au centre du pays, région de la naissance de cet instrument, en joue vraiment, dans un ensemble folklorique local. Son groupe de musique et de danse, baptisé Bystrina, a visité plusieurs pays comme la France, l’Italie, la Grande-Bretagne ou la Chine. Une de ses grandes fiertés est d’avoir accueilli au son de sa flûte le pape Jean-Paul II, à son arrivée en Slovaquie en septembre 2003, avec deux autres musiciens de l’ensemble folklorique. La fujara et sa musique ont été inscrites fin novembre au patrimoine immatériel de l’Unesco, avec 42 chefs-d’œuvre comme le Ramlila, la représentation traditionnelle du Ramayana (Inde), le Kabuki (Japon) ou la mascarade des Makishi (Zambie). Cette liste, assortie d’aides, vise à la sauvegarde des œuvres vivantes (musique, danse, rituels, mythologie), des cultures et des savoir-faire menacés par l’uniformisation engendrée par la mondialisation.
La fujara, longue flûte des bergers slovaques, fait résonner son nom dans le monde entier : cet instrument traditionnel, dont la fabrication demande une centaine d’heures, vient d’être inscrit au patrimoine immatériel de l’Unesco.
Aujourd’hui, une vingtaine de maîtres artisans slovaques fabriquent encore à la main ces grandes flûtes qui se vendent entre 200 et 700...