PO - Israël envisage d’établir une « zone de sécurité » dans la bande de Gaza pour arrêter les tirs de roquettes contre son territoire Des milliers de sympathisants du Hamas marquent son 18e anniversaire à Gaza

Plusieurs milliers de sympathisants du Hamas ont bravé hier la pluie à Gaza pour participer à un rassemblement marquant le 18e anniversaire de la création de ce mouvement radical palestinien. Parallèlement, Israël a menacé d’arrêter les tirs de roquettes palestiniennes par des raids aériens et des pilonnages dans la bande de Gaza. Venus des quatre coins de la bande de Gaza, les membres et sympathisants du Hamas ont commencé à affluer sur la place du Soldat inconnu après la grande prière du vendredi, a constaté un correspondant de l’AFP. Outre la célébration de cet anniversaire, le rassemblement devait aussi constituer, selon le mouvement, un message de protestation contre « les ingérences américaines et européennes » dans les élections législatives palestiniennes prévues le 25 janvier. Un porte-parole du Hamas, Moushir al-Masri, a affirmé devant la foule que la politique musclée à l’égard des Palestiniens du Premier ministre israélien Ariel Sharon et de son ministre de la Défense, Shaoul Mofaz, avait contribué à la popularité du Hamas. « Nous disons à Sharon et à Mofaz que les assassinats, les arrestations et les agressions ont poussé notre peuple à dire plus fort “Oui au Hamas” », a-t-il déclaré. Au président américain George W. Bush, « dont l’Administration veut empêcher le Hamas de participer aux élections, nous disons: le Hamas est le choix du peuple palestinien », a-t-il ajouté. Un dirigeant du Hamas, Khalil al-Hayyeh, a pour sa part affirmé dans un discours que son mouvement n’accepterait « sous aucun prétexte » un report des législatives auxquelles il participera pour la première fois. Acronyme arabe pour Mouvement de la résistance islamique, le Hamas a été créé au début de la première intifada palestinienne, le 14 décembre 1987, par la confrérie des Frères musulmans. Depuis le début de la deuxième intifada en septembre 2000, Israël a éliminé par des assassinats ciblés des dizaines de chefs et de militants de ce mouvement responsable de nombreux attentats anti-israéliens meurtriers. Les Palestiniens condamnent les menaces israéliennes Israël a menacé hier de faire cesser les tirs de roquettes palestiniennes par des raids aériens et des pilonnages afin de faire respecter l’existence d’une zone tampon à l’intérieur de la bande de Gaza, dont l’armée israélienne a achevé son retrait en septembre. Ces roquettes artisanales ne font que rarement des victimes, mais elles peuvent avoir des répercussions de taille en politique intérieure israélienne alors même que l’État juif s’achemine vers les législatives anticipées du 28 mars, lors desquelles Ariel Sharon cherchera à se maintenir au pouvoir sous les couleurs de sa nouvelle formation, Kadima (En avant). Par ailleurs, l’armée israélienne envisage d’établir une « zone de sécurité » située dans le nord de la bande de Gaza pour éloigner les tireurs de roquettes palestiniens, rapportait hier la télévision publique israélienne. L’armée pourrait déclarer « no man’s land » le secteur situé près de la frontière, avertissant la population palestinienne qu’elle tirerait sur quiconque s’y trouverait, sans cependant réoccuper le terrain, selon cette source. Les Palestiniens ont condamné pareil plan. « Les menaces israéliennes, l’escalade et une nouvelle occupation de la bande de Gaza ne résoudront pas les problèmes. Cela en créera », a dit Saëb Erekat, négociateur de paix palestinien. Les forces palestiniennes ont quant à elles rejeté une demande israélienne d’évacuer la zone frontalière et indiqué qu’elles poursuivaient leurs propres efforts pour empêcher les tirs de roquettes. Les enjeux sont particulièrement importants pour Sharon à l’approche des législatives. Selon le dernier sondage en date, publié hier par le quotidien Maariv, son nouveau parti, Kadima, caracole toujours loin en tête avec la perspective d’avoir 40 des 120 sièges de la Knesset, mais le bloc de droite du Likoud remonte, avec 15 sièges contre 10 précédemment. Les travaillistes restent deuxièmes, mais sont en baisse avec une perspective de 19 sièges.