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Actualités - OPINION

ÉCLAIRAGE Rejet de réformes électorales à Hong Kong : une victoire à la Pyrrhus pour la démocratie

En rejetant des réformes électorales jugées trop timides, les démocrates hongkongais ont montré leur détermination face au refus de Pékin d’accorder le suffrage universel, mais à quel prix : la situation est encore plus bloquée maintenant, selon des analystes. Comme prévu, les députés démocrates ont opposé leur veto mercredi à une proposition du gouvernement local, soutenue par Pékin, qui visait à réformer le mode de nomination du chef de l’Exécutif et du Parlement. Ce projet avait été qualifié de « progrès vers la démocratie » par le numéro un de Hong Kong, Donald Tsang. Les démocrates l’avaient en revanche qualifié de demi-mesures. Le projet visait notamment à élargir le collège électoral qui désigne le chef de l’Exécutif, mais ce groupe reste acquis à Pékin, accusent les opposants. Ces derniers demandent la fixation d’un calendrier pour l’instauration pure et simple du suffrage universel, érigé en « but ultime » par la Constitution hongkongaise adoptée lors de sa rétrocession à la Chine en 1997. Lors d’une intervention télévisée exceptionnelle, Donald Tsang avait jeté toutes ses forces dans la bataille et fait clairement savoir que sa réforme, jugée trop modeste par les démocrates, allait au bout de la marge de manœuvre octroyée par Pékin. Le pouvoir communiste a déjà rejeté le suffrage universel à Hong Kong, au moins pour les prochaines échéances de 2007 et 2008. Le rejet du projet est donc un sérieux revers pour Donald Tsang, mais il ne représente pas une réelle victoire pour les démocrates. « Absolument personne ne sort gagnant », estime James Sung, politologue à l’Université municipale de Hong Kong. « Tout le monde sort égratigné : les démocrates, le gouvernement, Pékin et Hong Kong en général », juge-t-il. Joseph Cheng, politologue qui fait office de stratège du camp démocrate, reconnaît que « la situation va être plutôt difficile pour tout le monde dorénavant ». « Personne n’en sort avec un réel avantage », admet-il. La défaite législative a laissé un vide politique que chacun va s’attacher à combler. Le gouvernement local, soutenu par Pékin, « va continuer à mettre en avant les progrès réalisés en matière économique et sociale dans l’espoir d’emporter le soutien de la population », explique M. Sung. Dans une réaction à l’échec du projet de réformes, diffusée par l’agence officielle Chine nouvelle, un porte-parole du bureau de Hong Kong à Pékin a une nouvelle fois dit « espérer sincèrement » que les Hongkongais adopteront « une attitude raisonnable et réaliste ». Les démocrates vont dans le même temps « concentrer leurs efforts » sur la nomination du prochain chef de l’Exécutif, en 2007, et les élections législatives en 2008. Celles-ci ne concernent que la moitié des députés, l’autre étant désignée par des groupes acquis à Pékin. « De multiples champs de bataille vont s’ouvrir », prévoit le politologue. « Les moments à venir vont être très intéressants. » Mark McCORD (AFP)
En rejetant des réformes électorales jugées trop timides, les démocrates hongkongais ont montré leur détermination face au refus de Pékin d’accorder le suffrage universel, mais à quel prix : la situation est encore plus bloquée maintenant, selon des analystes.
Comme prévu, les députés démocrates ont opposé leur veto mercredi à une proposition du gouvernement local, soutenue par...