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CORRESPONDANCE - Des feux des autoroutes aux feux de la rampe Carl Tanner camionneur, videur puis ténor vedette

WASHINGTON-Irène MOSALLI Un conducteur de poids lourd çà siffle, çà jure et çà vocifère. Mais lorsqu’il entonne une aria de Puccini, cela relève du phénomène. C’est le cas du ténor Carl Tanner (43 ans), qui s’est récemment produit dans Turandot, monté par l’Opéra de Santa Fe et, en 2007, il sera à l’affiche du Metropolitan Opera. Des autoroutes américaines à ce lieu prestigieux, la distance a été moins longue qu’on pourrait le penser. De même qu’il ne s’est pas retrouvé dans un milieu totalement étranger car, durant ses années de collège, c’est lui que l’on choisissait pour interpréter l’hymne national avant chaque match de football. Et on lui disait que sa voix était sa fortune. Cela ne lui a pas valu pour autant des jobs en or quoi qu’ayant poursuivi des études vocales en tant que baryton et qu’un éminent professeur l’ait convaincu que sa voix était celle d’un « spinto dramatico » qui requiert des rôles tels que Don José dans Carmen et Calaf dans Turandot. En désespoir de cause, il s’inscrit à l’Académie de camionnage de la Virginie du Nord. Légèreté d’un passé de poids lourd Résultat, il se retouve, durant les années 80, en train de sillonner les routes pour une compagnie de déménagement. Pour arrondir ses fins de mois, il travaille d’abord comme chasseur de primes et dans un restaurant, où il était demandé aux serveurs de chanter des airs d’opéra. Il attire l’attention du directeur de l’Opéra de Santa Fe qui se trouvait un soir dans le restaurant et qui lui propose de l’aider à développer sa voix. Carl Tanner, le serveur-camionneur-videur, n’hésite pas à suivre cette nouvelle voie qui s’offre à lui. En deux ans, il apprend les bases de la respiration, du contrôle des muscles et l’interprétation legato qui permet de préserver la voix. Puis on l’envoie parfaire le métier dans des salles d’opéra de moindre envergure, partout dans le monde. Il fait une première percée, en 1994, dans un opéra de Pucccini peu joué, Edgar. Ainsi, bien rodé, il intègre la troupe de l’Opéra de Santa Fe et fait de bons débuts qui vont le mener loin : les grandes salles lyriques de New York, de Washington et de Montréal. En décembre dernier, il a chanté Sainte nuit à Washington lorsque la First Lady, Laura Bush, a installé un arbre de Noël sur une place publique. Dans un an, il sera à l’affiche du Metropolitan Opera dans Cavalleria Rusticana. Et il espère chanter sous la direction de Placido Domingo qui dirige l’Opéra de Washington. Il regarde vers l’avenir avec optimisme et avec la légèreté d’un passé de poids lourd. Avoir été conducteur de camion n’est nullement pesant pour lui. Il en est fier et en garde quelques souvenirs : grands éclats de rire, silhouette bien bâtie et un gros diamant au petit doigt, serti d’un bloc de platine. Il aime surtout se souvenir d’une femme qui, un jour, l’entendant fredonner un air d’opéra à un feu rouge lui lance : « C’est vous ou la radio ? Vous ? Alors, que faites-vous dans cet engin au lieu de gagner votre vie en chantant ! »
WASHINGTON-Irène MOSALLI

Un conducteur de poids lourd çà siffle, çà jure et çà vocifère. Mais lorsqu’il entonne une aria de Puccini, cela relève du phénomène. C’est le cas du ténor Carl Tanner (43 ans), qui s’est récemment produit dans Turandot, monté par l’Opéra de Santa Fe et, en 2007, il sera à l’affiche du Metropolitan Opera. Des autoroutes américaines à ce lieu...