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Actualités - CHRONOLOGIE

La résistance par les urnes

Jeudi dernier, les Irakiens – tous les Irakiens – étaient appelés à voter pour la troisième fois consécutive cette année. Ils avaient à choisir leur Parlement représentatif, le premier depuis des décennies. Déjà, le 30 janvier 2005, ils avaient élu une Assemblée nationale transitoire, principalement chargée de rédiger la nouvelle Constitution, qui a ensuite été approuvée par référendum le 15 octobre dernier. Mais l’importance du scrutin de jeudi s’est surtout reflétée par la participation record puisque seulement 30 % des électeurs ont choisi de le boycotter. Les 70 % restants avaient leur mot à dire… et ils l’ont dit à travers les urnes, en dépit des menaces d’Abou Moussab al-Zarqaoui ! Il n’y a aucun doute que chacune de ses 11 millions de voix aspirait à un nouvel Irak stable et souverain. Chacune avait aussi l’intention – déclarée ou pas – de renforcer son propre camp aux dépens des autres communautés religieuses. La situation est telle que les chiites cherchent à rester à la tête du pouvoir, les Kurdes, eux, aspirent à renforcer leur autonomie et, enfin, les Arabes sunnites, qui avaient boycotté le scrutin précédent, sont résolus à rejoindre les cercles du pouvoir et à chasser les Américains du territoire irakien. Se peut-il donc que cette résistance, celle contre l’occupation, se soit enfin (et miraculeusement) exercée dans les bureaux de vote, prenant ainsi le chemin de la démocratie ? Une voix peut frapper plus fort qu’une bombe. Une voix est beaucoup plus retentissante que l’explosion d’une voiture piégée. Reste à savoir si les insurgés contre l’occupation étrangère ont compris les règles du processus démocratique et s’ils ont décidé de les suivre, ou ont-ils juste suspendu leur action le temps d’une journée, celle de jeudi dernier ? Entre-temps, l’occupation se poursuit, et les États-Unis n’ont toujours pas l’intention de présenter un calendrier pour le retrait de leurs troupes d’Irak. Le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, a même affirmé publiquement vendredi que la guerre en Irak rendait son pays « plus sûr »… « Nous avons décidé de combattre les terroristes hors des États-Unis et non pas à l’intérieur du territoire américain », a-t-il expliqué. En somme, des dizaines de milliers de civils innocents, dont beaucoup d’enfants, ont été tués, de la manière la plus sanglante, pour la « sauvegarde » de la sécurité des États-Unis et non pas pour celle de leur propre pays. Des martyrs irakiens pour l’Amérique… Il est vrai que Washington a beaucoup apporté aux Irakiens en matière de liberté et de démocratie. La chute de Saddam Hussein, la mise en place d’une nouvelle Constitution et l’organisation d’élections libres sont grandement appréciées. Mais les Irakiens ont payé de leur sang, de leur vie (et avec leur pétrole…) cette liberté. Bien qu’elles soient un pas important vers la démocratie et la souveraineté, les législatives à elles seules ne feront pas de l’Irak un pays sécurisé. Rania MASSOUD
Jeudi dernier, les Irakiens – tous les Irakiens – étaient appelés à voter pour la troisième fois consécutive cette année. Ils avaient à choisir leur Parlement représentatif, le premier depuis des décennies. Déjà, le 30 janvier 2005, ils avaient élu une Assemblée nationale transitoire, principalement chargée de rédiger la nouvelle Constitution, qui a ensuite été approuvée par...