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Actualités - ANALYSE

ANALYSE IRAK - Les sunnites risquent de compliquer la situation au niveau politique Après le vote, le plus dur reste à faire

Le processus de transition politique élaboré par les États-Unis est pratiquement arrivé à son terme en Irak avec l’élection d’un Parlement permanent, mais le scrutin législatif n’a pas subitement balayé tous les obstacles sur la voie de la stabilisation du pays. La forte mobilisation apparente des sunnites jeudi dernier, saluée à Washington comme un progrès démocratique, risque paradoxalement de compliquer la situation au niveau politique, et les États-Unis pourraient être amenés à intervenir à nouveau pour faire émerger un pouvoir satisfaisant à la fois pour les Irakiens et pour les Américains, soulignent des experts. Les sunnites, qui fournissent une grande partie des forces rebelles, ont déposé les armes – au moins provisoirement – jeudi dans l’espoir d’obtenir satisfaction par la voie institutionnelle. De nouvelles déceptions, pour eux comme pour les autres groupes religieux, pourraient cependant plonger pour longtemps l’Irak dans la violence. « Ils vont devoir faire des compromis », a prévenu l’ambassadeur des États-Unis, Zalmay Khalilzad, qui s’attend à plusieurs semaines de difficiles négociations pour la formation du futur gouvernement. « De nombreuses étapes restent à franchir. Il est important de conserver cet élan », a-t-il déclaré à Reuters. L’amendement de la Constitution, premier test Les chiites religieux devraient rester la première force au Parlement, mais avec un poids relativement plus faible que dans la précédente Assemblée, issue d’élections boycottées par les sunnites. Alliés aux Kurdes, ils avaient pu rédiger une Constitution à leur convenance mais rejetée par les sunnites, qui la jugent trop fédérale. Pour certains, les chiites n’abandonneront pas si facilement leur position dominante et l’Assemblée passera un premier test lorsqu’elle examinera, comme convenu, les griefs sunnites contre la Constitution. « Je ne déborde pas d’optimisme », déclare Joost Hilterman, spécialiste de l’Irak au sein d’International Crisis Group. « Cela va être très difficile d’amender la Constitution », dit cet expert. « Les sunnites n’ont pas participé (aux élections) parce qu’ils se sont convertis au processus électoral, mais parce qu’ils espèrent obtenir une influence qui leur permettra de repousser ce qu’ils voient comme une poussée iranienne en Irak », ajoute-t-il, allusion à la proximité entre Téhéran et les religieux chiites irakiens. « S’ils n’obtiennent pas cela, ils vont revenir à la situation qui les a poussés où ils en sont, c’est-à-dire l’insurrection. Et cela deviendrait alors très difficile pour les forces américaines de s’en aller. » « Marginaliser ceux qui privilégient la violence » D’après un diplomate occidental en poste dans la « zone verte » fortifiée de Bagdad, les sunnites vont adopter une approche en deux temps : privilégier l’option politique sans renoncer à la violence. « Certains individus vont rester sur la réserve », analyse ce diplomate. « La tâche qui se profile consistera à marginaliser ceux qui privilégient la violence. La recherche d’un compromis sera en tête des préoccupations. » Au-delà des inquiétudes des sunnites, les députés vont aussi devoir répondre à la préoccupation majeure des Irakiens : la formation d’un gouvernement capable de ramener la sécurité et de relancer l’économie. Les pourparlers sur le gouvernement livreront de premières indications sur la détermination de chacun à parvenir à un compromis. Pour Radjaa a Bhaïech, politologue à l’Université Moustansiriah, la crainte d’un basculement dans la guerre civile sera le principal moteur de la recherche d’un compromis. « Il y aura des compromis et un partage des postes en raison de la situation générale et en matière de sécurité », dit-il. En outre, de nombreux spécialistes prédisent que les États-Unis, qui démentent officiellement soutenir un quelconque parti, tenteront de réduire l’influence des chiites religieux, jugés trop proches de l’Iran. « S’il y a un gouvernement (islamiste), le gouvernement américain restera dans une stratégie de limitation des dégâts », pense Moustafa Alani, expert irakien au Centre de recherches du Golfe. « Les Américains seront contents que les chiites participent, mais pas dans les administrations stratégiques (...). Ils ne veulent pas (...) que des individus aussi fortement liés à l’Iran contrôlent le processus de décision. » Pour Hilterman, « la question est de savoir si les partis chiites vont se laisser faire aussi facilement. Certains signes montrent qu’ils vont se battre (...). Ils ont besoin de sentir qu’ils sont encore au pouvoir ». Cet observateur pense qu’une grande coalition « serait peut-être la meilleure solution ».
Le processus de transition politique élaboré par les États-Unis est pratiquement arrivé à son terme en Irak avec l’élection d’un Parlement permanent, mais le scrutin législatif n’a pas subitement balayé tous les obstacles sur la voie de la stabilisation du pays.
La forte mobilisation apparente des sunnites jeudi dernier, saluée à Washington comme un progrès démocratique, risque...