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Actualités - REPORTAGE

REPORTAGE Safiya, la libérale, et Amira, la conservatrice, candidates aux élections

Safiya al-Souheil, la libérale, et Amira al-Baldaoui, la conservatrice, ont un point en commun : elles sont candidates sur les principales listes aux législatives de demain en Irak. Ces deux femmes, aux vues politiques très différentes, risquent de se retrouver bientôt face à face. En effet, elles sont les deux premières candidates sur leurs listes respectives et sont presque assurées d’obtenir un siège dans une Assemblée réservée à 25 % au moins, selon la Constitution, aux femmes. Elles ne sont d’accord que sur l’application de la peine de mort. « Les députées étaient à l’origine du projet de loi pour le rétablissement de la peine de mort », affirme Mme Baldaoui, membre de l’Assemblée sortante et qui se présente sur la liste conduite par le religieux Abdel-Aziz Hakim. « La femme est celle qui souffre le plus des opérations terroristes, lorsqu’elle se retrouve à la tête d’une famille qui a perdu le père ou le fils », explique-t-elle. Il fallait montrer, selon elle, que la loi est intransigeante avec les responsables de telles attaques et rétablir la peine capitale, gelée par les Américains lors de l’invasion de l’Irak en mars 2003. Mme Souheil, qui se dit activiste en faveur des droits de l’homme, partage le même avis. « Si le juge décide, de façon indépendante et transparente, d’une condamnation à mort, alors oui », dit celle qui participe aux législatives pour la première fois sur la liste menée par l’ex-Premier ministre, le laïc Iyad Allaoui. « Face au terrorisme qui existe actuellement en Irak et aux violations qui y sont perpétrées, que ce soit les meurtres, les attaques ou les fosses communes, l’Irakien n’acceptera rien de moins que la peine capitale », ajoute-t-elle. Les deux candidates se veulent également des « indépendantes », qui ont rejoint des listes importantes pour la simple raison qu’elles partagent leurs idées et leurs programmes électoraux. « Je n’ai jamais dépendu d’un parti politique. Je suis candidate sur la liste de M. Allaoui en tant que leader indépendante qui a ses propres idées », dit Mme Souheil. Ce mot revient dans la bouche de Mme Baldaoui, une « candidate indépendante » mais qui suit « la ligne politique de l’Alliance unifiée irakienne », la liste de M. Hakim. Cette conviction politique et cet enthousiasme mis à part, tout les sépare. Mme Souheil, 40 ans, au maquillage moderne et au look soigné, ne cache pas ses idées libérales. En tailleur pantalon rose, elle enchaîne les meetings électoraux et les entretiens avec la presse au quartier général de la liste de l’ancien Premier ministre, à Bagdad. Elle se rend début décembre avec M. Allaoui à Najaf et n’hésite pas, après l’attaque aux pierres et aux chaussures dont il a été la cible dans la ville sainte, à apparaître à ses côtés à la télévision pour dénoncer avec vigueur ce comportement. Épouse de l’ancien ministre des droits de l’homme, le Kurde Bakhtiar Amine, elle revendique, non sans fierté, son entrée en politique à l’âge de 13 ans, lorsqu’elle vivait en exil avec sa famille. Pour elle, les Irakiens doivent être soumis au code du statut personnel, hérité de l’époque de Saddam Hussein, mais qui peut être modifié par le Parlement pour mieux épouser les exigences du nouvel Irak. Mme Baldaoui, 49 ans, déplore que les « poids lourds » de sa liste accaparent la scène médiatique. Le ton posé, le voile bien serré sous le menton et le visage au naturel, cette enseignante à l’Université de Bagdad reçoit dans son bureau de la Zone verte, le secteur ultrasécurisé de Bagdad où siège le gouvernement. Agronome, elle a longtemps milité dans des associations civiles et a écrit plusieurs articles, notamment pour des sites Internet. Aujourd’hui, elle défend une application d’un statut personnel propre à chaque communauté religieuse du pays. La Constitution, adoptée en octobre, n’a pas tranché ce point, statuant que chaque communauté applique son propre code personnel, en attendant qu’une loi fixe la question. Joëlle BASSOUL (AFP)

Safiya al-Souheil, la libérale, et Amira al-Baldaoui, la conservatrice, ont un point en commun : elles sont candidates sur les principales listes aux législatives de demain en Irak.

Ces deux femmes, aux vues politiques très différentes, risquent de se retrouver bientôt face à face. En effet, elles sont les deux premières candidates sur leurs listes respectives et sont presque...