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DROGUE La production d’opium afghan repart à la hausse malgré la campagne d’éradication

Après avoir diminué en 2005, l’énorme production d’opium afghan, qui fournit près de 90 % du marché mondial, devrait repartir à la hausse en 2006 malgré la campagne d’éradication menée par la communauté internationale, selon de premières estimations fournies hier par l’ONU. En août, l’Agence des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC) annonçait que la production d’opium afghan avait baissé en 2005, pour la première fois depuis la chute des talibans à la fin 2001. Hier, la représentante de l’UNODC à Kaboul, Doris Buddenberg, a confirmé cette diminution, forte en surface cultivée (-21 %), mais faible en volume (-2,4 % en volume, à 4 100 tonnes) « en raison des conditions météorologiques favorables ». « Aucun pays n’a fait autant pour réduire sa production de drogue que l’Afghanistan en 2005 », a-t-elle estimé. Mais Mme Buddenberg a ajouté que cette tendance, favorisée par la campagne d’éradication de l’opium lancée par le gouvernement et la communauté internationale, devrait s’inverser en 2006. La production devrait augmenter à nouveau, « dans des proportions que nous ignorons encore », dans le Nangarhar (Est), qui était le succès majeur de la lutte antidrogue en 2005, selon la représentante de l’ONU. Deuxième région productrice d’opium du pays en 2004 (23 % de la production), le Nangarhar a vu sa production chuter de manière spectaculaire en 2005 avec une baisse de 96 % des surfaces cultivées, favorisée par l’implication dans la campagne d’éradication des autorités locales. Sans surprise, la production devrait continuer d’augmenter dans la province d’Helmand (Sud), première région productrice d’opium du pays (25 % de la production) en 2005, qualifiée de « suspect habituel » par Mme Buddenberg. La production d’opium devrait en revanche baisser dans la région de Kandahar, deuxième région productrice d’opium en 2005 (12 % du total), a-t-elle ajouté. Outre l’exportation, qui fait de l’opium afghan la source de la quasi-totalité de l’héroïne consommée en Europe, une nouvelle hausse de la production pourrait avoir des effets sur la consommation nationale, dont l’évolution préoccupe l’UNODC. Dans une récente étude, celle-ci avait estimé à 920 000, soit 3,8 % de la population afghane, le nombre de consommateurs de drogues diverses. Reste à savoir comment lutter efficacement contre l’opium, une équation à plusieurs inconnues que la communauté internationale a bien du mal à résoudre. L’argent ne manque pas : pour le seul volet des programmes de cultures de substitution destinés à faire abandonner l’opium aux paysans, qui ne comprend pas les programmes « durs » d’éradication et de répression du trafic, les pays donateurs se sont engagés à verser 490 millions de dollars sur l’année 2005. Mais « les obstacles sont nombreux », a indiqué Mme Buddenberg, citant les pressions exercées sur les paysans, qui ne touchent que 20 % des revenus de l’opium, mais reçoivent en moyenne 5 400 dollars par hectare d’opium contre 550 dollars pour le blé, et l’implication des responsables gouvernementaux dans le trafic, admise par le gouvernement lui-même.
Après avoir diminué en 2005, l’énorme production d’opium afghan, qui fournit près de 90 % du marché mondial, devrait repartir à la hausse en 2006 malgré la campagne d’éradication menée par la communauté internationale, selon de premières estimations fournies hier par l’ONU.
En août, l’Agence des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC) annonçait que la production...