Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

L’impossible voyage vers Jérusalem

Pour son traitement périodique contre l’arthrite, Tariq, 24 ans, habitant de Ramallah, doit se rendre soit à Jérusalem-Est, à 15 km et toujours dans les territoires occupés, soit à Amman, capitale de la Jordanie, quelque 100 km, $100, et une demi-journée plus loin à cause d’une frontière internationale. Le choix semblerait évident. Mais depuis qu’Israël fait bâtir le nouveau mur qui sépare son territoire et des centaines de km2 de territoire palestinien du reste de la Cisjordanie, pour Tariq et 55 000 autres Palestiniens dépendant des services métropolitains de Jérusalem, se faire soigner à l’étranger peut être plus facile et moins risqué. Une fois que la construction du mur sera achevée, cela risque en outre de devenir leur seule option. Même si le projet prévoit des portes à travers le mur, rien ne garantit que les portes soient construites ou maintenues opérationnelles, que les permis de passage entre les territoires palestiniens des deux côtés du mur soient dûment délivrés, et que les soldats israéliens honorent ces permis. Il est bien plus probable que le mur devienne une frontière unilatéralement décidée par Israël entre celui-ci et les Palestiniens. Le mois passé, quand les autorités d’occupation lui ont délivré un permis de passage pour Jérusalem après des heures d’attente, le soulagement de Tariq a été de courte durée. Il s’est vite aperçu que ce permis n’était valable que pour le jour avant son rendez-vous à l’hôpital. Une fois émis, il est de notoriété publique qu’un permis ne peut plus être changé. Pour se rendre à l’hôpital le jour suivant, Tariq a pu encore prendre le chemin des collines poussiéreuses à travers les quelques plantations d’oliviers palestiniennes qui n’ont pas encore été remplacées par des colonies, rendues inaccessibles par le mur, ou déclarées « zones de sécurité » fermées. Ainsi doivent se faufiler jusqu’à leur métropole jérusalémite des professeurs, du personnel médical, des employés dans les quelques compagnies arabes qui ont survécu aux cinq années d’intifada, des élèves et des étudiants – tous Cisjordaniens et tous vivant du « mauvais » côté du mur qui étouffe Jérusalem. Même s’ils risquent à tout moment de recevoir une balle ou d’être envoyés pour de longs mois en prison, ils continuent de le faire quotidiennement. Leur seule alternative : supplier incessamment les autorités israéliennes de leur délivrer des permis de courte durée. Ils les utiliseraient dans les trois ou quatre check-points bondés qui relient la Cisjordanie à Jérusalem, souvent après avoir fait des détours de dizaines de kilomètres, toujours au gré des soldats israéliens. Mais la voie risquée à travers les collines, d’olivier en olivier, ne restera plus pour longtemps une alternative aux couloirs de barbelés et à l’humiliation quotidienne dans les check-points israéliens. Au nom du besoin d’assurer sa sécurité contre les kamikazes palestiniens, depuis trois ans Israël construit un mur de séparation entre son territoire et les centres de population de la Cisjordanie, long de plus de 650 km, haut de huit mètres dans la proximité des villes palestiniennes, et qui serait impénétrable. M. C. et J. D.
Pour son traitement périodique contre l’arthrite, Tariq, 24 ans, habitant de Ramallah, doit se rendre soit à Jérusalem-Est, à 15 km et toujours dans les territoires occupés, soit à Amman, capitale de la Jordanie, quelque 100 km, $100, et une demi-journée plus loin à cause d’une frontière internationale. Le choix semblerait évident. Mais depuis qu’Israël fait bâtir le nouveau mur...