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ÉGypte - Contacts informels entre Washington et la confrérie islamiste Les Frères musulmans prêts au dialogue avec les États-Unis

Les États-Unis et les Frères musulmans, forts d’un député sur cinq au Parlement égyptien, se sont dit prêts à dialoguer, levant un tabou réciproque. « Nous sommes prêts au dialogue, car les Américains ont reconnu la réalité du terrain », a déclaré hier Essam el-Aryane, porte-parole de l’association islamiste interdite mais tolérée par le régime. « Nos élus représentent la nation égyptienne, et nous ne nous abstenons pas d’avoir des contacts s’ils sont dans l’intérêt de l’Égypte », a encore ajouté M. el-Aryane, en dénonçant la politique américaine dans la région. La veille, un haut responsable du département d’État, ayant requis l’anonymat, a ouvert la voie à des contacts informels avec les Frères musulmans, tout en évitant, comme le pouvoir, de les nommer par leur nom. Il avait salué la forte progression d’« indépendants » élus à l’issue des élections marquées par la violence, affirmant s’attendre à ce que les diplomates américaines les rencontrent désormais. Jusqu’à présent, ils étaient tenus à l’écart des rencontres que l’Admnistration Bush avait multipliées avec des leaders de l’opposition égyptienne, parfois au grand dam du régime du président Hosni Moubarak. La secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice avait également exclu tout contact avec la confrérie lors de son passage au Caire en juin dernier. L’attitude à adopter envers ce courant islamiste divisait depuis longtemps l’Administration américaine, qui, en poussant à la démocratisation dans le pays arabe le plus peuplé, rendait possible aussi sa percée historique. Il existe des divergences au sein du département d’État selon lui, et les ambassadeurs qui se sont succédé au Caire étaient soit en faveur de contacts avec les Frères, comme Bob Pelletreau et David Welsh, soit contre, comme Ed Walker. Une source diplomatique américaine au Caire a souligné qu’il était en tout cas exclu jusqu’à présent d’avoir de telles rencontres alors que les diplomates européens ne s’en privaient pas, mais discrètement et pas à haut niveau. Pour Hugh Roberts, directeur pour l’Afrique du Nord au centre de recherche International Crisis Group, il est cependant possible que la percée islamiste « contribue à refroidir l’enthousiasme de Washington pour la démocratisation ». Liz Cheney, chargée du dossier de la démocratisation du Proche-Orient au sein du département d’État, et fille du vice-président Dick Cheney s’est montrée aussi réticente à l’égard des Frères musulmans. Dans un entretien au magazine Rose al-Youssef, elle a estimé que leur succès électoral reflète davantage leur sens de l’organisation que leur engagement en faveur de la démocratie, « ne montrant pas d’intentions saines pour l’avenir ». Jusqu’à présent, les Frères musulmans étaient partagés entre leur désir de reconnaissance par les États-Unis, à l’influence inégalée dans la région, et leur crainte de se compromettre avec un pays qui a une mauvaise image dans les pays arabes. La France a fait savoir hier de son côté qu’elle comptait garder des contacts avec des élus « indépendants » égyptiens proches de la confrérie des Frères musulmans. Pour sa part, le PND a affirmé hier, dans une première réaction, que l’Égypte « vit dans un état merveilleux d’éveil » lui ayant permis d’obtenir la victoire aux législatives. « La victoire du PND concrétise en fait le rêve des Égyptiens » pour des réformes, affirme son secrétaire général, Safouat el-Chérif.

Les États-Unis et les Frères musulmans, forts d’un député sur cinq au Parlement égyptien, se sont dit prêts à dialoguer, levant un tabou réciproque.
« Nous sommes prêts au dialogue, car les Américains ont reconnu la réalité du terrain », a déclaré hier Essam el-Aryane, porte-parole de l’association islamiste interdite mais tolérée par le régime. « Nos élus...