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HOMMAGE Notre Mirèse…

Mirèse Akar, qui vient de nous quitter, était un écrivain. Un écrivain de race. Peu connaissaient comme elle la langue française et ses subtilités. Mais la lire, c’était aussi très vite dépasser le plaisir d’une langue épurée et formée – comme on le dit d’un fruit – pour coïncider instantanément aux résonances de sa sensibilité et à la pertinence de ses analyses qui, les unes et les autres, concernaient son domaine le plus familier : la poésie sous toutes ses formes. Poésie de la peinture (elle a été pour L’Orient et par ses chroniques sur des peintres, qu’ils fussent libanais ou étrangers, inconnus ou célèbres, une collaboratrice remarquable et remarquée); poésie de l’écriture – romans ou essais – dont ses balances très justes savaient donner la meilleure évaluation qui soit. Il faudra bien un jour que quelqu’un nous fasse une anthologie de ces précieux petits chefs-d’œuvre. À Paris, où elle s’était réfugiée pendant l’affreuse guerre du Liban (qui l’avait tellement traumatisée qu’elle n’aura jamais réussi à vaincre sa peur pour retourner voir le pays de son enfance et de son adolescence), elle avait fini par connaître tout le monde : écrivains, poètes, plasticiens, éditeurs. Elle y a travaillé comme lectrice, à part entière, comme traductrice, comme conseillère d’édition. On l’appréciait, on l’aimait – pour son charme taché de points de rousseur, pour sa désinvolture, pour son humour souvent acéré. Elle avait, en effet, le mot qui porte, le trait qui fait flèche, voilant par cette acuité même sa tendresse, sa pudeur, son immense mélancolie. Elle nous laisse, outre ses articles et quelques poèmes, un beau livre d’entretiens avec Jacques Berque, l’éminent orientaliste, paru il y a une trentaine d’années chez Stock, et cet étonnant Je ne suis là pour personne, subtil traité d’égocentrisme désinvolte autant que charmeur, paru cette année même aux éditions de la Table ronde. Une merveille. Chère Mirèse, trop tôt partie pour tout ce que tu avais encore à nous dire, tu es encore là pour beaucoup, tous ceux qui t’ont connue et aimée, et, crois-moi, tu n’es pas près de les quitter. Salah STÉTIÉ
Mirèse Akar, qui vient de nous quitter, était un écrivain. Un écrivain de race. Peu connaissaient comme elle la langue française et ses subtilités. Mais la lire, c’était aussi très vite dépasser le plaisir d’une langue épurée et formée – comme on le dit d’un fruit – pour coïncider instantanément aux résonances de sa sensibilité et à la pertinence de ses analyses qui,...