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Actualités - CHRONOLOGIE

DISPARITION Décès du compositeur Toufic el-Bacha Opus final

Le monde de la musique est endeuillé. Toufic el-Bacha s’en est allé hier à l’âge de quatre-vingts ans, tirant sa révérence au public après un long combat avec la maladie. Chapeau l’artiste. Compositeur et chef d’orchestre, el-Bacha a commencé des études à l’institut de musique de l’Université américaine de Beyrouth. Après avoir perfectionné ensuite la composition avec le professeur Bertrand Robillard, il devient, de 1951 à 1953, compositeur de la troupe Middle-East Ballet et enseignera les « mouachahat » dans un institut de musique. À ses yeux, «l’enseignement était un devoir pour tout artiste ». Un devoir sacré. Plus tard, à la suite d’un voyage en Andalousie, il revient imprégné du « mouachah » andalou, « mode coloré et rythmé, disait-il, et forme inspirée de la musique classique occidentale ». Il essaiera de perpétuer toute sa vie cette tradition que l’Orient arabe avait reçue. Très présent dans le paysage artistique libanais, sans pour autant faire de bruit, il contribua, tout comme ses amis Zaki Nassif, Assi et Mansour Rahbani, à élever le niveau de la musique et à l’instaurer dans la cour des grands. «Pilier de la tradition musicale libanaise», selon le journaliste Saad Sami Ramadan, il était non seulement compositeur et chef d’orchestre, mais président du syndicat des compositeurs et éditeurs de musique (1969 et 1986), directeur de la section musicale à la radio nationale (durant 25 ans) et président du Comité national de la musique (Unesco de 1986 à 2000). Mais il était plus, encore. Certains qui l’ont connu n’arrivent même pas à définir l’auteur de plus de quatre cent soixante chansons et de la Symphonie pour la paix (composée il y a huit ans), car il était partout. C’était une présence. De ces présences discrètes qui ne se font pas annoncer en fanfare. «Il était de ceux qui ne cessèrent jamais d’œuvrer pour la renaissance de la musique», rapporte Élias Rahbani. Dans un pays à la recherche d’une certaine identité, la musique d’el-Bacha pourrait fort bien être la sienne. May Arida, présidente du Festival de Baalbeck, avait dit un jour de ce fondateur des Nuits libanaises : « Je me souviens de Toufic el-Bacha à Baalbeck, avec Zaki Nassif et les frères Rahbani. Ils se mettaient à deux au piano : Zaki et el-Bacha, d’une part, et Assi et Mansour, de l’autre, qui exécutaient des variations musicales. » Élias Rahbani se rappelle aussi de cet irréductible qui avait un jour choisi, par foi et par passion, de faire de sa musique sa raison de vivre « Pour moi, il faisait non seulement partie du paysage musical mais de ma vie, tout comme mes frères aînés. Nos chemins se croisaient souvent. À la radio où nous travaillions tous deux à une certaine époque ou lorsque nous enregistrions des mélodies pour les séries télévisées. C’était un homme qui ne pouvait s’arrêter de composer et de créer. Par sa musique, il a réussi à ajouter une nouvelle couleur à la palette de la vie. » Apprenant la nouvelle, le ministre de l’Information, Ghazi Aridi, a rendu un hommage à « ce géant qui nous a laissés un héritage considérable ainsi qu’une véritable école musicale en la personne de son fils Abdel Rahman ». Un fils qui a tenu à préciser : « C’est un homme et un père extraordinaire, doté de principes esthétiques, moraux et humanistes exceptionnels. Il va laisser un grand vide, mais son œuvre fera partie désormais du patrimoine artistique. »
Le monde de la musique est endeuillé. Toufic el-Bacha s’en est allé hier à l’âge de quatre-vingts ans, tirant sa révérence au public après un long combat avec la maladie. Chapeau l’artiste. Compositeur et chef d’orchestre, el-Bacha a commencé des études à l’institut de musique de l’Université américaine de Beyrouth. Après avoir perfectionné ensuite la composition avec le...