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THÉÂTRE À partir de ce soir et jusqu’au 30 décembre, au Madina Antoine Kerbaje et Jihad el-Andari dans les « Variations énigmatiques » d’Eric Emmanuel Schmitt

Antoine Kerbaje et Jihad el-Andary s’approprient, à partir de ce soir, les planches du théâtre al-Madina pour donner corps aux Variations énigmatiques d’Eric Emmanuel Schmitt. Jouée en arabe (traduction de Carla Serhan), la pièce sera surtitrée en français. Dès sa création en 1996 au Théâtre Marigny à Paris, avec Alain Delon (qui n’était pas monté sur les planches depuis 1968) et Francis Huster, la pièce Variations énigmatiques a entrepris le tour du monde à un rythme d’enfer : Londres, Berlin, Tokyo, Moscou, Los Angeles, attirant les acteurs-vedettes comme un aimant. Car la pièce, portée par un formidable duo de personnages, rythmée par une électrisante succession d’imprévisibles retournements, propose un duel d’acteurs comme on en voit rarement sur scène. « Il y a, dans le répertoire dramatique, des rôles qui vous ressourcent, qui vous font l’effet d’une douche revigorante. Ceux que propose Schmitt dans ses Variations font partie de ceux-là », a indiqué Antoine Kerbaje lors d’une conférence de presse tenue hier dans les locaux du TAM. Jihad el-Andari, son jeune partenaire de scène, acquiesce. Lui qui a rencontré l’auteur de la pièce il y a quelques années lors de son passage au Salon du livre de Beyrouth se souvient d’avoir parlé de son projet d’adaptation de la pièce en arabe et d’avoir longuement discuté des non-dits dans le théâtre. L’auteur avait accueilli l’idée avec enthousiasme, émettant un souhait : « Que la mise en scène laisse des espaces blancs. » Un travail épuré donc, avec une scénographie signée Roy Dagher misant beaucoup sur la blancheur. « Le blanc peut être le vide, mais il peut signifier aussi la pureté, l’innocence, un espace vierge à remplir », indique el-Andari. Pour la mise en scène, ce sont les deux acteurs qui ont effectué des improvisations sur les Variations, pour finalement se mettre d’accord sur une « architecture à suivre ». L’histoire ? Abel Znorko, prix Nobel de littérature, brillant, corrosif, génialement misanthrope, vit en solitaire sur une île sauvage de la mer de Norvège, hanté par le souvenir d’une femme avec laquelle il a entretenu une correspondance passionnée pendant quinze ans. On comprend mal pourquoi il a accepté qu’un certain Erik Larsen, journaliste d’une obscure publication, vienne l’interviewer. Or, entre les deux hommes, les choses se compliquent rapidement, enclenchant un véritable suspense : le journaliste n’en est pas un et cette femme que Znorko a aimée devient le point d’ancrage d’un cruel et retors jeu de révélations. Sait-on jamais qui est l’être aimé ? Et comme se demande Schmitt, commentant le sujet de sa pièce : « Qui aime-t-on vraiment quand on aime ? Un corps ? Un ensemble ? L’amour lui-même ? » L’auteur ajoute que ses personnages parlent beaucoup, mais disent rarement la vérité. « Sinon, il n’y aurait pas de pièce… Une fois que mes personnages ont dit leur vérité, ils vont être contredits par la vie. Sinon, je ne signerais pas la pièce… ». Et de poursuivre : « Variations énigmatiques est sans doute la plus autobiographique de mes pièces. Comme Znorko, j’ai connu la trahison, subi les longs mensonges, l’isolement puis trouvé le refuge dans l’écriture. Comme Larsen, j’ai connu l’amour simple, modeste, au jour le jour, qui accompagne l’aimée dans la maladie jusqu’à la mort. Comme eux deux, j’ai éprouvé – subi – ces jeux de masques, ces substitutions d’identités, cet amour qui ne concorde pas forcément avec les goûts sexuels, ce trouble, cette perte de soi qui permet, ultimement, de trouver plus que soi. J’ai emprunté souvent les labyrinthes affectifs de mes deux personnages. » Variations énigmatiques bénéficie du soutien du ministère de la Culture et de la Mission culturelle française. « Quel thème peut-il être plus universel que l’amour ? » s’est interrogé Kerbaje en soulignant que cette pièce n’est nullement du « triturage » de méninges mais plutôt une formidable histoire d’amour qui s’adresse à un public très large. Acte donc. M.G.H. * Réservations au 01/753010 –11.

Antoine Kerbaje et Jihad el-Andary s’approprient, à partir de ce soir, les planches du théâtre al-Madina pour donner corps aux Variations énigmatiques d’Eric Emmanuel Schmitt. Jouée en arabe (traduction de Carla Serhan), la pièce sera surtitrée en français.
Dès sa création en 1996 au Théâtre Marigny à Paris, avec Alain Delon (qui n’était pas monté sur les planches depuis...