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Actualités - OPINION

Des mots de la politique à une politique de mots

Par Hyam MALLAT Le 8 juin 1848, Victor Hugo stigmatisait deux des grands maux qui devaient frapper le XXe et maintenant le XXIe siècle en écrivant que « le terrorisme et le communisme ne sont que l’antique attentat contre les personnes et contre les propriétés ». Le XXIe siècle aura prouvé qu’un saut qualitatif pouvait être encore franchi dans ce domaine en élevant le terrorisme au rang d’attentat contre les nations et donc de véritable transformation des sociétés et de leurs institutions. En effet, face à cette internationalisation de la violence où les innocents sont la pâture qui doit témoigner de la valeur et de la force de groupes et d’individus déterminés dans leurs idéologies, leurs visions et leurs passions et pour qui rien ni personne n’est innocent dans la société, il est clair dès lors que les lois, les mœurs, les idées, les intérêts, les esprits, les volontés, les autorités et les consciences vacillent , et cela au Liban autant qu’ailleurs et sans doute même beaucoup plus. En effet, aucune société policée ne peut désormais prétendre à la sécurité totale et encore moins se présenter en exemple aux sociétés internationales quant à ses capacités de sanctuarisation de son sol et de protection définitive de ses citoyens. Le discours politique a changé, car il ne s’agit plus d’affirmer mais d’affermir, de revendiquer mais d’exécuter, de se justifier mais de réussir. Et c’est pourquoi le discours politique libanais – et même proche-oriental – mérite quand même, face à cette montée des tensions dans notre Proche-Orient – et peut-être cette descente aux enfers pour certains –, quelques considérations. Il faut être singulièrement aveugle, sourd et particulièrement ignorant de l’histoire et des hommes pour nier les répercussions des interférences étrangères dans la politique libanaise. Le malheur des petits peuples – surtout quand ils sont situés à des intersections historiques comme c’est le cas du Liban – est de supporter les avatars, les humeurs, les retournements et les indécisions des politiques et des hommes des puissances aux prises avec leur propre tourmente. Les événements historiques et politiques libanais témoignent bien de cette difficile cohabitation entre la revendication nationale affichée à voix haute par les politiciens en mal d’indépendance et leurs tractations discrètes et souterraines avec les forces du moment pour des recettes à l’huile bien assorties à leur réussite. Dès lors, la revendication relative à une élection présidentielle indépendante de toute interférence étrangère ne peut être malheureusement considérée jusqu’à présent que vantardises politiques. Nous disons bien malheureusement, car il est incontestable qu’on ne peut que souhaiter l’accès à une autonomie de décision politique qui caractériserait l’élévation même de la société politique. Cela dit, et face aux interrogations et à l’anxiété de la société politique libanaise et orientale, on ne peut que rappeler que l’accès au pouvoir passe par l’un des deux moyens reconnus démocratiquement et constitutionnellement, à savoir les élections ou la cooptation. Et dans l’un et l’autre cas, il faut savoir si les citoyens trouvent leur compte en étant au centre des préoccupations, des intérêts et des soucis de ceux qui sont élus ou cooptés. C’est au travail à la fraction et non à l’unité que se justifie la bonne politique – et ses succès. Et là, il faut bien reconnaître que le Liban est bien doté pour disposer dans sa panoplie d’un stock appréciable de problèmes sans solution. En avançant cela, nous ne pensons pas uniquement aux grands problèmes liés à l’urbanisation sauvage, l’électricité non assurée, l’eau non distribuée, les déchets non traités, les interrogations en matière d’éducation, de recherche scientifique, de garanties sociales et médicales… mais également à cette naïve question de la production du pain dont les composantes du prix suscitent régulièrement soucis et revendications. Certes, à défaut d’avoir des réponses aux problèmes de chaque jour, nombre de politiciens et de publicistes libanais disposent de solutions de rechange pour le Proche-Orient et même plus loin, et ils n’hésitent pas à distribuer conseils et avis à tous ceux qui le leur demandent et même à ceux qui ne le leur demandent pas. Gardons-nous toutefois que les mots de la politique qui constituent véritablement engagement et dévouement à la chose publique ne se transforment irrémédiablement en politique quotidienne de mots sans effet, utilité ou gravité.
Par Hyam MALLAT

Le 8 juin 1848, Victor Hugo stigmatisait deux des grands maux qui devaient frapper le XXe et maintenant le XXIe siècle en écrivant que « le terrorisme et le communisme ne sont que l’antique attentat contre les personnes et contre les propriétés ». Le XXIe siècle aura prouvé qu’un saut qualitatif pouvait être encore franchi dans ce domaine en élevant le terrorisme...