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Actualités - CHRONOLOGIE

MOMENTS INSOLITES - L’endroit par qui le scandale arrive Résonnant comme un « Crystal »

« To be or not to be » au Crystal, telle est la question existentialiste que se posent les victimes de la mode nocturne, et elles sont nombreuses, en programmant leur soirée. Dès les premières semaines qui ont suivi son ouverture, en juin 2003, la rumeur n’a cessé d’enfler autour de ce bar-restaurant, destination incontournable de Beyrouth by night, qui n’a pas froid aux yeux. Les histoires les plus extraordinaires sont dites, répétées, quelquefois exagérées, avec points d’exclamation et de suspension en écho. Même pour du « Crystal », il n’y a pas de fumée sans feu. C’est l’endroit où il faut être, au moins une fois. Le passage obligé des stars internationales et locales. Flavio Briatore, Rony Saïkaly, Elsa Benites, Jamel Debbouz, Amro Diab, Haïfa Wehbé, Nancy Ajram, Élie Saab, Mireille Mathieu, Garou ou encore Marc Lavoine ont eux aussi succombé à la tentation. La presse internationale l’a répertorié parmi les meilleurs clubs du monde… Ceux qui le critiquent y vont également, pour voir, pour y croire, pour être à leur tour la star de la soirée. Une star sacrée aux bulles de champagne pétillant d’orgueil. L’idée, choquante pour beaucoup, mais une idée de génies, quatre génies qui ont le business dans le sang, s’est construite autour de cet ego insensé que les Libanais aiment à flatter à outrance. Dany Khairallah, Mazen el-Zein, Jad Matta et Ronald Homsy, réunis autour du « Circle Management Group », ont l’habitude de concevoir des projets « clef en main ». Des projets tels le Sky Bar, le Sunset Room, le Métis, le Kitchen et le Crystal, et dont ils sont également partenaires. « Nous avons voulu, confie Ronald, créer un endroit jet-set, voyant, qui ressemble aux clubs “underground” des années 50 et 60. Mais avec ce quelque chose en plus qui le fasse sortir du lot. » Le bûcher des vanités Vendredi soir, minuit trente. Les voitures, alignées à l’extérieur, donnent une idée de ce qui nous attend. « Les samedis, nous confirme le voiturier, nous refusons du monde tant la foule est nombreuse. » Au bar du Crystal, relooké depuis quelques mois, les habitués et leurs amis arrivent en grappes de plus en plus nombreuses. La soirée débute au champagne, boisson favorite de l’endroit, ce nectar des plus puissants a fait sa réputation. « L’idée de départ, nous confie Ronald Homsy, était que celui qui achète une bouteille de champagne 9 litres, qui vaut 3 000 dollars, est traité d’une manière privilégiée. » En effet, lorsque la bouteille est commandée, la musique s’arrête, cédant la place à un air spécifique pour l’occasion. Portée par deux serveurs, sous des projecteurs qui permettent de suivre son itinéraire jusqu’au très privilégié client, et accompagnée d’un feu d’artifice, elle arrive à destination de l’acheteur ravi. « Nous avons touché le point faible de l’Oriental. Il s’agit pour lui de paraître le meilleur, dans une ambiance de qualité. » Pendant de nombreux mois, l’heureux individu pouvait s’enorgueillir d’avoir son nom affiché sur un tableau, à l’entrée du bar. La plaque changeant de couleur en fonction du nombre de bouteilles achetées. Bienvenue à ce club très privilégié… Mais au bout d’un moment, ce n’était plus assez. Il a fallu monter la provocation d’un cran. Ils ont osé… « Au mois de mai, à la veille de changer de décor, nous avons proposé aux clients, durant la soirée, de tout casser. » Adieu chaises, tables, vaisselle, bon sens et pudeur… Pour leur défense, les 4 complices répondent : « Nous proposons et les gens suivent… Nous pensons, poursuivent-ils, participer à notre façon à l’économie du pays. Tous les étrangers qui viennent deviennent des clients. Et nous versons, chaque année, un certain pourcentage aux associations caritatives. » Dernière trouvaille Dans ce nouveau décor post-« soirée je casse tout » inspiré des années 70, il a fallu, à nouveau, proposer quelque chose de plus. Chatouiller l’orgueil, souvent mal placé, de nos compatriotes. Une fois de plus, l’idée a marché : « Nous avons créé une table qui occupe la place privilégiée au Crystal, poursuit Ronald Homsy. Celle d’où l’on voit tout et tous et celle qui est vue par tous. Et qui est évidemment réservée des semaines à l’avance. » À plus d’une heure du matin, ce vendredi soir, elle n’attend plus que son heureux locataire, et nous aussi ... Juste à côté, un coffre en métal, sponsorisé par un grand bijoutier local, attire l’attention des amateurs que nous sommes encore, comme parachutés en terre inconnue. « Dans le coffre, qui appartient à cette table, le client peut trouver une bouteille de champagne, une bouteille de vodka et une bouteille de whisky très haut de gamme. » Pour plus de 3 500 dollars le coffret, on comprend alors, ou du moins on essaye de comprendre, que le client fasse son entrée – très remarquée – vers deux heures du matin. Flonflons, trompettes, une escorte à ladite table, et une indescriptible fierté dans le regard. C’est, nous dit-on, tous les soirs, le clou de la soirée… Alors, que dire de tous ces excès, ici et ailleurs, dans ce pays de tous les excès ? Et Homsy de répondre : « 4 000 bouteilles de champagne 9 litres sont vendues chaque année dans le monde. Nous en avons vendu 250 ! » Et de rajouter : « Nous venons d’ouvrir un Crystal à Dubaï. » Même formule, même démesure, à la demande des clients qui ne s’en lassent pas et, pire encore, en demandent encore plus… Carla HENOUD
« To be or not to be » au Crystal, telle est la question existentialiste que se posent les victimes de la mode nocturne, et elles sont nombreuses, en programmant leur soirée. Dès les premières semaines qui ont suivi son ouverture, en juin 2003, la rumeur n’a cessé d’enfler autour de ce bar-restaurant, destination incontournable de Beyrouth by night, qui n’a pas froid aux yeux. Les...