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Actualités - OPINION

Libaniser l’élection de Miss Liban

Ouvrir la télévision au Liban pour voir ce que l’on ose appeler encore une émission de divertissement ressort du miracle. D’abord il n’en existe quasiment plus, entre les émissions politiques, les nouvelles et autres subtilités socio- économiques. Ensuite, les rares sitcoms qui mettaient un semblant d’ambiance ont soudainement disparu de nos écrans, sauf « nos » téléfilms mexicains qui, somme toute, permettent aux simples d’esprit de réaliser que la vie peut être beaucoup moins catastrophique qu’elle n’y paraît dans notre pays, surtout quand on voit les crises existentielles de ces feuilletons aux scénarios répétitifs. On en viendrait presque à regretter Dallas ou, pis, The Bold and the Beautiful. La dernière tendance est d’allumer nos écrans les vendredis soir pour assister à l’élimination des candidates au titre de Miss Liban. Le concept est novateur cette année : au lieu de laisser le public les dépecer pendant 24 heures comme l’année précédente, ce qui a marqué les consciences, on a eu l’ingénieuse idée de nous faire assister à leur massacre en direct pendant cinq représentations où elles se dandinent sur un podium vantant les mérites des centres de repos pour personnes âgées, de la nature et de la jeunesse défavorisées, bref les éternels thèmes récurrents à la mode. Ces trois thèmes nous permettent de larmoyer l’espace de quelques millièmes de seconde avant de faire l’amer constat qu’avant d’être candidates, nos ingénues avaient oublié qu’il existe des personnes âgées, abandonnées par leur famille, et des enfants à qui elles refusaient l’achat d’une boîte de Chicklets en leur refermant au nez la vitre de leur 4x4. Mais bon, la magie de la télévision fait changer bien des filles qui remettent leurs passions en question en leur permettant de se voir déjà en ambassadrices de l’Unicef. Autre erreur capitale. Déjà l’année passée, l’élection de Nadine Noujeim avait fait l’objet de vives critiques et les mauvaises langues n’avaient pas chômé, notant que si la demoiselle avait été élue, c’était grâce aux voix arabes. Rebelote cette année ! Nos chers voisins ont le droit de participer au vote. Mais il y a une légère modification au programme : le vote est ouvert aussi aux étrangers non arabes. C’est la classe ! C’est à se demander si nous élisons Miss Liban, Miss Arabie ou Miss monde. Je ne vois pas pourquoi nous octroyons le droit aux pays arabes de participer à un vote qui ne les concerne pas. Encore que l’on pourrait prétendre qu’ainsi, on laisse le loisir aux Libanais de l’étranger de choisir leur représentante. Mais la raison est loin d’être convaincante. Certes, l’opération marketing est énorme. Mais nous oublions aussi qu’il faut nous libaniser un peu plus dans ce choix de la beauté libanaise… Évidemment, mon avis compterait peu, mais je trouve qu’une libanisation de l’événement serait souhaitable, car je ne pense pas que les étrangers savent ce qu’est la vraie beauté libanaise comme les Libanais de pure souche. En tout cas, on ne peut pas tout concilier. Il faut juste espérer que ces lacunes seront comblées un jour. Jean-Paul MOUBARAK
Ouvrir la télévision au Liban pour voir ce que l’on ose appeler encore une émission de divertissement ressort du miracle. D’abord il n’en existe quasiment plus, entre les émissions politiques, les nouvelles et autres subtilités socio-
économiques. Ensuite, les rares sitcoms qui mettaient un semblant d’ambiance ont soudainement disparu de nos écrans, sauf « nos » téléfilms...