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« Chaque matin qui se lève est une leçon de courage »

«Chaque matin qui se lève est une leçon de courage » C’est le titre d’un livre de Jean-Edern Hallier. Pas beaucoup de rapport avec May Chidiac, il est vrai. C’est pourtant à cette phrase que j’ai pensé quand je l’ai vue à la télévision, resplendissante, combative, immaculée. Du courage, oui, car il en faut. Qu’ils se rassurent, ils ont raté leur coup. Qu’ils se rassurent, je suis encore pleine de ressources. Qu’ils se rassurent, je serai bientôt de retour. Ça prendra le temps qu’il faudra. On me remettra un bras par-ci, une jambe par-là. Que la science joue son rôle, autant que faire se peut. Je suis prête à tous les sacrifices. Ce qui ne me tue pas me rend plus fort(e) (Nietzsche). Forte d’une protection divine qui me rend, qui rend le Liban libre tout entier, hors de portée. Une leçon aussi. Pour les terroristes, les lâches, les traîtres, les fourbes, les criminels. Pour ceux, incapables de dialogue, qui ne connaissent d’autre langage que la violence. Qu’ils apportent, en guise d’unique réponse, à la liberté de penser, à la liberté d’être différent, à la liberté d’afficher ses convictions. Une belle leçon, oui, pour ceux qui ne traitent la nation libanaise renaissante (est-elle jamais morte ?) que par le mépris. « On vous a surpris, hein ? » disait un slogan célèbre du 14 mars 2005. Pas suffisamment, semblait-il. Ils ne voulaient décidément pas comprendre (les mauvaises langues disent qu’ils sont lents). Espérons que cette fois, ils auront enfin compris. Grâce à cette expérience, douloureuse mais salvatrice, parce que unique en son genre (presque aussi unique que l’expérience de vivre plus d’une vie, dont l’impossibilité est tant déplorée par Kundera dans L’insoutenable légèreté de l’être). Car en effet, May a survécu parce qu’elle a pu naître à nouveau. Et, osons le dire, cette « martyre vivante », comme on aime à dire souvent au Liban, a pour elle de ne pas être controversée, comme pourrait l’être un Marwan Hamadé ou un Élias Murr (qui, eux aussi, cibles et victimes d’attentats innommables, jouissent de cette qualification peu enviable au demeurant). De surcroît, elle a pour elle d’être une femme, libre et pétillante de féminité, dans un Orient (trop) souvent hostile à l’égalité des sexes et à l’épanouissement des femmes dans la société. D’être journaliste aussi, c’est-à-dire par définition désintéressée et mue, obnubilée par le seul désir d’informer. D’être engagée enfin, comme le sont les personnes civilisées (qui sont, comme chacun sait, à l’antipode des barbares), c’est-à-dire par la pensée, par la plume et par la parole. Une leçon, enfin, pour tous ceux qui, comme moi, vivent hors du Liban. « J’ai eu beaucoup de propositions pour aller travailler à l’étranger, nous dit-elle, et je suis restée. » Elle a payé cher sa résistance, sa ténacité. Mais elle a gagné. May, sans qu’une telle pensée l’ait effleurée, nous incite à avoir un peu honte de nous-mêmes, de notre éloignement, de notre exil. Plus positivement, sa force inébranlable et exemplaire nous donne envie de rentrer au pays et de nous battre à notre tour. Avec élégance, avec grâce, avec distinction. À la manière de May Chidiac. Élias R. CHÉDID NewYork

«Chaque matin qui se lève est une leçon de courage »
C’est le titre d’un livre de Jean-Edern Hallier. Pas beaucoup de rapport avec May Chidiac, il est vrai. C’est pourtant à cette phrase que j’ai pensé quand je l’ai vue à la télévision, resplendissante, combative, immaculée. Du courage, oui, car il en faut. Qu’ils se rassurent, ils ont raté leur coup. Qu’ils se...