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Actualités - ANALYSE

Éclairage L’Arabie saoudite brise enfin le tabou du sida

Le royaume ultraconservateur d’Arabie saoudite, où près de 11 000 cas du virus HIV ont été enregistrés, parle désormais ouvertement de cette question jadis taboue, au moment où le gouvernement et l’ONU lancent des campagnes de sensibilisation. Aujourd’hui à Djeddah, à l’occasion de la Journée mondiale du sida, des ambulances sillonneront les rues de cette ville de l’ouest du royaume pour distribuer des brochures « contenant des informations sur le sida et des réponses aux questions les plus fréquemment posées », a déclaré Abbas Filemban, directeur de l’hôpital King Saud et coordinateur du programme de lutte contre le virus pour la ville. Depuis que le premier cas de sida a été diagnostiqué en Arabie saoudite, en 1984, 10 924 personnes ont contracté le virus dans le royaume, dont 2 005 Saoudiens et 8 919 étrangers, selon un responsable du ministère de la Santé. Un tiers des personnes contaminées sont mortes depuis. Les hommes sont trois fois plus contaminés que les femmes, et la plupart des cas sont recensés dans la région de la Mecque et Djeddah « car il y a beaucoup d’étrangers là-bas », affirme le responsable Khaled Marghlani. Et selon le ministère, 1 111 personnes, dont 262 Saoudiens, ont été testées positives au virus HIV en 2004. Toutefois, explique Mayssam Tamim, coordinatrice du Programme de développement de l’ONU (UNDP), nombre de cas de contamination ne sont pas recensés, certaines personnes craignant la « stigmatisation » et même « de perdre leur emploi ». Les étrangers sont réticents à aller se faire dépister de peur d’être expulsés du royaume si leur cas est rapporté aux autorités après un test positif, ajoute Mme Tamim, qui réalise des ateliers de travail sur le sida avec des adolescents à Ryad. Selon Khaled Marghlani, l’Arabie saoudite n’a pas de politique d’expulsion des étrangers contaminés. Toutefois, chaque personne venant travailler dans le royaume ne doit pas être porteuse du virus, en vertu de son contrat de travail, et peut être renvoyée dans son pays dans le cas où elle a caché sa maladie. Près de six millions d’étrangers vivent en Arabie saoudite sur une population totale de 22,6 millions. Le sida et les droits de l’homme sont des sujets qui ont été au centre d’une conférence organisée par le ministère de la Santé et l’ONU à Ryad les 26 et 27 novembre, mais Mme Tamim a regretté la faible affluence enregistrée. Le quotidien The Saudi Gazette a également déploré le peu d’intérêt des Saoudiens sur ces questions, affirmant en une: « Tout le monde s’en fout. » Afin de sensibiliser la population, le ministère de la Santé, qui a lancé un programme national de contrôle du sida, mène une campagne dans les 2 000 centres de santé du pays à l’aide d’affiches et tente d’éduquer la population sur la maladie, insiste M. Marghlani. Tous les hôpitaux sont équipés pour traiter les cas de sida, et il existe quatre cliniques spécialisées dans le pays, ajoute-t-il, précisant que les traitements étaient gratuits. « Il est certain que le tabou du sida est en train d’être brisé. Le gouvernement gère le problème de manière transparente », souligne Mme Tamim. Une partie de la population de ce royaume conservateur est cependant persuadée que la seule parade efficace au sida est l’application stricte des principes de l’islam. « Cette croyance a mené les gens à un faux sentiment de sécurité », déplore la responsable de l’ONU. Lydia GEORGI/AFP

Le royaume ultraconservateur d’Arabie saoudite, où près de 11 000 cas du virus HIV ont été enregistrés, parle désormais ouvertement de cette question jadis taboue, au moment où le gouvernement et l’ONU lancent des campagnes de sensibilisation.

Aujourd’hui à Djeddah, à l’occasion de la Journée mondiale du sida, des ambulances sillonneront les rues de cette ville de l’ouest...