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Actualités - CHRONOLOGIE

FESTIVAL DU CINÉMA EUROPÉEN - Le film de Gilles Porte et Yolande Moreau ce soir, à 22h30, Empire II-Sofil «Quand la mer monte», ou quand le désir vous porte

César 2005 du meilleur premier film et César de la meilleure actrice pour Moreau, « Quand la mer monte » est un film écrit et réalisé à quatre mains, signé Gilles Porte, chef opérateur photo, et Yolande Moreau, comédienne sachant allier gravité et humour. Un bol d’air frais dans la morosité du quotidien. Une œuvre délicieuse, sans aucune prétention sinon à faire rêver le spectateur. À ne pas rater. Irène (Yolande Moreau) est en tournée dans le Nord de la France pour Sale affaire, un one-woman-show qui l’oblige constamment à être sur la route, loin de sa famille, qu’elle aime. Dans ce road-movie où le quotidien de la comédienne (qui n’est plus très jeune) est jalonné par les rencontres, elle y croise Dries (Wim Willaert), un porteur de géants flamand, avec qui elle vivra une belle histoire d’amour. Quand la mer monte ne se résume pas seulement à cela. Il narre le temps qui passe en laissant des meurtrissures sur la peau d’une femme sans pourtant en émousser les désirs qui peuvent monter à tout instant, tel une marée. Et peu importe si celle-ci redescend et que l’histoire est sans lendemain, «on s’en fout», dira Irène. Un entre-deux À partir du spectacle intitulé Sale affaire, que Yolande Moreau jouait dans les années 80, Gilles Porte, en compagnie de la comédienne qu’il connaît depuis quinze ans, a pu construire la trame du film. «Ce n’est pas un spectacle filmé, rectifie l’actrice bruxelloise, mais celui-ci intervient dans le film comme support pour mieux mettre en évidence la vie réelle. » «Certaines séquences, ajoute Porte, sont tirées des vrais spectacles joués par Moreau dans les années 80. Les salles de public et les applaudissements sont vrais et non pas mis en scène. Ces séquences permettent par leur côté “live” d’opposer un certain réalisme à d’autres plus oniriques. » D’où le caractère d’entre-deux de l’œuvre. Tout se passe entre deux. Entre un spectacle et un autre. Entre deux vins rouges. Entre fiction et réalité, coulisses et planches, masque et visage à nu. Entre deux âges, où la femme bascule tout d’un coup dans l’incapacité de séduire. Et aussi, entre la France et la Belgique. «Une histoire de frontières, précisera donc Gilles Porte, ou plutôt d’alternances. » Lui… Portant plusieurs casquettes, Gilles Porte devient en 1989 assistant opérateur sur des films de Jacques Audiard, Marcel Carné, Maroun Baghdadi, Patrice Chéreau… Passant par la suite à la réalisation de courts-métrages, il devient opérateur de prise de vues en 1996 avec Généalogie d’un crime de Raoul Ruiz, puis directeur de la photo sur des courts et longs-métrages. Pour le premier film dont il signe la réalisation, Porte a tenu auparavant à bien baliser le terrain .« Nous nous retrouvions Yolande et moi entre deux tournages, avec ce désir immense de raconter une grande histoire d’amour, dit-il . Et à chaque fois, au cours de repérages au Nord de la France (qui auront duré cinq ans), nous répétions la même question : que veut-on dire par cette scène ? » C’est durant ces allers-retours, au milieu de peupliers penchés ou sur une plage à l’état brut ; dans une raffinerie ou un atelier de construction de géants (coutume propre à la Belgique et au Nord de la France) ; au milieu d’une fanfare et parmi les gens de là-bas si chaleureux ; dans le plat pays de Brel ou comme sur une toile de Bruegel bercés par la chanson du film, signée Raoul de Goedwaervelde. C’est tout au long de ces concertations que le directeur photo, devenu réalisateur pour le film, et l’actrice au timbre de voix particulier et au jeu minimaliste vont apprendre à se connaître et à confronter leurs avis. « À deux, nous devenions plus forts » dira Moreau. Elle… Elle, Yolande Moreau, n’est pas inconnue du paysage scénique. Longtemps comédienne dans un théâtre pour enfants, elle rejoint en 1989 la compagnie Jérôme Deschamps où elle sera connue plus particulièrement pour ses sketches des « Deschiens ». Sans toit ni loi, Germinal ou Le bonheur est dans le pré, autant de films où elle joue des rôles secondaires mais où elle se fait connaître du grand public par son humour à la fois grinçant et grave. Consacrée meilleure actrice aux Césars 2005, Yolande Moreau admet que c’est une reconnaissance de la profession mais que rien n’est acquis par ailleurs. Dans cette œuvre cinématographique qu’elle interprète, coécrit et coréalise, elle est ce rappel nostalgique d’une délicieuse Massina de La Strada. Les cheveux en couettes et garnis de boucles donnent à cette femme d’âge mûr une allure de petite fille en désir d’amour, de monde de l’enfance et qui rêve encore avec pudeur d’un chevalier. Et qui fait rêver avec elle. Colette KHALAF
César 2005 du meilleur premier film et César de la meilleure actrice pour Moreau, « Quand la mer monte » est un film écrit et réalisé à quatre mains, signé Gilles Porte, chef opérateur photo, et Yolande Moreau, comédienne sachant allier gravité et humour. Un bol d’air frais dans la morosité du quotidien. Une œuvre délicieuse, sans aucune prétention sinon à faire rêver le...