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Actualités

La jeunesse arabe tiraillée entre el-Qaëda et les clips vidéo musicaux

La propagande du réseau terroriste d’el-Qaëda et les clips vidéo musicaux sont en concurrence pour appâter une jeunesse arabe partagée entre extrémisme et occidentalisation et qui cherche encore sa voie. « Nos sociétés sont en transition et sont instables. Nous sommes à la recherche de notre identité », affirme Ahmed al-Rubiy, un réformateur et ancien ministre koweïtien de l’Éducation. Des millions de téléspectateurs arabes ont suivi, il y a quelques jours sur leurs écrans, les aveux de l’Irakienne Sajida al-Richawi, épouse de l’un des trois kamikazes de la branche irakienne d’el-Qaëda, auteurs des attentats d’Amman qui ont fait 60 morts le 9 novembre. La tête couverte d’un foulard islamique, Sajida a montré sa ceinture bourrée d’explosifs qu’elle dit n’avoir pas pu actionner. Elle a été arrêtée par les forces de sécurité jordanienne. Les attentats contre trois hôtels à Amman ont suscité un débat en Jordanie sur « la nécessité de lutter contre le culte du martyre » et des commentateurs ont appelé à la télévision les sympathisants des insurgés irakiens à revoir leurs positions. Un réformateur estime, pour sa part, que « les régimes oppressifs » dans la région ont poussé les jeunes arabes « désenchantés » à adopter l’idéologie d’el-Qaëda ou, paradoxalement, à flâner dans les cafés en regardant des clips vidéo. « Nous n’avons pas de canaux d’expression politique et sociale modérés », estime cheikh Abdel Aziz al-Qassem, un religieux modéré résidant à Ryad. « À cela s’ajoute une politique économique défaillante, l’inégalité, la corruption et la colère contre les États-Unis pour leur guerre en Irak et leur appui à Israël », affirme ce cheikh, emprisonné par les autorités saoudiennes pendant quatre ans dans les années 90. Parallèlement à la popularité d’al-Jazira, la chaîne de télévision qatariote qui a diffusé des messages vidéo du chef d’el-Qaëda Oussama Ben Laden, de nombreux jeunes arabes se tournent vers les chaînes de musiques, florissantes. Des cafés de Damas à ceux de Dubaï, des écrans géants diffusent en boucle des clips vidéo de chanteurs arabes, en majorité libanais et égyptiens. Et une chanteuse libanaise, Dominique, ondule à l’écran vêtue d’un bikini. Rotana, un groupe du magnat et membre de la famille royale saoudienne, al-Walid ben Talal, est le plus important distributeur de musique arabe. « Nous devons tempérer la manière de penser de nos jeunes », déclare un porte-parole de Rotana, Abdel Latif al-Chalabi, dont le groupe possède six chaînes satellitaires diffusant musique et films. Rotana, qui a établi ses studios à Beyrouth et y a lancé une académie pour des stars en herbe, est accusée par les extrémistes d’exploiter le sex-appeal de chanteuses, comme la libanaise Haïfa Wehbé, pour faire monter l’audimat.
La propagande du réseau terroriste d’el-Qaëda et les clips vidéo musicaux sont en concurrence pour appâter une jeunesse arabe partagée entre extrémisme et occidentalisation et qui cherche encore sa voie. « Nos sociétés sont en transition et sont instables. Nous sommes à la recherche de notre identité », affirme Ahmed al-Rubiy, un réformateur et ancien ministre koweïtien de...