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Les analystes comparent déjà le Premier ministre israélien à de Gaulle Le « sharonisme » est né…

Trente ans après avoir fondé le Likoud, Ariel Sharon l’a quitté cette semaine avec fracas bien qu’assuré de garder le pouvoir, donnant du même coup naissance à un nouveau concept : le « sharonisme ». Ce séisme politique laisse une droite chancelante qui se cherche un nouveau chef, et une gauche qui compte sur un syndicaliste chevronné, Amir Peretz, pour conquérir le pouvoir le 28 mars. Pour empêcher ce dernier d’y parvenir et la droite de panser ses plaies, M. Sharon, 77 ans, a déjà annoncé la couleur : ce sera lui et lui seul contre ses rivaux au cours d’une campagne qui s’annonce « personnelle ». « Cela fait soixante ans que je suis au front », a lancé M. Sharon en annonçant la création de Kadima, « en avant » en hébreu. Et d’embrayer, en affirmant, le sourire jubilatoire, qu’il comptait bien rester aux commandes pour un troisième mandat. « Il est son propre message », estime le quotidien Haaretz. Ce qui signifie que le Premier ministre veut se présenter à l’électorat comme « l’expert qualifié de l’intérêt national ». Une approche qui a un air de « déjà-vu » pour Nahum Barnéa, chroniqueur vedette au Yediot Aharonot, pour qui M. Sharon marche sur les traces de Charles de Gaulle. « Le parti sharoniste, écrit M. Barnéa, va envoyer le Likoud et les travaillistes dans les choux. » « De la même façon qu’après de Gaulle, les gaullistes sont restés au pouvoir en France, comme Jacques Chirac, les sharonistes régneront en Israël après Sharon », explique le commentateur. « Et de la même façon que le gaullisme est l’idéologie dominante en France, le sharonisme sera l’idéologie dominante en Israël », observe-t-il. De fait, le parti Kadima, qui fait trembler aujourd’hui la scène politique israélienne, est celui d’un seul homme, comme le fut le Rassemblement pour la France (RPF) fondé en 1947 par de Gaulle. Le règlement interne de Kadima stipule que Sharon en est le chef, le principal candidat aux élections législatives et qu’il choisit la composition de la liste du parti à la Knesset. Comme de Gaulle, M. Sharon est une très forte personnalité, un général charismatique, un nationaliste capable de s’adresser à son électorat avec des accents populistes. En quittant son parti en vue de l’élection du 28 mars, alors que tous les sondages le donnaient vainqueur à l’avance, Sharon a pris un risque considérable de se retrouver sur la touche, à l’instar de ses prédécesseurs, comme David Ben Gourion et Moshe Dayan, qui tentèrent eux aussi l’expérience d’un nouveau parti. Mais pour parvenir à ses principales fins, autrement dit redessiner « unilatéralement » les frontières d’Israël, comme il a commencé à le faire en évacuant la bande de Gaza, M. Sharon devait se donner la liberté de manœuvre dont il était privé à la tête du Likoud, verrouillé par son aile dure. Les sondages semblent pour l’heure lui donner raison, la totalité d’entre eux lui concédant le plus grand nombre de voix face à la gauche travailliste et à la droite du Likoud. Quatre mois avant l’élection, le parti sharoniste, qui a tenu jeudi sa première réunion plénière à Tel-Aviv sous la bannière « Sharon, un leader fort pour la paix », est ainsi crédité d’au moins 30 sièges sur 120, les travaillistes de plus de 25 (contre 22 actuellement) et le Likoud de moins de 15 contre 40 dans le Parlement élu en janvier 2003. Dans cette hypothèse, aucun parti ne dispose de la majorité nécessaire pour former un gouvernement et la reconduction d’un gouvernement d’union Sharon-travaillistes paraît la plus probable, selon les analystes.

Trente ans après avoir fondé le Likoud, Ariel Sharon l’a quitté cette semaine avec fracas bien qu’assuré de garder le pouvoir, donnant du même coup naissance à un nouveau concept : le « sharonisme ». Ce séisme politique laisse une droite chancelante qui se cherche un nouveau chef, et une gauche qui compte sur un syndicaliste chevronné, Amir Peretz, pour conquérir le pouvoir le 28...