Le chef de « La Paix maintenant » candidat travailliste à la Knesset Le nouveau parti de Sharon se réunit, le Likoud prépare la relève

Le nouveau parti du Premier ministre israélien Ariel Sharon tenait hier sa première réunion plénière à Tel-Aviv, alors que ses anciens compagnons du Likoud préparaient sa relève en vue des élections programmées pour le 28 mars. Parallèlement, le nouveau chef travailliste israélien Amir Peretz a renforcé son image de pacifiste en recrutant hier le chef de « La Paix maintenant » parmi ses candidats à la Knesset. La nouvelle formation de M. Sharon a été officiellement inscrite hier en matinée dans le registre des partis politiques à Jérusalem sous le nom de Kadima (en avant). Kadima participera aux prochaines élections générales anticipées, prévues le 28 mars, sous le slogan : « Sharon, un leader fort pour la paix ». La vice-ministre de l’Intérieur Ruhama Avraham, qui a rejoint les rangs du nouveau parti, a qualifié dans une interview à la radio l’établissement de cette formation du centre-droit d’« historique ». « Plus de rébellion, plus d’intrigues politiques. Ce qui compte, c’est le bien de l’État », a-t-elle ajouté en allusion aux luttes internes qui déchirent le Likoud, dont une partie des députés hostiles au retrait de Gaza s’étaient rebellés contre M. Sharon. Outre M. Sharon, 14 membres de son ex-parti, le Likoud, qui se sont ralliés à lui, ainsi que l’ancien travailliste Haïm Ramon. Ébranlé par le départ de M. Sharon, le Likoud (droite nationaliste) a pour sa part réuni son comité central et a décidé à Tel-Aviv, lors d’un vote à main levée, que le parti tiendra ses élections primaires le 19 décembre. L’ancien ministre des Finances et bête noire de M. Sharon, Benjamin Netanyahu, le ministre de la Défense, Shaoul Mofaz, et celui des Affaires étrangères, Sylvan Shalom, sont les principaux prétendants à la succession de M. Sharon à la tête de la grande formation de droite. Les sondages prédisent généralement une baisse de moitié du nombre des sièges du Likoud à la Knesset lors des élections générales, alors que Kadima pourrait remporter une trentaine des 120 sièges du Parlement. M. Mofaz a pour sa part pris à partie M. Netanyahu, donné comme favori pour prendre les rênes du parti. « En tant que ministre des Finances, il a causé du tort à beaucoup de citoyens en Israël et il nous faudra plusieurs années pour réparer les dégâts », a-t-il dit au Yediot Aharonot. « Les membres du Likoud sont assez intelligents pour comprendre qui peut leur apporter la victoire. Ils réalisent que “Bibi” causera la perte de la moitié de nos sièges à la Knesset », a-t-il ajouté. La date des élections anticipées a été officiellement fixée au 28 mars par décret présidentiel. Le scrutin était prévu originellement pour novembre 2006. Jusqu’au 8 décembre, M. Sharon pourra nommer de nouveaux ministres par intérim sans avoir à obtenir l’aval du Parlement, où il n’a plus une majorité. Parallèlement, le nouveau numéro un travailliste israélien, Amir Peretz, a renforcé son image de pacifiste en recrutant hier le chef du principal mouvement pacifiste de son pays parmi ses candidats aux élections législatives anticipées du 28 mars. Yaariv Oppenheimer est devenu hier l’une des « colombes » les plus en vue du Parti travailliste, que son mouvement « La Paix maintenant » a dans le passé souvent vivement critiqué pour sa politique de soutien à la colonisation dans les territoires occupés. « J’ai décidé aujourd’hui d’être candidat à la Knesset, et la raison de mon choix est l’élection de Amir Peretz » à la tête du Parti travailliste, a déclaré M. Oppenheimer. « Amir Peretz fait partie du camp de la paix en Israël. Ses vues politiques sont semblables aux miennes », a-t-il ajouté. « Le Parti travailliste va œuvrer à la promotion du processus de paix et de négociations avec les Palestiniens. C’est ce qui compte le plus », a-t-il encore dit en estimant que le Parti travailliste a beaucoup avancé depuis l’échec des efforts de paix de son ex-Premier ministre Ehud Barak en 1999. M. Peretz a par ailleurs réussi à rallier à sa cause l’ex-chef du Shin Beth (sécurité intérieure) Ami Ayalon, lui aussi un pacifiste notoire. M. Ayalon a lancé avec l’universitaire palestinien Sari Nousseibeh un plan de paix alternatif entre Israéliens et Palestiniens, « La Voix du peuple », qui a été approuvé dans une pétition signée par 400 000 Israéliens et Palestiniens. Reddition d’un chef du Jihad en Cisjordanie Sur le terrain, l’armée israélienne a obtenu hier à Jénine la reddition de l’un des chefs du Jihad islamique en Cisjordanie, au terme d’un siège de 20 heures, a-t-on appris de sources proches des services de sécurité palestiniens. Iyad Abou el-Rob, chef de l’organisation islamiste à Jénine, et l’un de ses collaborateurs se sont rendus alors que les forces israéliennes commençaient à pilonner et à détruire un bâtiment dans lequel ils s’étaient retranchés mercredi. D’après les médias israéliens, el-Rob est l’organisateur présumé de l’attentat commis en octobre à Hadera, dans le nord d’Israël, qui a coûté la vie à six personnes. Au cours du raid effectué à Jénine, les soldats israéliens ont tué un Palestinien et en ont blessé 12 autres mercredi en tentant de disperser des lanceurs de pierres. Le Fateh désigne ses candidats aux législatives Par ailleurs, le Fateh, parti au pouvoir de l’Autorité palestinienne, doit désigner aujourd’hui ses candidats aux élections législatives de janvier, lors de primaires qui se dérouleront dans une partie de la Cisjordanie. Le mouvement a en effet annoncé hier soir que ces primaires ont été reportées dans l’ensemble de la bande de Gaza en raison de « l’insuffisance des préparatifs » pour la tenue du scrutin. Quelque 500 000 membres inscrits du Fateh, mouvement du leader palestinien Mahmoud Abbas, ont théoriquement le droit de voter lors de ces primaires pour choisir, parmi quelque 800 prétendants, les 132 candidats du mouvement aux législatives du 25 janvier. Parmi les candidats aux primaires figurent notamment Marwan Barghouthi, un chef de l’intifada emprisonné en Israël, l’homme fort de la bande de Gaza et ministre des Affaires civiles Mohammed Dahlane, le ministre des Affaires étrangères, Nasser el-Qidwa, et le conseiller sécuritaire de M. Abbas, Jibril Rajoub.