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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - Un auteur, dénonciateur de tous les faux-semblants Les « famille je vous hais » de Christophe Donner

Il a une bouille un peu lunaire, Christophe Donner: teint très pale, yeux bleus, la boule à zéro… Et quelque chose de l’enfance bien qu’il frôle la cinquantaine! Quelque chose de l’enfance dans ce goût de la provocation et cet esprit de rébellion qui donnent souvent à ses écrits un parfum de scandale. Dénonciateur, Christophe Donner. Mais pas délateur. Plutôt investigateur, déterreur de vérités. Pour cet auteur, qui « ne comprend pas que l’on puisse écrire sur autre chose que sa propre vie», toutes les vérités sont bonnes à dire. Même – et surtout! – celles qui égratignent sa propre famille. Et celles qui démystifient «les deux mythologies vampirisantes du XXe siècle que sont la psychanalyse et le marxisme». Entre une mère psychanalyste, qui n’a pas su deviner les hallucinations tactiles dont il souffrait petit, et un père militant communiste, Christophe Donner est, dit-il, « bien placé pour montrer comment ces idéologies inefficaces naissent et agissent sur l’individu. Comment un psychanalyste peut parler de théories freudiennes et être complètement fermé à la réalité du monde, à la simplicité d’un échange humain, à l’amour filial, à la parole simple ou à la générosité…». Les théories vampirisantes Il ne mâche pas ses mots, Christophe Donner. Dans ses romans aux titres éloquents: L’Esprit de vengeance (1991), L’empire de la morale (2001), Ainsi va le jeune loup au sang (2003), il raconte, implacable, cru et incendiaire, l’enfance insurgée, la désagrégation familiale, les pertes de repères, et dans Bang! Bang! (sorti cette année chez Grasset) la déchéance d’une star. «Ce dernier est une petite friandise dans mon œuvre, dit-il. C’est un de mes livres qui m’est le plus étranger. Alors que pour moi l’engagement littéraire est dans l’autobiographie. Mais il y a néanmoins ma façon de regarder les gens et certains personnages qui viennent de ma vie et de mon expérience.» En l’occurrence, Christine Bravo, que l’auteur a connue et qui lui a inspiré le personnage central du livre. Cette Martine Victoire, exubérante et vulgaire, star déchue qui devient animatrice d’émissions télé et qui continue, malgré tous ses excès, à fasciner les foules. Les aristocrates du petit écran C’est ce statut de demi-dieux, qu’ont aujourd’hui les figures du petit écran, qui est à l’origine de ce roman. «Je cherche à y montrer comment ce sont ces gens-là – les célébrités qui passent à la télé – qui possèdent aujourd’hui le vrai pouvoir. Et comment ils sont en train de le transmettre de père en fils, de façon totalement illégitime, créant ainsi une sorte de caste. Ils jouissent de privilèges comme c’était le cas de la noblesse à l’époque de la monarchie.» Un parallèle issu des recherches que Christophe Donner mène depuis près de trois ans sur Louis XVII, en préparation de son prochain roman. «Il ne s’agit pas seulement d’une énième biographie du fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette, le petit roi mort au temple à l’âge de dix ans. La tâche immense que je me fixe là est de montrer la Révolution française par les yeux de cet enfant victime sacrificielle de la politique de son époque». Défi que ce romancier, à la fois chercheur de vérité et très proche des enfants – il est également auteur d’ouvrages de jeunesse –, prend, contrairement au précédent, très à cœur. «Ce livre est très important pour moi», assure cet homme au caractère paradoxal en dépit – ou à cause? – de ses nombreux centres d’intérêt. Passionné de courses hippiques et d’images, Christophe Donner, qui, après avoir été chroniqueur hippique au journal France Soir, acteur – notamment dans What a Flash, «l’ancêtre du “Loft”» sorti en 1971 – monteur de films, se consacre aujourd’hui à l’écriture romanesque et à celle de chroniques littéraires au Monde, à l’univers du turf ainsi qu’à son épouse libanaise! Dans L’influence de l’argent sur les histoires d’amour, un court roman (paru en 2004 chez Grasset), il écrit: «La plus grande catastrophe qui puisse arriver à un turfiste c’est de rencontrer une femme et de se marier. C’est ce qui m’est arrivé. La peur s’est installée et la honte de perdre.» Sincère et autobiographique comme toujours. Zéna ZALZAL
Il a une bouille un peu lunaire, Christophe Donner: teint très pale, yeux bleus, la boule à zéro… Et quelque chose de l’enfance bien qu’il frôle la cinquantaine!
Quelque chose de l’enfance dans ce goût de la provocation et cet esprit de rébellion qui donnent souvent à ses écrits un parfum de scandale.
Dénonciateur, Christophe Donner. Mais pas délateur. Plutôt investigateur,...