Rechercher
Rechercher

Actualités

Le SMSI impuissant face à la censure Le sommet de Tunis se conclut sur une promesse d’aide aux pays pauvres

Le Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) a bouclé hier trois journées de travaux à Tunis avec une promesse des pays riches d’aider le monde en développement à monter dans le train de l’informatique et des télécommunications. Mais le débat sur la censure ne s’est pas terminé pour autant. Le SMSI aura accueilli plus de 18 000 participants du monde politique, économique, associatif et des médias, ce qui en fait le plus grand sommet jamais organisé par les Nations unies. Après trois jours de débats sous très haute sécurité au Palais des expositions de la capitale tunisienne, les 170 pays représentés ont formellement adopté en fin d’après-midi un « Engagement de Tunis » sur la liberté d’expression et un « Agenda de Tunis pour la société de l’information ». Ce dernier détaille le plan de bataille arrêté par la communauté internationale pour résorber la fracture numérique Nord-Sud. Mais à la grande déception du monde en développement, les pays riches ont refusé de se lier les mains par une contribution obligatoire à un Fonds de solidarité numérique, qui doit permettre aux pays pauvres de s’équiper à moindre coût. Par ailleurs, le débat sur la censure de l’Internet entre les régimes qui emprisonnent les « cyberdissidents » et les défenseurs de la liberté d’expression est demeuré à l’issue du SMSI. L’avocat iranienne Shirin Ebadi, prix Nobel de la paix 2003, qui représentait la société civile, a fustigé les gouvernements qui, « sous prétexte de sécurité nationale ou de lutte contre la corruption morale et le commerce illégal, installent des filtres sur les accès à l’Internet ». Elle s’adressait aux dirigeants d’une cinquantaine de pays, dont plusieurs sont accusés de bannir toute critique de leur régime sur la toile. L’association Reporters sans frontières (RSF) mentionne notamment la Tunisie sur une liste de « quinze pays ennemis d’Internet » où les sites critiques envers les gouvernements sont bloqués (Belarus, Birmanie, Chine, Cuba, Iran, Libye, Maldives, Népal, Corée du Nord, Arabie saoudite, Syrie, Turkménistan, Ouzbékistan, Vietnam). « La société de l’information est impensable sans liberté », a affirmé le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, alors que le sommet s’est conclu sur un « Engagement de Tunis » qui, prudemment, juge « nécessaire de prévenir toute utilisation abusive des ressources et technologies de l’information à des fins criminelles et terroristes, les droits de l’homme étant respectés ». Mais comme l’explique le chercheur canadien Nart Villeneuve de l’Université de Toronto, « le filtrage peut aussi se faire grâce à des logiciels tout à fait légaux, à partir de mots-clés repérés dans l’adresse ou même dans un article du site ». Le filtrage par mot-clé, utilisé notamment pour lutter contre la pédophilie, le terrorisme ou des appels à la violence, peut conduire à censurer de manière très étendue, quitte à bloquer des sites qui n’ont rien de répréhensible, même aux yeux des censeurs. « C’est le cas du site du skieur français Richard Gay qui, à cause de son nom, n’est pas accessible depuis la Tunisie » sous prétexte de lutte contre la pornographie, souligne M. Villeneuve.

Le Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) a bouclé hier trois journées de travaux à Tunis avec une promesse des pays riches d’aider le monde en développement à monter dans le train de l’informatique et des télécommunications. Mais le débat sur la censure ne s’est pas terminé pour autant.

Le SMSI aura accueilli plus de 18 000 participants du monde politique,...