Israël lance un appel d’offres pour la construction de logements dans les colonies de Cisjordanie Sharon envisage de créer son propre parti pour battre les travaillistes aux élections anticipées

Ariel Sharon pourrait décider dans les prochains jours de quitter le Likoud pour créer un parti plus au centre qui lui donnerait de meilleures chances de battre le nouveau numéro un travailliste Amir Peretz. Par ailleurs, Israël a lancé un appel d’offres pour des logements en Cisjordanie. Ce scénario, que des conseillers du Premier ministre israélien lui recommandent de réaliser, s’est précisé avec l’annonce jeudi par MM. Sharon et Peretz de la tenue d’élections législatives anticipées entre fin février et fin mars, alors que la législation actuelle s’achève normalement en novembre. La totalité des journaux faisaient hier d’ailleurs leurs manchettes sur l’imminence de la décision de M. Sharon relative à la création d’un nouveau parti, étant fortement contesté par le camp des durs de son parti qui ne lui pardonnent pas le retrait de la bande de Gaza. Mais aucun des quotidiens, pas plus que les commentateurs politiques, n’étaient cependant en mesure de prédire quelle décision le Premier ministre prendra au cours du week-end qu’il doit passer dans sa ferme du Néguev (Sud) avec ses proches. Interrogé par la radio publique sur un éventuel départ de M. Sharon du Likoud, Ehud Olmert, vice-Premier ministre et ministre des Finances, s’est contenté d’un évasif « je ne sais pas ». Selon un responsable qui a requis l’anonymat, à la tête de cette nouvelle formation, M. Sharon « sera en mesure de concéder aux Palestiniens 75 % de la Cisjordanie ». « S’il dispose de la force politique suffisante, il sera même prêt à accepter la création d’un État palestinien de l’autre côté de la barrière de sécurité, ce qui permettra d’avoir 80 % des colons vivant sous contrôle israélien », a-t-il poursuivi. En attendant, Israël a lancé des appels d’offres pour la construction de logements et d’infrastructures dans deux des plus grandes colonies juives de Cisjordanie, ont rapporté hier les médias. L’administration des terres domaniales a lancé jeudi des appels d’offres pour la construction de logements dans 13 lotissements dans la colonie de Maalé Adoumim à l’est de Jérusalem, précise le quotidien Haaretz. Dans le même temps, le ministère du Logement a publié des appels d’offres pour la construction d’infrastructures à Maalé Adoumim ainsi que dans les implantations d’Adam et Ariel, dans le nord de la Cisjordanie, selon la même source. Aucun commentaire sur ces appels d’offres n’a pu être obtenu dans l’immédiat de source officielle. Un autre conseiller, cité par l’édition en ligne du Yediot Aharonot, estime que « grande est la tentation de quitter le Likoud. Les sondages sont bons, mais c’est une décision qui fait très, très peur ». M. Sharon est en effet depuis 1977, date d’arrivée de la droite au pouvoir, l’un des piliers du Likoud. Pour Akiva Eldar, commentateur politique au quotidien Haaretz, la création d’un nouveau parti centriste à ce stade est cependant un impératif pour M. Sharon. « S’il reste au Likoud, il aura à sa droite Benjamin Netanyahu, à sa gauche le faucon Uzi Landau, et dans son dos les partis de droite religieux. Il sera paralysé sur le plan politique et ne pourra pas progresser sur le dossier palestinien », explique l’éditorialiste. « En revanche, en créant un nouveau parti, il va marcher sur les plates-bandes travaillistes, établir une plate-forme plus consensuelle et rafler la mise », ajoute-t-il. Un sondage publié par le quotidien Yediot Aharonot confirme largement cette analyse. Si M. Sharon fonde un nouveau parti, il sera le premier chef de gouvernement israélien en exercice à entreprendre une telle démarche. En 1965, David Ben Gourion, qui n’était plus Premier ministre, avait quitté le Parti travailliste pour créer le Rafi avec Moshé Dayan et Shimon Peres, ne récoltant que 8 sièges. Les commentateurs politiques considèrent que la période la plus probable pour la tenue des élections se situe à partir de la troisième semaine de mars, notamment pour des raisons dues au calendrier religieux juif. En outre, un député arabe israélien, Talab el-Sana, rentré d’une visite à Damas, a déclaré que la Syrie voyait comme un « changement positif » l’élection d’Amir Peretz, considéré comme un modéré, à la tête du Parti travailliste en Israël, et estime qu’il pourrait devenir un partenaire pour la paix. Le député a affirmé que sa visite en Syrie lui a valu à son retour des ennuis avec les autorités israéliennes, qui considèrent la Syrie comme un pays ennemi et interdisent à leurs citoyens de s’y rendre.