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Actualités - CHRONOLOGIE

Washington rejette les conditions posées par les Nations unies L’ONU renonce à inspecter Guantanamo, faute d’accès libre aux prisonniers

Les inspecteurs des Nations unies sur la torture ont renoncé hier à se rendre sur la base américaine de Guantanamo, à Cuba, faute d’avoir obtenu de Washington l’autorisation de parler librement aux prisonniers. « En l’absence d’acceptation par les Américains des standards minimum pour une telle visite, nous sommes contraints de renoncer » à une inspection prévue le 6 décembre, a ainsi déclaré le rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, Manfred Nowak. « Cela aurait créé un précédent désastreux », a-t-il ajouté. M. Nowak a précisé que l’annulation de cette visite ne remettrait pas en cause la rédaction par son équipe d’un rapport sur les conditions controversées de détention sur la base cubaine, lequel sera présenté au commissaire des Nations unies pour les droits de l’homme en mars. Mardi, il avait déjà indiqué être « en mesure d’évaluer la situation sur la base de témoignages », tout en jugeant « préférable » une inspection sur le terrain. Dans un communiqué diffusé à Genève hier, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU a jugé « particulièrement décevant que le gouvernement américain, qui a régulièrement souligné son attachement aux principes d’indépendance et d’objectivité dans les procédures d’enquête, n’ait pas été à même d’accepter » les conditions de ses enquêteurs. M. Nowak a aussi rappelé qu’il avait accepté de limiter ses investigations à une seule journée au lieu de trois et de dépêcher trois rapporteurs au lieu de cinq, comme c’est l’usage. Les inspecteurs de l’ONU, qui souhaitent se rendre à Guantanamo depuis avril 2004, avaient donné à Washington jusqu’à jeudi minuit pour accepter leur cahier des charges, qui stipulait de pouvoir s’entretenir en tête à tête avec les détenus, pour la plupart des membres présumés des talibans et d’el-Qaëda capturés en Afghanistan fin 2001. Mais mardi, les États-Unis ont refusé ce qu’ils ont qualifié d’« ultimatum » et estimé « suffisant » que l’ONU n’ait qu’un accès limité aux prisonniers. Le refus par les États-Unis d’autoriser une inspection dans les règles était toutefois « prévisible », selon Philippe Moreau Desfarges, chercheur à l’Institut français des relations internationales à Paris. « Toute la démarche de Washington à Guantanamo a précisément été d’en faire une zone de non-droit » fermée par nature aux inspecteurs, rappelle ce chercheur. Dans le collimateur des inspecteurs de l’ONU, le gouvernement Bush a par ailleurs subi lundi un revers avec la décision d’un juge fédéral américain d’ajourner le premier procès d’un détenu devant un tribunal militaire d’exception, dans l’attente que la Cour suprême se prononce « de manière définitive » sur cette question.
Les inspecteurs des Nations unies sur la torture ont renoncé hier à se rendre sur la base américaine de Guantanamo, à Cuba, faute d’avoir obtenu de Washington l’autorisation de parler librement aux prisonniers. « En l’absence d’acceptation par les Américains des standards minimum pour une telle visite, nous sommes contraints de renoncer » à une inspection prévue le 6 décembre, a...