Rechercher
Rechercher

Actualités

TÉMOIGNAGE Lucien Dahdah, une vie bien remplie

Il y a deux ans disparaissait Lucien Dahdah. Claude F. Sawaya, qui fut le directeur général de Télé-Orient, évoque ici son souvenir. Muni d’un bagage académique impressionnant (études de droit et de lettres, sciences économiques et politiques), Lucien Dahdah rêvait d’être diplomate. Il fut propulsé à la tête de la diplomatie libanaise. Sa mission accomplie, il décida lui-même du moment opportun de renoncer aux «trente occupations» (sic) tenues avec brio durant sa carrière politique et professionnelle. Le sourire constamment aux lèvres, sa faconde, sa modestie, son charme, sa joie de vivre se combinaient pour lui conférer ce charisme et ce fair-play qui formaient son image de marque. Il gagnait le respect et l’attention de ses pairs et de ses collaborateurs de la télévision et des entreprises qu’il a dirigés grâce à l’intérêt qu’il leur portait. Son visage était expressif au plus haut degré. Il réservait une affection particulière pour les talents. «Ils sont le carburant qui fait marcher une chaîne de télévision, disait-il. Il faut donc les traiter avec égard car ils communiquent notre image aux téléspectateurs.» Lucien Dahdah était un éminent pionnier de la télévision libanaise (1961-1968). Il avait initié de nombreuses «premières» qui continuent de marquer de nos jours encore la programmation, la publicité et la vente des programmes libanais dans les pays arabes. Sous son mandat, Télé-Orient(*) était très vite devenue pour nombre de responsables de chaînes arabes le passage obligé pour leur approvisionnement en programmes libanais et pour la formation de leurs cadres. À l’instar des chevaliers des temps anciens, il lui est arrivé de mettre sa vie en danger et sa carrière en jeu. Agissant en ombudsman intègre et juste, il défendait ses collaborateurs quand il leur arrivait d’être injustement menacés dans leurs fonctions. Longtemps après son départ, il était resté le protecteur dans l’ombre de Télé-Orient, au grand dam de la concurrence. Et il ne quitta cette chaîne qu’une fois assuré de sa suprématie sur le marché libanais et arabe, veillant à ce qu’il en soit ainsi jusqu’à la fin de sa licence d’exploitation (1977). Sa carrière, il l’entama à l’Office de la reconstruction en 1956, avant de la poursuivre dans les médias de 1961 à 1970, puis dans les finances et la politique entre 1970 et 1993. Il lui restait une mission, chère à son côté bon vivant. Fort de son appartenance à de nombreuses confréries françaises de gastronomie et de taste-vin, il créa donc l’Académie de la gastronomie libanaise, dont l’élite des cordons bleus et des fins gourmets libanais étaient membres. Beyrouth retrouvait ainsi un éclat que lui auraient envié Apicius, Tavel et Taillevent. Juste parmi les justes, bon vivant parmi les vivants, Lucien Dahdah, tu nous manques. Claude F. SAWAYA (*) Compagnie de télévision du Liban et du Proche-Orient SAL (Télé-Orient, canaux 5 et 11).

Il y a deux ans disparaissait Lucien Dahdah. Claude F. Sawaya, qui fut le directeur général de Télé-Orient, évoque ici son souvenir.
Muni d’un bagage académique impressionnant (études de droit et de lettres, sciences économiques et politiques), Lucien Dahdah rêvait d’être diplomate. Il fut propulsé à la tête de la diplomatie libanaise. Sa mission accomplie, il décida...