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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITIONS À la galerie Aïda Cherfan, jusqu’au 2 décembre Nadia Saïkali entre l’épiderme et le cœur de la terre

Temps immobiles et plages mouvementées. Bleus statiques et rouges volcaniques. Geysers d’émotions jaillis des œuvres de Nadia Saïkali. À fleur de peau et à « peau de la terre », comme elle le dit, elles sont accrochées jusqu’au 2 décembre, à la galerie Aïda Cherfan. Quant à savoir que signifie le titre de son exposition «Géodésie, géodermie», elle répondra que le premier terme existe dans le dictionnaire et désigne la science et la recherche de la terre en tant que globe terrestre et cœur de la planète, ainsi que la mesure des territoires. Elle ajoutera tout simplement qu’elle a inventé le mot «géodermie» pour exprimer sa vision poétique de l’épiderme de la terre. Ensuite elle conclut, le plus simplement du monde, qu’elle a souhaité intituler ainsi son exposition – après ce travail effectué entre 2002 et 2005 –, pour aider le spectateur ou le lecteur de ses œuvres à se retrouver dans les méandres de ses couleurs et le labyrinthe de ses humeurs. Diplômée des Beaux-Arts de Beyrouth, de l’École nationale des arts décoratifs (Paris) et ayant fréquenté l’atelier Henri Goetz de l’académie de la Grande Chaumière ainsi que plusieurs ateliers de vitrail et mosaïque, de fresque ou de sérigraphie, Nadia Saïkali partage depuis 1998 son temps entre le Liban et la France, après avoir enseigné pendant plusieurs années. Des empreintes aux structures géologiques Une identité affirmée, qu’elle tiendra dans la paume de sa main en signant, dans les années 80, une exposition représentant ses empreintes. Celle-ci est immédiatement suivie d’une autre, intitulée «Body empreintes», qui durera un an. «À la suite de ces expériences, j’ai réalisé que ma peau ressemblait aux structures géologiques. Cela a donc été le point de départ d’une série de recherches basées sur mes connaissances académiques et mes sensibilités artistiques», souligne l’artiste. Un univers à la fois cosmique et issu des tréfonds de la terre, dont elle se veut l’écho sans aucune prétention géopolitique. Dans ces espaces de couleurs, baignés de lumière, les plans déclinent en douceur, en un camaïeu nuancé. Compositions abstraites, puisant ses sources dans le figuratif. Seul le contraste des teintes complémentaires assure les limites optiques et le dessin en mouvement. Si leur luminosité suggère, par moments, un Matin bonheur, leurs aplats statiques font appel aux Temps et aux Voyages immobiles. Par ailleurs, les hachures au couteau, tantôt larges et espacées, tantôt minces et serrées, font jaillir de l’écorce du globe terrestre ainsi que du cœur de la toile les Bourrasques et autres turbulences. Géodésie et géodermie En harmonie avec la terre et en perpétuelle interaction, l’art cinétique de Nadia Saïkali reflète son vécu. «La terre n’est pas, dit l’artiste, un magma inerte. Tout comme la vie humaine, elle sent et vibre.» Comme sur une peau de tambour, sa tristesse résonne en foudre et tempêtes, et sa joie en soleil et lumière. «Je réalise, poursuit-elle, que les hommes et les événements agissent comme le climat. Après la colère et les drames viennent le calme et la paix. D’autre part, ils s’amusent à fixer des territoires et des frontières.» La notion du temps est essentielle dans les toiles de l’artiste, qui s’isole souvent par nécessité artistique. Temps immobile, propre à l’univers oriental, ou en mouvement, il emporte Nadia Saïkali vers des destinations inconnues. Dans cet ondoiement de couleurs à l’orée du rêve, dans cette envolée plus réaliste que lyrique, elle redessine, avec ses propres textures dermiques, son propre cosmos. Colette KHALAF

Temps immobiles et plages mouvementées. Bleus statiques et rouges volcaniques. Geysers d’émotions jaillis des œuvres de Nadia Saïkali. À fleur de peau et à « peau de la terre », comme elle le dit, elles sont accrochées jusqu’au 2 décembre, à la galerie Aïda Cherfan.

Quant à savoir que signifie le titre de son exposition «Géodésie, géodermie», elle répondra que le...