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CONCERT - À l’amphithéâtre Aboukhater (USJ) Bel canto à la russe avec Nina Hawi

Public restreint par un temps plutôt grincheux avec les premières pluies. Pourtant, le moment musical réservé par le Conservatoire national supérieur de musique sur sa lancée des concerts organisés les mardis soir était intéressant par sa rareté. Trente minutes de bel canto en texte russe, voilà qui est bien inhabituel sur nos scènes inondées de performances pianistiques, orchestrales ou «bel cantistes» surtout verdiennes... Sous les feux de la rampe de l’amphithéâtre Aboukhater (USJ), deux femmes pour traduire une palette d’émotions à travers la beauté de la voix humaine accompagnée du piano. Au clavier Arminé Abajian Basmadjian, dans une longue jupe satinée, rehaussée d’un bustier au décolleté orné d’une broderie dorée, et magnifique avec une auréole de cheveux blonds à la Raphael est la mezzo-soprane Nina Hawi dans une ample robe longue en mousseline couleur turquoise recouverte d’une écharpe-chasuble à grands motifs fleuris sur fond bleu de nuit. Peu de bijoux sauf une bague à l’auriculaire droit et deux boucles d’oreille dorées à la Esmeralda. Au menu (à peine trente-cinq minutes de chant), très concis et exclusivement russe, deux compositeurs puisant leur inspiration de la terre des datchas: Rimsky-Korsakov et H. A. Dargomysky. Ouverture avec six lieds du compositeur de Schéhérazade où, par-delà accents rauques et langue aux inflexions gutturales, se sont déployés les intermittences du cœur, les paysages des steppes et leur vent fou ainsi que les espoirs et les craintes des petites gens. Aristocrate, Nicolaï Rimsky-Korsakov n’en a pas moins puisé pour cette vibrante narration vocale dans l’inspiration bouillonnante de sève populaire de la jeune école russe tout en faisant la part belle à la rigueur de l’écriture de l’Europe occidentale. Joli compromis, où le chant est une expression plus que suggestive avec une Canzonetta qui oscille entre les ors de l’art lyrique et la simplicité des élans populaires. Avec Dargomyski, moins connu que Rimsky-Korsakov qui toutefois acheva son célèbre opéra Roussalka, on reste en terre profondément russe et parfaitement contemporaine avec le compositeur d’Ivan Le Terrible. Là aussi poésie et sens de l’écriture se marient adroitement, habilement. On ne peut oublier la déclaration du musicien qui disait en substance: «Je veux que la note y soit l’égale du mot», mettant en application ainsi le principe de la concordance de la ligne vocale avec le sens du texte. Sept morceaux, prestement ou tendrement enlevés par la cantatrice, visiblement heureuse de chanter en russe qui coule dans sa bouche de source sûre, pour parler du folklore du pays des moujiks et de la force suggestive du chant. De la douceur d’une complainte au boléro flamboyant, en passant par une marche bien martelée, Nina Hawi a su insuffler un esprit profondément russe à ce concert, où le verbe et la musique avaient des scintillements d’une tiare de tsar… Edgar DAVIDIAN
Public restreint par un temps plutôt grincheux avec les premières pluies. Pourtant, le moment musical réservé par le Conservatoire national supérieur de musique sur sa lancée des concerts organisés les mardis soir était intéressant par sa rareté. Trente minutes de bel canto en texte russe, voilà qui est bien inhabituel sur nos scènes inondées de performances pianistiques,...