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Ouzbékistan - L’accord reflète la réorientation de la politique de Tachkent au détriment de Washington Moscou scelle une alliance avec le régime « paria » de Karimov

La Russie a signé hier soir un accord politico-militaire avec le président ouzbek Islam Karimov, scellant une alliance stratégique avec un régime d’Asie centrale considéré comme un paria en Occident après la sanglante répression de l’insurrection d’Andijan en mai. Ce « traité d’alliance » signé au Kremlin prévoit qu’une attaque contre un des deux pays sera considérée comme « une agression contre les deux parties », qui seront autorisées à se fournir « l’aide nécessaire, y compris militaire ». Le texte prévoit aussi que « les parties s’offrent réciproquement le droit d’utiliser des infrastructures militaires qui se trouvent sur leur territoire ». « La Russie a été et restera notre rempart et allié le plus fidèle », a déclaré le président Karimov, louant la signature d’un « accord historique » avec son homologue russe et le « renforcement des positions russes en Asie centrale ». M. Poutine a de son côté vanté le régime ouzbek dans les mêmes termes comme son « allié le plus fidèle », alors que ce texte renforce la présence de la Russie dans cette région d’Asie centrale que se disputent Moscou et Washington. Sans que les deux hommes d’État aient mentionné les États-Unis, l’accord reflète la réorientation de la politique de Tachkent au détriment des intérêts américains en Asie centrale. L’Ouzbékistan avait ainsi ordonné fin juillet à Washington d’évacuer la base aérienne de Karchi Khanabad (dans le sud du pays), servant de base arrière pour les opérations militaires américaines en Afghanistan. Une décision prise en réponse à l’appel des États-Unis à la création d’une commission d’enquête internationale sur les événements d’Andijan. Cette signature vient donc confirmer l’ancrage de l’Ouzbékistan, ex-république soviétique, à la Russie, qui a toujours soutenu le régime ouzbek sur Andijan à la différence de l’Occident, États-Unis et Union européenne en tête. « Moscou a saisi l’occasion pour s’imposer dans ce vide, et ce rapprochement reflète l’opinion des milieux qui considèrent que la Russie doit dominer à tout prix l’espace postsoviétique », estime le politologue Alexeï Malachenko, de la fondation Carnegie de Moscou. La Russie a en effet apporté un soutien appuyé à Islam Karimov après la répression d’Andijan (est de l’Ouzbékistan) le 13 mai, qui a fait entre 500 et 1 000 morts, selon des ONG comme Human Rights Watch, bien plus que le bilan officiel. Par un hasard du calendrier, la signature de l’accord de Moscou a coïncidé avec la condamnation à Tachkent des 15 meneurs présumés du soulèvement « islamiste » d’Andijan, qui ont reçu des peines de 14 à 20 ans de prison, à l’issue d’un procès décrit comme une parodie de justice. Treize autres Ouzbeks soupçonnés d’avoir participé au soulèvement d’Andijan et arrêtés en juin dernier à Ivanovo, à 300 km au nord-ouest de Moscou, risquent de faire les frais de cette nouvelle amitié russo-ouzbèke. Le rapprochement politique avec Tachkent offre par ailleurs à Moscou une occasion de promouvoir ses projets économiques en Ouzbékistan avec la participation de compagnies russes, dont le premier groupe pétrolier Loukoïl et le monopole gazier Gazprom, contrôlé par l’État.

La Russie a signé hier soir un accord politico-militaire avec le président ouzbek Islam Karimov, scellant une alliance stratégique avec un régime d’Asie centrale considéré comme un paria en Occident après la sanglante répression de l’insurrection d’Andijan en mai.
Ce « traité d’alliance » signé au Kremlin prévoit qu’une attaque contre un des deux pays sera considérée...