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Actualités - CHRONOLOGIE

La fille unique de l’empereur Akihito épouse aujourd’hui un urbaniste Le mariage tardif de la princesse Sayako, un signe des temps au Japon

L’union tardive de la princesse Sayako, fille unique de l’empereur Akihito du Japon, qui épouse aujourd’hui un roturier à l’âge de 36 ans, illustre une récente tendance au Japon où les femmes repoussent de plus en plus l’âge de leur mariage, alors que plane la menace d’une grave crise démographique. En 2004, les Japonaises se sont mariées en moyenne à l’âge de 27,8 ans, soit largement trois ans plus tard qu’en 1964 (24,5 ans), selon les statistiques du ministère de la Santé. Signe des temps, Sayako, dont le passe-temps est l’ornithologie, est la première princesse de l’histoire moderne de la plus vieille monarchie du monde à convoler en justes noces à trente ans bien passés. Shigeko, la fille aînée de l’empereur Hirohito (1901-1989), grand-père de Sayako, s’était mariée à l’âge de 17 ans en 1943. Les autres filles de Hirohito avaient convolé à 20 ou 21 ans. « Le moment choisi par la princesse Sayako pour son mariage reflète uniquement le contexte social actuel, qui est considérablement différent que celui de l’époque des filles de l’empereur Hirohito », a commenté une porte-parole de la Maison impériale. La décision de la princesse, qui avait expliqué souvent qu’elle se marierait en temps voulu, est d’ailleurs comprise par de nombreuses jeunes femmes de Tokyo qui doivent jongler entre carrière et famille, dans une société encore dominée par les hommes. « Il est compréhensible qu’elle se marie à cet âge », estime Tamie Nakayama, une employée de 31 ans qui dit ne pas être pressée de se marier. « Il n’y aucune raison de donner la priorité au mariage lorsqu’on est jeune. En tant que personne indépendante, la princesse Sayako a dû avoir beaucoup d’autres préoccupations, comme par exemple ses recherches (ornithologiques) », poursuit-elle. Si les Japonaises se marient de plus en plus tard, c’est parce qu’elles sont entre autres de plus en plus nombreuses à travailler, souligne Yoko Morita, spécialiste en économie du travail de l’université de Nagoya (centre du Japon). « Indépendantes financièrement, ces femmes n’ont pas besoin de se marier dans l’urgence pour pouvoir bénéficier du salaire de leur époux », remarque le professeur Morita. « Il est, qui plus est, normal que les femmes actives hésitent à se marier en raison de l’état actuel des infrastructures sociales » au Japon, notamment de l’insuffisance des garderies, selon elle. « Elles se trouvent confrontées à deux options : soit élever des enfants et renoncer à leur carrière, ou bien poursuivre leurs ambitions professionnelles sans famille », affirme-t-elle, en évoquant aussi les longues journées de travail dont sont coutumières les entreprises nippones. Confrontées à une « discrimination pernicieuse », les femmes actives sont « obligées de travailler deux à trois fois plus que les hommes pour être reconnues dans le monde du travail » au Japon, assure de son côté Nakayama, salariée dans le bureau local d’une entreprise américaine. « En conséquence, elles n’ont pas le temps de sortir pour rencontrer leur éventuel futur mari. Et si elles se marient, il est probable qu’elles devront renoncer à leur carrière », ajoute-t-elle. En épousant un roturier de 40 ans, Yoshiki Kuroda, urbaniste de la municipalité de Tokyo, la princesse Sayako devra elle-même faire des sacrifices, comme de renoncer à ses titres de noblesse. La crise de succession qui s’annonce pour la monarchie nippone, faute d’héritiers mâles, fait également écho aux problèmes démographiques préoccupants qui touchent le Japon. Le gouvernement japonais étudie actuellement des solutions pour encourager les femmes à procréer en facilitant notamment l’éducation des enfants. Selon les statistiques actuelles, la population japonaise devrait commencer à décliner en 2006, une situation dramatique pour la deuxième économie du monde.

L’union tardive de la princesse Sayako, fille unique de l’empereur Akihito du Japon, qui épouse aujourd’hui un roturier à l’âge de 36 ans, illustre une récente tendance au Japon où les femmes repoussent de plus en plus l’âge de leur mariage, alors que plane la menace d’une grave crise démographique.
En 2004, les Japonaises se sont mariées en moyenne à l’âge de 27,8 ans,...