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Actualités - CHRONOLOGIE

LIRE EN FRANÇAIS ET EN MUSIQUE - « L’égoïste romantique » des Lettres françaises a signé ses romans samedi au stand de la librairie Antoine Frédéric Beigbeder : « Écrire est quelque chose de profondément anormal »

Annoncée, annulée puis reconfirmée, la participation de Frédéric Beigbeder au Salon Lire en français et en musique 2005 tenait presque du jeu de piste. L’auteur de 99F et de L’égoïste romantique est finalement venu à Beyrouth (grâce à l’insistance de Bélinda Ibrahim et de la librairie Antoine) pour un court séjour de moins de 48h, des raisons familiales l’empêchant de rester plus longtemps. Mais, même en moins de deux jours (le week-end passé), le trublion des Lettres françaises a eu le temps de rencontrer la presse à son hôtel puis ses lecteurs libanais au cours d’une séance de signature samedi soir au stand de la librairie Antoine, avant de se lancer dans une tournée effrénée des boîtes à la mode : Crystal, BO18… Histoire, sans doute, de vérifier si les «poufs en mules » sont semblables sous toutes les latitudes! L’écrivain le plus « people » de sa génération a, par ailleurs, pu constater le degré de célébrité dont il jouit au Liban en se promenant à la rue Monnot où il a provoqué un véritable attroupement de fans. Cette étiquette d’écrivain branché, à la mode, Frédéric Beigbeder s’en délecte. À la question de savoir si elle ne nuirait pas à son statut de véritable écrivain, il répond du tac au tac : « Franchement, il vaut mieux être un écrivain branché qu’un écrivain ringard, non ?» Voilà, tout est dit : cette légèreté que certains esprits grincheux lui reprochent, Frédéric Beigbeder l’assume pleinement. Tout comme son égocentrisme. « Tous mes personnages sont mes alter ego, et je suis incapable de raconter autre chose que ma vie», avoue-t-il. Ajoutant : « Bien que j’espère y arriver un jour …» Mais qui êtes-vous donc ? ... Donc Oscar Dufresne, le héros obsédé, cynique, jouisseur, fêtard, infantile, et l’on passe, de son dernier roman, L’égoïste romantique, c’est lui ? « C’est moi et en même temps ce n’est pas moi », répond Beigbeder le plus sérieusement du monde. « C’est moi en pire. Frédéric Beigbeder aimerait bien être Oscar Dufresne, mais n’en a pas le cran », écrit-il d’ailleurs dans son livre construit sous forme de journal intime, qui est, assure-t-il, son roman « le plus personnel ». Hédoniste invétéré, donc, Beigbeder ? Pas si sûr ! Dans certains de ses romans, on relève, çà et là, des propos assez moralistes. Dans 99 francs, il dénonce les travers de la société consumériste, dans L’amour dure trois ans, il regrette que « les mariages soient devenus aujourd’hui des passades». Le personnage est difficile à cerner. Rebelle, impertinent et subversif dans ses écrits, il se révèle, par contre, très politiquement correct à la télé (il est chroniqueur dans Le grand journal de Canal+) et en interview, où il ne manie pas du tout l’insolence, s’amusant juste à lancer quelques aphorismes de son cru et à se tourner en dérision… Alors, on s’amuse à lui retourner la question accompagnant ses critiques littéraires dans Voici (voir par ailleurs). Mais qui êtes-vous donc, Frédéric Beigbeder ? « Je suis le type le plus joyeusement triste qui existe », lance-t-il dans un grand éclat de rire. Puis, plus sérieusement : « Je suis bien embêté, je n’ai pas de réponse à votre question. Je ne sais pas qui je suis. Je suis à la fois fasciné par tout ce que je décris : l’argent, la réussite, la célébrité, les jolies femmes, la drogue, l’alcool… Tout cela m’attire parce que je suis débile, et en même temps, ça me dégoûte et ça m’angoisse », dit-il avec emballement. Il va mal… « Si je savais qui je suis, j’arrêterais d’écrire. Parce qu’on écrit pour savoir qui l’on est, ce que l’on cherche. On n’écrit pas quand on va bien. Je pense qu’écrire est quelque chose de profondément anormal. C’est un peu un refus de vivre. » Sauf qu’écrire ne l’empêche pas de vivre ! Pas plus de faire la fête que de travailler. Chroniqueur télé, critique littéraire, directeur de collection dans l’édition, ex-publicitaire, il cumule les jobs. « En fait, je me suis toujours obligé à avoir des métiers avec des contraintes. Si je restais chez moi à écrire toute la journée, je deviendrais fou – encore plus fou, s’empresse-t-il d’ajouter. Cela m’astreint à une certaine discipline dans une vie assez chaotique. » Sauf que l’écriture reste sa grande passion, ce dont il a toujours rêvé. Un rêve concrétisé. « C’est pourquoi je vais mal », lance-t-il. « Car comme le disait Oscar Wilde : “Il y a une chose pire que de ne pas réaliser son rêve, c’est de le réaliser ”. » Alors pour noyer son désespoir, il fait « le couillon à la télé, réalise un film », bref, il s’amuse à faire des choses qu’on lui propose de faire, mais dont il n’a jamais vraiment rêvé. Et comme il n’est toujours pas arrivé à savoir qui il est – « Je le sais de moins en moins » –, il continue à écrire, et donc à se décrire, en cultivant, à volonté, une certaine ambiguïté. « Je fais en sorte que le lecteur ne sache pas vraiment si j’aime ou si je déteste les personnages et les situations que je montre», affirme Frédéric-Oscar-Octave … « D’ailleurs moi-même je ne le sais pas », conclut-il. Zéna ZALZAL
Annoncée, annulée puis reconfirmée, la participation de Frédéric Beigbeder au Salon Lire en français et en musique 2005 tenait presque du jeu de piste. L’auteur de 99F et de L’égoïste romantique est finalement venu à Beyrouth (grâce à l’insistance de Bélinda Ibrahim et de la librairie Antoine) pour un court séjour de moins de 48h, des raisons familiales l’empêchant de rester...