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FESTIVAL Courses, lutte montée et baisers épiques pour sauver le cheval kirghiz

Lancé à bride abattue, un cavalier kirghiz rattrape sa promise. Il s’approche et sous les hourras de la foule embrasse au galop la jeune femme en robe de mariée avant de tourner casaque, la fiancée à ses trousses, qui doit se venger d’un coup de cravache. Cette tradition kirghize, baptisée « Kyz Kououmaï » (Rattrape la jeune fille), est l’un des jeux équestres traditionnels présentés cette semaine lors du premier festival du cheval, organisé à Barksoon, à l’est du Kirghizstan, pays montagneux d’Asie centrale. Pour l’occasion, quelque 150 chevaux de race kirghize sont réunis sur un haut plateau dans un environnement paradisiaque : à l’est et l’ouest, des montagnes majestueuses encadrent le terrain des festivités, et au nord c’est le bleu profond du lac Yssyk-Kal qui s’étend à perte de vue. Comme l’explique l’organisatrice de l’événement, la Française Jacqueline Ripart, le cheval kirghiz était au cœur de la culture des peuples nomades de la région. Ils fêtaient chaque événement majeur de leur vie par des courses et des jeux équestres. Mais au-delà de l’objectif touristique et culturel de ce festival, Mme Ripart met en avant la sauvegarde de cette race de cheval, aujourd’hui en voie de disparition. « Depuis toujours, la course a été le moyen le plus judicieux pour sélectionner les meilleurs chevaux, c’était le moteur de l’élevage », explique Mme Ripart, dont le projet a été soutenu par une mine d’or locale, une organisation non gouvernementale américaine et les gouvernements français et kirghiz. Elle a donc recensé en cinq ans 1 500 chevaux ayant encore les caractéristiques de cette race si particulière, dont l’endurance était louée par les tsars russes et les Cosaques. « Le cheval kirghiz a une résistance extrême à la faim et la fatigue. Sa cage thoracique est très développée, il peut donc galoper à 4 000 mètres d’altitude sans aucun problème », explique, enthousiaste, cette amoureuse des équidés. Mêlant donc l’utile à l’agréable, le festival kirghiz du cheval est né avec pour objectifs la renaissance d’une race, un défi sportif et le développement du tourisme par la diffusion des traditions culturelles et artistiques locales. Le visiteur de passage peut, entre deux épreuves, assis au chaud dans une yourte, déguster les plats traditionnels, aussi délicieux que gras, à base de mouton et de... cheval. Les spectateurs ont pu admirer pendant deux jours des courses réunissant jusqu’à 50 montures, célébrant les grandes étapes de la vie nomade. Plus insolite, l’épreuve d’agilité, le « Tyïnyn Enmey », où des cavaliers lancés au galop doivent le plus rapidement possible saisir des pièces de monnaie placées au sol. Le record de l’exercice revient à Rouslan Matkarpimov, 24 ans, avec 3 pièces en 12 secondes. Impressionnant. Autre épreuve qui a déclenché les vivats des deux mille Kirghiz et de la centaine de Français, de Suisses et d’Américains présents, le « Oodarich », une impressionnante lutte montée, lors de laquelle deux cavaliers s’empoignent pour faire tomber l’adversaire de son destrier. « Enfant, je voyais comment mon grand frère luttait, il m’a appris des techniques de ruse (...) Cette lutte se transmet de génération en génération », explique l’un des héros du jour, Altynbek Imakeev, tout juste 21 ans. Mme Ripart s’est dite très satisfaite de cette première édition du festival et elle espère que les scientifiques avec lesquels elle travaille pourront rapidement établir une nouvelle norme du cheval kirghiz et enfin ressusciter la race.
Lancé à bride abattue, un cavalier kirghiz rattrape sa promise. Il s’approche et sous les hourras de la foule embrasse au galop la jeune femme en robe de mariée avant de tourner casaque, la fiancée à ses trousses, qui doit se venger d’un coup de cravache.
Cette tradition kirghize, baptisée « Kyz Kououmaï » (Rattrape la jeune fille), est l’un des jeux équestres traditionnels...