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CONCERT À l’amphithéâtre Aboukhater (USJ) Un trio entre émoi et élégance pour une musique de chambre

Salle comble pour quarante minutes de musique de chambre à l’amphithéâtre Aboukhater (USJ), fidèle à sa tradition des concerts des mardis soir présentés par le Conservatoire national supérieur de musique. Sous les feux de la rampe, trois musiciens familiers du public libanais, avec la singularité de mêler, pour cette prestation, les générations. De la prime jeunesse des jeunes filles en fleur à l’âge de la maturité, voilà un trio bien harmonieux, dominé bien innocemment par la fougue de la jeunesse avec un clavier aux éclats peu tempérés, mais absolument sans conflit de générations... Sur scène donc, la très jeune Ghiwa Sayegh derrière le piano (avec son frère, un adolescent en costume et cravate pour lui tourner les pages), en robe longue noire et cheveux relevés comme une héroïne romantique. À ses côtés, Ondin Brezeanu à l’archet du violon et Roman Storojenco au violoncelle, tous deux membres de l’Orchestre symphonique national libanais et très appréciés pour leur jeu d’une belle maîtrise. Au menu, concis mais intense, deux partitions seulement. Celles de Beethoven et Mendelssohn. Ouverture avec un Trio en si b majeur op 11 du maître de Bonn. Douceur des premières mesures pour une narration courte mais vibrante, empreinte de tous les élans du romantisme. Deux mouvements (adagio et tema con variazone) qui traduisent admirablement la voix intérieure de Beethoven toujours en quête de passion et d’une vie habitée par les frémissements les plus secrets. Langueur et éclats vifs alternant dans ces pages, où le piano a de la présence (un peu trop avec la jeune Ghiwa Sayegh), le violon des trémolos convaincants et le violoncelle des plaintes venues des profondeurs de la nuit. Belle synchronisation pour un opus qui ne manque pas de brio pour un répertoire de musique de chambre réputé pour ses effets mesurés. C’est avec un autre trio, En ré mineur op 49, de Félix Mendelssohn-Bartholdy, qu’on enchaîne. Quatre mouvements (molto allegro ed. agitato, andante con moto tranquilo, scherzo vivace et finale allegro) pour traduire toute l’élégance et la finesse d’un musicien qui avait une grande culture et qui maniait aussi bien la plume et le pinceau. Habileté d’une œuvre tout en nuances et d’une grande force expressive. Romances sans paroles, pour reprendre le titre-phare de l’une de ses compositions les plus célèbres, mais avec une éloquence remarquable où clavier, violoncelle et violon, chacun a une voix particulière, voire unique. Écriture soignée (ce n’est pas pour rien que Schumann vouait une admiration sans réserve au plus raffiné des musiciens de Hambourg) et lignes dessinées avec un dosage minutieux des éléments qui composent une mélodie souvent fluide et suave. Couleurs ravissantes, souvent «pastellistes», pour s’entretenir entre rêve, caresses furtives et moments ardents, des états d’âme du compositeur du Songe d’une nuit d’été. Public enthousiaste, mais rompant la magie de ce concert court par des applaudissements inopinés entre deux mouvements ne laissant ni aux musiciens le temps de se concentrer ni à la musique, tout en esprit d’intimité, de prendre sa place dans l’ensemble de la narration. Un bis chaudement ovationné et des gerbes de fleurs aux artistes qui saluent le public en souriant. Edgar DAVIDIAN
Salle comble pour quarante minutes de musique de chambre à l’amphithéâtre Aboukhater (USJ), fidèle à sa tradition des concerts des mardis soir présentés par le Conservatoire national supérieur de musique. Sous les feux de la rampe, trois musiciens familiers du public libanais, avec la singularité de mêler, pour cette prestation, les générations. De la prime jeunesse des jeunes...