Domenech confronté au choix du gardien

Rescapé d’une campagne de qualification éprouvante, Raymond Domenech doit gérer son premier dossier brûlant de l’avant-Mondial 2006 : le choix du gardien titulaire. Sans la suspension de Fabien Barthez, sanctionné pour avoir craché sur un arbitre marocain lors d’un match amical entre Marseille et le Wydad Casablanca cet hiver, les choses auraient été simples. L’intérim assuré par Grégory Coupet pendant près de six mois a donné des ambitions légitimes au portier lyonnais qui revendique désormais la place de numéro un. Or, plus qu’à n’importe quel autre poste, une hiérarchie est nécessaire parmi les gardiens, notamment pour assurer une certaine sérénité au sein de la défense. Le choix auquel Domenech procédera aujourd’hui, à la veille de la rencontre contre le Costa Rica, est d’autant plus épineux que la situation n’a rien de simple. Coupet, qui a longtemps assumé le rôle de doublure de bonne grâce, estime qu’il a gagné ses galons de titulaire et que sa patience doit aujourd’hui être récompensée. « Je suis un compétiteur. Je ne suis pas en équipe de France pour rester sur le banc », affirme le Lyonnais. « J’ai un très grand respect pour Fabien mais je pense avoir démontré que je méritais moi aussi cette place de titulaire. J’aimerais que nous ayons une discussion franche et claire avec Fabien et avec le coach, a-t-il dit. Pour que je puisse leur expliquer ma position. » Domenech n’a pour l’instant pas tranché. Ou du moins, c’est ce qu’il affirme. Lors de la présentation de sa liste des 23 pour les deux prochains matches amicaux, jeudi, il s’est contenté d’entretenir le suspense. « Nous avons la chance d’avoir deux très grands gardiens, a-t-il dit. Je comprends qu’aucun n’ait envie d’être numéro deux. Il va falloir faire un choix. On va avoir le temps d’en discuter tranquillement. » Sérénité « Un gardien doit vivre dans la sérénité et je ne veux pas faire durer plus que nécessaire cette situation qui est stressante pour tout le monde », a-t-il ajouté. De son côté, Barthez est resté fidèle à une ligne de conduite fondée sur la discrétion. Le Marseillais n’a fait aucune déclaration, sachant qu’il peut compter sur un certain nombre de soutiens au sein de l’équipe de France, à commencer par les anciens champions du monde. Pour s’aider dans son choix, Domenech pourra clairement demander conseil à son mentor, Aimé Jacquet, confronté à une alternative similaire avant le Mondial 1998 en France. À l’époque, la concurrence opposait l’ex-Parisien Bernard Lama, numéro un, et le jeune Barthez, remplaçant de luxe. Dans une conférence de presse tenue lors d’un stage à Casablanca, Jacquet avait tranché en faveur de Barthez, provoquant une réaction de rejet de Lama qui refusa par la suite de participer à certaines séances d’entraînement. La situation était pourtant légèrement différente et certainement plus facile à gérer. À l’époque, Lama sortait d’une période d’inactivité de 11 mois : une suspension et un transfert délicat au club londonien de West Ham. De plus, Lama n’était revenu chez les Bleus qu’en avril 98 et seulement comme remplaçant de Lionel Letizi lors de Russie-France à Moscou. Barthez, qui continue de briller à Marseille, a quant à lui huit mois pour démontrer qu’il mérite toujours la confiance de son sélectionneur. En revanche, Coupet dispose d’arguments que ne possédait pas Barthez il y a huit ans, notamment une plus grande expérience : quatre titres de champion de France, des matches en Ligue des champions et une participation récurrente lors des éliminatoires. L’âge ne devrait pas être un critère à ce poste où la longévité est de mise. Barthez, qui avait eu des velléités de retraite après l’Euro 2004, aura presque 35 ans au mois de juin prochain tandis que Coupet approchera les 33 ans et demi. Pour l’un comme pour l’autre, cette Coupe du monde pourrait être la dernière grande compétition de leur carrière, ce qui rend le choix encore plus délicat.