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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION Les œuvres de Chaouki Chamoun à la Planète de la découverte «De l’inconnu et des questions»

La galerie Épreuve d’artiste organise, à la Planète de la découverte, au centre-ville, une exposition des œuvres de Chaouki Chamoun. L’artiste donne à voir, jusqu’au 24 novembre, 104 toiles grands formats ainsi que deux sculptures. Sous le titre « De l’inconnu et des questions », Joseph Tarrab présente l’œuvre comme suit. L’homme entend réduire le monde à son intelligence, sa compréhension. Sans répit, il compte, suppute, triangle, cadastre, mesure les cycles du ciel et les rythmes de la terre dans l’espoir de tenir la nature à sa merci, d’en devenir maître et possesseur. Et le monde, encore et toujours, échappe à toute réduction, déjoue les calculs et se joue des prévisions statistiques. La nature que nous voulons rendre esclave s’en moque éperdument – séismes et ouragans, tsunamis et éruptions volcaniques, inondations et feux de forêts nous rappellent à l’ordre. Le véritable maître et possesseur, c’est le monde, pas l’homme. Il peut transformer, détourner, violer, souiller, polluer, jamais véritablement maîtriser. Du macrocosme au microcosme, il y a le rapport du massif montagneux à la rangée d’humains lilliputiens en attente à son pied. Qu’attendent-ils ? Peut-être une réponse au mystère de l’irréductibilité, du coefficient d’irrationalité qui se joue des artifices mathématiques et des symétries géométriques. Le « petit monde » prétend comprendre en lui le « grand monde », mais en attendant celui-ci l’écrase sans autre forme de procès. C’est bien de ce rideau d’impénétrable opacité qu’il s’agit dans l’œuvre peinte de Chaouki Chamoun. Le paysage ne s’arrête jamais aux bords du tableau, il déborde de toutes parts les cadres et les boîtes dans lesquels on prétend l’enfermer. Le monde toujours excède les limites, outrepasse les frontières, s’enfuit vers des horizons qui reculent sans fin. La tentative de le représenter, c’est-à-dire d’en maîtriser au moins l’image, échoue sans cesse. C’est devant la pure présence de la montagne, de hautes tours urbaines, de larges coulées de matière monochrome ou polychrome, pétrie comme une pâte et durcie comme une pierre, que Chaouki Chamoun campe ses personnages insectivores dans leur dérisoire et pathétique expectative. Rien ne sert d’attendre, il faut faire. Et si l’on ne peut résoudre l’énigme, du moins faire en sorte de comprendre, dans un seul tableau, et le silence têtu du monde et la perplexité de l’homme dont l’histoire tout entière n’est qu’un épisode infime dans la vie de la planète. Chaouki Chamoun explore ainsi, de tableau en tableau, les possibilités multiples, les variantes plastiques et chromatiques de cette confrontation d’échelles de grandeur. En incluant des maillages en fil de fer dans le corps même de la peinture, il laisse entendre que la maille, unité du chaînage, peut éventuellement fonctionner, du moins visuellement, comme dénominateur commun. Au fond, le monde et l’homme sont compris et peut-être tissés ensemble dans une trame universelle. C’est peut-être cela qui justifie l’espoir d’une réponse. Malgré son côté très physique, concret et palpable, et ses qualités remarquables de retenue et de sobriété qui trahissent une longue et mature pratique du métier, la peinture de Chaouki Chamoun répercute, par ses propres moyens, d’éternelles questions métaphysiques. Ce qui ne l’empêche pas de se tenir devant nous comme pure présence plastique devant laquelle nous nous tenons à notre tour comme ses personnages se tiennent devant la Grande Muraille cosmique. Certains l’escaladeront pour regarder de l’autre côté et tenter de soulever le voile d’Isis qu’aucun mortel n’a jamais soulevé. Les coulées de matière avec leurs plis et replis ne sont pas autre chose que ce voile insoutenable devant lequel les questions et les attentes se renouvellent perpétuellement. Que peut-on attendre ? Le sens ou le non-sens ? La parousie ou la parodie ? L’ascension au ciel ou la descente en enfer ? Le nœud tragique ou le happy end ? Le fin mot ou le mot de la fin ? En attendant une improbable réponse, nous pouvons du moins prendre un plaisir extrême au travail à la fois si simple et si savant, si rigoureux et si sensible, si puissant et si subtil d’un peintre qui, au lieu de se heurter à la montagne du passé, de la tradition, du patrimoine prêt-à-emporter, lui tourne le dos pour avancer vers un avenir qui n’apportera pas de réponse-impasse, mais de l’inconnu et des questions, toujours plus de questions.
La galerie Épreuve d’artiste organise, à la Planète de la découverte, au centre-ville, une exposition des œuvres de Chaouki Chamoun. L’artiste donne à voir, jusqu’au 24 novembre, 104 toiles grands formats ainsi que deux sculptures. Sous le titre « De l’inconnu et des questions », Joseph Tarrab présente l’œuvre comme suit.
L’homme entend réduire le monde à son...