Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

Plus de 125 parrains français pour scolariser 300 enfants libanais Maryvonne et Pierre Lambert, ou l’inlassable volonté d’aider le Liban

Maryvonne et Pierre Lambert sont tombés amoureux il y a bien longtemps du Liban. Ce couple, qui vit en banlieue parisienne et qui s’occupe de l’association française Parrainage enfants du Liban, assurant chaque année la scolarité d’environ 300 enfants, ne parvient pas à expliquer l’amour qu’il porte pour le pays. C’est simple, il est de ces sentiments tellement grands qui deviennent comme des évidences et qui n’ont nul besoin d’être expliqués. Maryvonne et Pierre Lambert ont habité Beyrouth durant quatre ans, de 1964 à 1968. Ils s’étaient installés à Ramlet el-Baïda avec leurs cinq enfants. À l’époque, Pierre Lambert, ingénieur à l’Électricité de France, occupait le poste de consultant auprès de l’Office du Litani. Il s’était rendu à maintes reprises au Liban au début des années soixante, avant de s’y établir avec sa famille. C’est ensemble que Maryvonne et Pierre parlent de leur « rencontre » avec le Liban. Un pays où ils ont tout de suite été « bien accueillis ». « Nos enfants étaient tout petits et les gens étaient contents de voir une grande famille, notre sixième enfant n’était pas encore né », se souvient Maryvonne. Le couple n’utilise pas les clichés connus sur le soleil, la mer et la montagne (bref, la diversité du paysage libanais dans un espace réduit), mais choisit d’autres phrases, d’autres concepts pour parler du Liban. Il évoque certes « la chaleur de l’accueil et la générosité » des Libanais mais surtout « cette tolérance qui n’existe nulle part ailleurs qu’au Liban, cette convivialité entre les Libanais ». « Le Liban a beaucoup à donner dans ce cadre à l’Occident, à la France. Les Libanais ont un esprit de consensus, un esprit ouvert, qui pourrait parfois être pris en exemple », indique Pierre Lambert, qui est le secrétaire général de l’association Parrainage enfants du Liban. M. Lambert n’est certes pas contre l’esprit cartésien, mais il a dû apprécier, il y a bien longtemps, ce laisser-aller libanais, cette douceur de vivre propre au pays et qui se traduit à travers des choses que l’on croit anodines. Dans ce cadre, il se souvient de la guerre des Six-Jours, « où l’on voyait partout à Beyrouth les portraits de Nasser ». « Cette vague a été suivie par une autre où des portraits d’autres leaders arabes étaient collés à tous les murs de Beyrouth. Ensuite, nous avions vu les portraits du général Charles de Gaulle apparaître ici et là. Plus tard, il a été décidé d’enlever tous les portraits de la ville », se souvient Pierre Lambert, essayant d’expliquer le consensus libanais… Maryvonne et Pierre Lambert, qui ont vécu la Deuxième Guerre mondiale et la guerre d’Algérie, n’étaient pas à Beyrouth durant les événements du Liban. Ils étaient rentrés en France, et c’est à travers les médias qu’ils avaient appris le début de la guerre. Ils étaient bien tristes : « le Liban n’était plus le pays de la tolérance. Nous étions choqués d’apprendre que les communautés du pays pouvaient se battre entre elles », indique Maryvonne, qui est la secrétaire de l’association. « Choqués, parce que durant notre séjour au Liban, jamais personne ne nous parlait d’appartenance religieuse. Je ne savais même pas si tel ou tel collègue de l’Office du Litani était musulman ou chrétien, nous vivions complètement immergés dans la société libanaise et n’avions pas vu les choses venir », renchérit Pierre Lambert, qui s’est quand même rendu au Liban pour un court séjour au début des années quatre-vingt. Appréhender le retour Mais ce n’est qu’en 1999 que le couple est retourné pour une dizaine de jours au Liban, et ce dans le cadre de l’association Parrainage enfants du Liban. Maryvonne appréhendait ce retour. « J’avais peur que le Liban ne soit plus le pays que j’ai connu, j’ai craint l’intolérance, l’hostilité. J’ai cru pour un moment que les Libanais avaient changé », dit-elle. Heureusement, ses craintes se sont vite dissipées, dès son arrivée à l’aéroport. L’amour que le couple Lambert porte au Liban a fait en sorte de sauver la dissolution de l’association, qui est devenue à la longue une affaire de famille, où les enfants, les nièces, les tantes, les cousines sont devenus les parrains des enfants libanais dans le besoin. Les détails, c’est Pierre Lambert qui les raconte. L’association Parrainage enfants du Liban a été créée en 1990 par une Libano-Française, Jeanine Revel. Avec un groupe d’amis du sud-est français, elle avait mis en place une association pour venir en aide aux enfants libanais, assurant leur scolarité. Le contact s’est effectué à travers des écoles que la fondatrice de l’association connaissait. Jeanine Revel, qui est tombée malade, a voulu dissoudre l’association. Mais c’est Pierre Lambert qui a proposé de poursuivre le travail. L’ONG ayant pour but de tisser des liens entre le Liban et la France, la coopération devrait se faire sur le terrain, avec, par exemple, une visite annuelle effectuée aux écoles. L’aide a lieu à travers des parrainages, des Français prenant en charge des élèves libanais. Elle commence généralement dans les petites classes et se poursuit jusqu’à la terminale. « Le but de l’ONG est de tisser des liens concrets entre la France et le Liban. Il faut faire connaître le Liban aux Français et vice versa. Ainsi, des liens se créent entre les parrains et leurs filleuls à travers la correspondance. C’est aussi une manière d’encourager les élèves à utiliser la langue française », indique Pierre Lambert, soulignant l’importance de « l’engagement moral des parrains envers leurs filleuls ». « Grâce à ce parrainage, les enfants dans le besoin peuvent suivre ensuite des études universitaires, l’UL assurant des études quasi gratuites. De plus, après le bac, certains filleuls séjournent en France », ajoute-t-il. Actuellement, l’association présente dans une dizaine d’écoles du Liban-Nord et de Beyrouth une aide grâce à plus de 125 parrains français, qui permettent de scolariser 300 enfants libanais appartenant à toutes les communautés du pays. « Certains parrainent plus d’un enfant. D’autres versent des sommes à l’association ; ces dons peuvent servir à la scolarisation de plus d’un enfant. Dans ce cadre, nous avons créé un système de bourses pour toucher en tout 300 enfants », précise le secrétaire général de l’association. Maryvonne Lambert parraine, à elle seule, quatre enfants. Elle a même tenu à suivre l’évolution de l’une de ses filleules jusqu’à l’université. Cette dernière suit actuellement une spécialisation en gestion. Le couple Lambert, qui rend visite chaque année, au cours du mois d’octobre, aux écoles que l’association parraine, mobilise tout au long de l’année la famille proche et lointaine, ses amis et ses connaissances pour les enfants du Liban. Ainsi, la belle-fille du couple, Clarisse, est devenue la présidente de l’association. C’est à travers son mari, Pierre Yves, qu’elle a connu le Liban. Et, comme ses beaux-parents, elle est tombée sous le charme du pays, au point d’encourager des Libanais nés en France, qui n’étaient jamais venus au Liban, à passer des vacances dans le pays, et au point d’appeler l’un de ses fils Pierre Emmanuel Charbel. Les grands-parents paternels de Pierre Emmanuel Charbel racontent que Clarisse, qui avait du mal à avoir des enfants, s’était rendue une fois en pèlerinage à Annaya se recueillant devant la tombe du saint. À son retour en France, elle était enceinte d’une fille. Elle a donné naissance ensuite à un garçon et elle avait décidé de lui donner le prénom du saint libanais. Clarisse est actuellement mère de trois enfants. Elle est aussi la présidente de l’association Parrainage enfants du Liban. Sans aucun doute, toute la famille Lambert continuera, inlassablement et avec beaucoup d’amour, son œuvre pour le Liban. Patricia KHODER

Maryvonne et Pierre Lambert sont tombés amoureux il y a bien longtemps du Liban. Ce couple, qui vit en banlieue parisienne et qui s’occupe de l’association française Parrainage enfants du Liban, assurant chaque année la scolarité d’environ 300 enfants, ne parvient pas à expliquer l’amour qu’il porte pour le pays. C’est simple, il est de ces sentiments tellement grands qui...