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Actualités - OPINION

1559 - Tentative de solution à l’amiable pour prévenir un cyclone régional incontrôlable La stabilité du Liban, un dénominateur commun pour les grandes puissances et les forces locales

Le rapport Mehlis a certes mis en branle la scène politique locale, mais sans fracas ni grand tracas. Il a également cristallisé d’importants développements diplomatiques internationaux ou régionaux. Mais sans explosion. Tous les éléments sont liés, sans solution de continuité. Et si les objectifs sont agressifs dans leur finalité, du moins vis-à-vis de la Syrie ou de l’Iran, ils sont poursuivis de manière à préserver la stabilité du Liban. Dont on veut ménager les particularismes. Et consolider la cohésion intérieure, notamment dans le traitement de la 1559. Texte redoutable dans ses alinéas visant au désarmement des milices libanaises (le Hezbollah) et non libanaises (les Palestiniens). L’acceptation internationale, américaine notamment, d’une solution bien libanaise, à l’amiable, vise en définitive à prévenir un cyclone régional incontrôlable. C’est donc dans un calme calculé que les puissances veulent obtenir l’application des résolutions de l’ONU. 1559 et son corollaire, la 1614 qui ordonne le déploiement de l’armée libanaise le long de la ligne bleue à la frontière sud du pays. Ce qui se reflète d’ailleurs dans la formulation bien étudiée de la résolution soumise au Conseil de sécurité par les Américains, les Français et les Britanniques. La pression sur la Syrie se trouve de la sorte légalisée en regard du droit international. Par ce biais, les Américains vont plus loin, en fait, que l’affaire Hariri et tentent de pousser Damas à souscrire à leurs exigences concernant le Liban, l’Irak et les Palestiniens. En tout cas, la Syrie se voit accorder, pour ce qui est de l’enquête, un délai de grâce, et le mot est parfaitement à sa place en l’occurrence. Elle a jusqu’au 15 décembre pour prouver, en actes, qu’elle coopère avec la commission internationale dans la recherche de la vérité sur l’assassinat du président Hariri. Après avoir annoncé qu’elle a formé sa propre commission d’enquête, elle est censée procéder à des inculpations de ressortissants syriens. Il paraît en effet exclu, en regard des charges énoncées dans le rapport Mehlis, qui souligne très clairement que le crime a été commis en pleine connaissance de cause par le système militaro-sécuritaire régnant du temps de la tutelle syrienne, que Damas puisse se contenter de blanchir des prévenus. D’ailleurs c’est à la suite de la visite urgente rendue à Assad par Moubarak, manifestement pour lui faire comprendre qu’il devait tout de suite prendre une initiative montrant sa bonne volonté, que la commission d’enquête syrienne a été mise sur pied. Farouk el-Chareh s’est dès lors rendu à New York pour plaider l’innocence du régime et du système en tant que tels. Mais aussi pour affirmer que son pays est animé des meilleures intentions à l’égard de la légalité internationale. Et cela indépendamment de la ligne qu’il suit par rapport à des exigences américaines largement abusives aux yeux de la Syrie comme des causes arabes. Parallèlement, son second, Walid Mouallem, a effectué une mission d’appel au secours dans le Golfe, surtout auprès des Saoudiens. Qui ont non seulement l’oreille de Washington, mais aussi un intérêt direct dans l’élucidation de l’assassinat de Rafic Hariri, qui avait aussi, comme on sait, la nationalité saoudienne. En fait, si la Syrie a besoin d’un soutien arabe accentué, c’est parce qu’elle a parfaitement conscience que sa propre crédibilité sur le plan international est au plus bas. Des diplomates accrédités à Beyrouth confirment ainsi en privé que personne ne tient plus pour argent comptant ce que les Syriens peuvent déclarer ou promettre, tant ils se sont dédits. On n’en attend donc plus des mots, mais des actes. Plus précisément, ajoutent ces diplomates, il faudra que la Syrie procède à l’interpellation des noms de suspects syriens mentionnés initialement dans le rapport Mehlis. Et qui n’auraient été biffés que pour l’encourager à agir, sans paraître perdre la face. Le Hezbollah en vedette Localement, le Hezbollah tient la vedette. Son meeting, sa parade milicienne non armée (quelque 12 000 éléments y auraient participé) et le mot de Hassan Nasrallah ont marqué l’actualité politique. Le sayyed, on l’aura noté, a tiré à boulets rouges bien plus sur Roed-Larsen que sur Mehlis. Et c’est normal : le premier veut désarmer le Hezb, alors que le deuxième ne le met pas en cause. Cependant, à l’en croire, les deux rapports ont pour but de dresser les Libanais contre les Syriens, contre les Palestiniens et contre eux-mêmes. Il a de même attaqué les États-Unis avec virulence, en défendant la Syrie. Mais, à part des critiques contre le président du Conseil qui n’a pas envoyé de représentant au meeting, il n’a pas fait flèche de tout bois en direction de parties locales, plaidant au contraire l’union sacrée. Autour du maintien du régime, ce qui suscite une divergence avec Walid Joumblatt. En tout cas le parti de Nasrallah a confirmé qu’il n’a pas l’intention de claquer la porte du gouvernement. Malgré les réserves que lui inspirent les haririens. Auxquels il reproche de prendre des décisions seuls. Et d’avoir fait campagne auprès des ambassades occidentales en faveur d’une cour internationale de justice. Ce qui pour les hezbollahis signifierait la porte ouverte à davantage d’immixtions, et de pressions, d’inspiration US. Il convient enfin de signaler que selon une source politique informée, Émile Lahoud ainsi que Hassan Nasrallah et d’autres ont visité Damas avant la publication du rapport Mehlis, pour voir comment réagir. Et comment aider la Syrie à faire face. Philippe ABI-AKL
Le rapport Mehlis a certes mis en branle la scène politique locale, mais sans fracas ni grand tracas. Il a également cristallisé d’importants développements diplomatiques internationaux ou régionaux. Mais sans explosion. Tous les éléments sont liés, sans solution de continuité. Et si les objectifs sont agressifs dans leur finalité, du moins vis-à-vis de la Syrie ou de l’Iran, ils...