CORRESPONDANCE - Tous les chemins cathodiques US mènent à Rome Le pape Jean-Paul II héros de deux films télévisés

WASHINGTON- Irène MOSALLI «N’ayez pas peur d’affronter l’inconnu…» dixit le pape Jean-Paul II. Les trois premiers mots de cette phrase ont été choisis comme titre d’une minisérie que vient d’achever la chaîne de télévision américaine ABC et qui s’intitule Have no Fear: the Life of John Paul II (N’ayez pas peur: la vie de Jean-Paul II). Une autre grande chaîne américaine, CBS, a elle aussi évoqué le souverain pontife sous un titre plus simple, Le pape Jean-Paul II. Il est prévu que les deux diffusions auront lieu avant la fin de l’année. En ce moment donc, tous les chemins cathodiques US semblent mener à Rome. Néanmoins, il s’agit là de deux variations sur le même thème. Et si les deux chaînes ont eu la même idée au même moment, c’est parce que, après son décès, le pape Jean-Paul II conserve encore une grande popularité et que le souvenir de ses funérailles, qui ont mobilisé une audience planétaire, est encore vivant dans toutes les mémoires. Libéralisme et Opus Dei Jean-Paul II, une vie dense et extraordinaire qui a été cernée pour le petit écran à travers deux optiques différentes dont le seul dénominateur commun est d’être articulé sur les flash-back. Le film de la ABC, Have no Fear (une durée de deux heures), s’ouvre avec l’image du pape devant le Mur des lamentations, lors d’une visite à Jérusalem en 2000. De là, on remontera le temps jusqu’à Karol Wojtyla qui sera incarné par l’acteur Thomas Kretschmann (42 ans), établi à Los Angeles et originaire de l’Allemagne de l’Est. Du côté de la CBS, La vie de Jean-Paul II (quatre heures présentées en deux soirées) fera des aller-retour à partir de l’attentat dont il a fait l’objet en 1981. Ici, il sera interprété par deux acteurs: le Britannique Cary Elwes (42 ans), qui le représentera jeune et jusqu’à son accession à la papauté, et John Voight (66 ans), qui couvrira les 26 ans de son règne. Cela pour la forme. Il y a aussi divergence dans le fond «Nous n’avons pas évité la controverse, explique un responsable de la ABC. Nous montrerons les confrontations que le pape a eues sur le sujet de la libération en matière de théologie. Nous discuterons des scandales sexuels de l’Église américaine et nous parlerons de “l’homme qu’était le pape”. Nous ne faisons pas de l’Opus Dei. D’autres l’ont fait.» Ces «autres» ne sont autres que les auteurs de la production de la CBS ayant de nombreuses implications avec ce mouvement traditionaliste qui a eu des liens solides avec le Vatican durant le règne de Jean-Paul II. La compagnie de production et le conseiller de cette minisérie sont des membres de l’Opus Dei. Ce qui leur a permis de filmer dans des lieux d’accès limité, telle la cathédrale de Cracovie. De même qu’ils ont été autorisés à utiliser des images digitales représentant l’intérieur du Vatican, notamment la chapelle Sixtine, alors que la ABC a effectué la plus grande partie de son tournage en Lituanie. Elle n’a pu approcher le Vatican que par le biais d’un passage reliant ce territoire papal au Castel Sant’Angelo. Quelle impression peut-on avoir en se glissant dans la peau d’un pape, et surtout celle de Jean-Paul II? Lors d’une interview, l’un et l’autre de ses interprètes ont ainsi répondu. Thomas Kretschmann, élevé dans l’Allemagne de l’Est et qui n’a reçu aucune éducation religieuse, a dit qu’il a d’abord été enchanté de jouer le rôle d’un homme dans sa soixantaine. Puis il a commencé à être captivé par sa personnalité: «Parce qu’il était passionné, courageux et combatif. Et surtout parce qu’il a voulu que l’amour règne.» Pour John Voight, élevé dans la religion catholique et diplômé d’une université catholique, « c’est un honneur de jouer ce rôle, mais c’est aussi intimidant. Dans ce film, on découvre sa force morale, son énergie et son esprit».