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Russie Depuis son exil sibérien, Khodorkovski cultive son mythe naissant

L’ex-magnat du pétrole russe Mikhaïl Khodorkovski, arrivé la semaine dernière dans une colonie pénitentiaire en Sibérie, a remercié hier le pouvoir de l’avoir envoyé dans un lieu d’exil symbolique, l’aidant ainsi à bâtir son image de martyr politique. Depuis son camp de Krasnokamensk, situé à 6 500 kilomètres de Moscou, Mikhaïl Khodorkovski s’est dit « reconnaissant au pouvoir » de l’avoir envoyé « dans le pays d’exil des décabristes », des nobles ayant tenté une révolte contre le tsar en décembre 1825. L’ancien homme d’affaires doit continuer à purger une peine de huit années de prison pour fraude fiscale dans ce camp proche de mines d’uranium. « Involontairement, le Kremlin contribue à transformer son ex-rival économique en dirigeant politique », estime Stanislav Belkovski, directeur de l’Institut de stratégie nationale (ONG), en déplorant « l’incapacité du pouvoir de prévoir l’impact » de ses actes. « L’auréole de martyr sibérien contribuera encore à la “mythologisation” déjà en cours » de l’ex-oligarque, selon lui. « C’est en prison qu’a mûri le mythe Khodorkovski », estime encore M. Belkovski, ajoutant qu’en deux ans de détention, « le nom de Khodorkovski a commencé à vivre sa vie, indépendante de son porteur ». De son côté, M. Khodorkovski et les siens ont vu dans sa déportation en Sibérie l’occasion de rappeler toute une série de symboles historiques. À l’instar des femmes des décabristes ayant quitté leur maison luxueuse pour rejoindre leurs époux en Sibérie où ils travaillaient dans les mines, l’épouse de l’ex-milliardaire, Inna, est déjà sur place. Avant d’aller voir son mari, elle est allée visiter l’église des décabristes. « En 180 ans, l’État n’a pas beaucoup changé dans son comportement », a-t-elle déclaré. « Ici les gens tombent malades et meurent à cause du vent soufflant des mines », raconte à la presse le prêtre local, le père Sergueï, que M. Khodorkovski a déjà annoncé vouloir rencontrer. Le portrait de l’ex-magnat s’affiche aujourd’hui à côté de celui de Lech Walesa, le dirigeant syndical emprisonné avant de devenir président polonais, sur un site Internet consacré aux prisonniers politiques (politzeki.ru). Après maillots et badges avec son portrait, des ballons et des tatouages avec ses initiales (MBKh, Mikhaïl Borissovitch Khodorkovski), sont venus des documentaires sur sa vie et un livre de témoignages de ses codétenus. Les lecteurs de ce dernier, paru en octobre et intitulé : J’ai purgé ma peine avec Khodorkovski, apprennent notamment que l’ex-milliardaire était un camarade de cellule « extrêmement agréable », « calme », qui « ne hausse jamais le ton ». Et surtout qu’il n’a « jamais donné personne ». Toutefois, la population semble très peu mobilisée par son cas. Pour 41 % des Russes, les idées politiques de M. Khodorkovski étaient à l’origine de sa détention, mais seuls 18 % ont de la compassion pour l’ex-oligarque, selon un récent sondage.

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