ART - L’artiste a réalisé la compilation de chars et de canons bétonnés à l’entrée du ministère libanais de la Défense à Yarzé Décès d’Arman, le sculpteur « faiseur d’objets »

Le sculpteur franco-américain Arman est décédé, samedi dans la nuit, à New York, à l’âge de 76 ans, des suites d’un cancer. Un hommage devrait être rendu à l’artiste lors d’une cérémonie, jeudi, à New York. Né à Nice le 17 novembre 1928, Armand Pierre Fernandez appartenait au mouvement artistique des Nouveaux Réalistes. Il avait transformé son nom en 1973 en Armand Pierre Arman. Initié à la peinture à l’huile par son père, marchand de meubles anciens, Arman avait suivi les cours de l’École des arts décoratifs de Nice. En 1949, il avait fait la rencontre d’Yves Klein et Claude Pascal avec lesquels il créa un an plus tard le groupe artistique Triangle. Les trois jeunes peintres avaient décidé de signer leurs toiles de leur seul prénom, en hommage à Vincent Van Gogh qu’ils admiraient. Peintre, graveur et sculpteur, Arman était souvent qualifié de « faiseur d’objets ». Son art s’illustrait par les « accumulations » d’objets manufacturés. En 1959, il remplit une « poubelle » d’ordures ménagères récupérées dans l’appartement de sa belle-mère. Il « accumule » aussi bien des masques à gaz que des tubes de peinture ou des voitures. Les objets étaient rassemblés selon diverses techniques, comme le remplissage, le bétonnage, voire la destruction ou l’explosion. Il est devenu ainsi le témoin critique de la société de consommation, contribuant à la prise de conscience de la production de masse dans la société contemporaine. Son goût de l’accumulation lui venait, disait-il, d’une grand-mère qui stockait des centaines de bouchons classés par année dans des boîtes à chaussures, mais aussi de son arrière-grand-père, collectionneur de voitures anciennes. Des colères mémorables Les colères de l’artiste étaient également célèbres. La plus retentissante a eu lieu en 1975, à New York, lorsqu’il détruit à la hache et au marteau un intérieur bourgeois dans une galerie d’art. Sa plus grande sculpture en volume avait été réalisée en 1995 sur la place des Martyrs, en plein cœur de Beyrouth : une accumulation de chars et de canons dans du béton, atteignant une trentaine de mètres de hauteur et pesant 6 000 tonnes. Il s’agissait pour lui de symboliser les désastres de la guerre qui ravagea le pays. Cette œuvre est maintenant définitivement érigée à l’entrée du ministère de la Défense. Tout un symbole…