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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION - Huiles, mixed-médias et sculptures-installations Isis Nassar au CCF : ruines et autres souvenirs colorés…

Née en 1956 à Londres et ayant vécu la majeure partie de sa vie en Europe, Isis Nassar est revenue s’installer en 1995 dans son pays d’origine, le Liban. Les combats ont cessé, mais les traces de destruction, aussi bien architecturales que psychologiques, restent partout omniprésentes. L’atmosphère ambiante est au retour à la vie sur fond d’immeubles-gruyères, de ruines et de quartiers dévastés. Une situation intermédiaire, «historiquement intéressante, car elle va évoluer avant de disparaître », que cette artiste, passionnée d’anthropologie, va tenter de fixer en peintures, collages et sculptures-installations. Cela donne une trentaine de tableaux (huiles et mixed-médias de grande dimension, petites aquarelles et eaux-fortes photographiques) et quatre sculptures-installations en résine, plâtre, argile, pâte de verre… L’ensemble réalisé entre 1995 et 2005 délivre un expressionnisme véhément. Figures pittoresques Les œuvres d’Isis Nassar ne sont pas des images d’Épinal. À coups de pinceau robustes qui courent avec une violence exaspérée sur le fond de la toile et dans une pâte chromatique dense et vibrante, elle met en scène des personnages assis dans – ou devant – des champs de ruines. Figures libanaises typiques, les personnages qu’elle fait poser en avant de la toile sont censés révéler, par un détail de leur tenue vestimentaire, leur appartenance communautaire. Le plus souvent figés et surdimensionnés par rapport au décor dans lequel ils sont placés, très colorés, pittoresques, à la limite du grotesque, ils n’en délivrent pas moins, par leurs attitudes et leurs regards, un certain sens du tragique. Une expression dramatique par laquelle cette artiste engagée dans la marche du monde veut frapper les esprits. « Car, dit-elle, il faut se souvenir des ravages de la guerre pour ne plus retomber dedans. » Ne ménageant pas ses effets, l’artiste a également traité certains épisodes de violence qu’elle a vécus avec autant de violence. Ainsi, Les bombardements israéliens sur la centrale électrique de Bsalim (région qui jouxte Bkenaya, son lieu de résidence) sont-ils représentés, avec une fureur non feinte, par des peintures sombres sur lesquelles viennent se greffer débris et masques mortuaires en plâtre ou en caoutchouc. Et, toujours, Les déchets des bombardements israéliens de 1999 sur Bsalim sont présentés, dans une installation sous vitre, en morceaux fracassés de ferrailles, de pierres, de pieds de mannequins, de masques et de tissus déchirés… Art témoignage Cette exposition peut être sujette à controverse. Reste qu’elle coïncide, à dessein, avec une période délicate, où plus qu’à aucun autre moment il s’agit de garder en mémoire les bouleversements passés. À ce titre, elle présente un intérêt certain. Ce travail de témoignage est d’ailleurs la caractéristique première de l’œuvre d’Isis Nassar, artiste au style singulier, titulaire d’un MA en beaux-arts de l’Université de New Castele et qui a à son actif plusieurs expositions, dont des participations au Salon d’automne du musée Sursock (en 1995), au Barbican Center (exposition individuelle, en 1987), au National Portrait Gallery (1993 et 1994) ainsi qu’à l’Institut du monde arabe, à Paris (en 1988). Grande voyageuse, cette nature curieuse, qui a longtemps hésité entre les études artistiques et la sociologie, passe six mois par an en déplacement. Et comme elle n’aime pas le froid, elle se dirige tout naturellement vers des destinations exotiques : pays arabes, Afrique, Amérique du Sud ou Asie. Là, elle s’immerge totalement dans la société traditionnelle, partage le quotidien des autochtones, s’imprègne d’odeurs, de couleurs, de coutumes, de paysages et de visages… Bref, elle trempe son pinceau dans la palette du reportage pour retranscrire, dans des compositions picturales assez éloquentes et des sculptures moins évidentes, la condition humaine sous toutes les latitudes. Il s’en dégage, pointant derrière les couleurs bariolées, une compassion ardente. Jusqu’au 10 novembre, au Centre culturel français (la salle d’exposition est ouverte du lundi au vendredi, de 13h à 19h). Zéna ZALZAL

Née en 1956 à Londres et ayant vécu la majeure partie de sa vie en Europe, Isis Nassar est revenue s’installer en 1995 dans son pays d’origine, le Liban. Les combats ont cessé, mais les traces de destruction, aussi bien architecturales que psychologiques, restent partout omniprésentes. L’atmosphère ambiante est au retour à la vie sur fond d’immeubles-gruyères, de ruines et de...