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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - Le créateur du «Divan » à Beyrouth pour lancer des projets de photos et de télé Henry Chapier, l’infatigable «Monsieur Cinéma»

À 72 ans, Henry Chapier reste « un éternel adolescent », comme il se définit lui-même. Mais il est aussi un infatigable homme de médias. Il a officié dans la presse, puis à la télévision et maintenant à la radio. Le célèbre confesseur du « Divan », ex-« Monsieur Cinéma » de France 3, est à Beyrouth pour donner un cycle de conférences à l’USEK autour de l’histoire du 7e art. Il profite également de ce séjour pour préparer quelques projets, dont le Mois de la photo (été 2006), et une émission à épisodes sur « Les racines du Cèdre ». Rencontre avec un senior qui se défend d’en être un. C’est en 1978 qu’Henry Chapier a débuté sa carrière à la télévision comme éditorialiste culturel et cinématographique. Avant, il avait fait ses armes dans la presse écrite. À l’hebdomadaire Arts, en 1958, où il rencontre François Truffaut, critique, et Jean d’Ormesson, éditorialiste. En 1959 à Combat, un journal qui se veut sans concessions. Puis dans Le quotidien de Paris où il y tient la rubrique journalière de cinéma. En grand témoin de l’histoire du cinéma, il a livré ses critiques les plus virulentes dans un livre, Pour un cinéma de combat, aux éditions Le Passage (2003). En 1969, Henry Chapier fait enfin ses premières armes au cinéma dans Un été américain, puis tourne deux films : Sex Power, en 1970, Amore, en 1974. En 1980, il est nommé rédacteur en chef de Soir 3. Il s’imposera comme le «Monsieur Cinéma» de la chaîne. Ce grand amoureux du cinéma est membre du jury du Festival de Cannes en 1996. Cette même année, il devient président de la Maison européenne de la photographie (MEP). Si Henry Chapier a déserté le petit écran, il est bien présent sur Internet, via son site personnel, henry-chapier.com (conçu par Œil pour œil), et un site consacré aux artistes contemporains @rt-outsiders.com. Entre 1987 et 1995, près de 300 invités se sont allongés sur son divan (celui-ci sera d’ailleurs proposé à la vente aux enchères, le 7 novembre prochain, au profit de Reporters Sans Frontières). Au fil des ans, Divan est devenue une émission-phare de FR 3. «Cela m’a permis d’accueillir à la fois des stars, des hommes politiques, des champions du sport, sans oublier les écrivains étrangers. Une relation de confiance s’était établie dans la mesure où les questions s’arrêtaient aux frontières de la vie privée et des anecdotes d’alcôve». Il explique ainsi la longévité de Divan à l’antenne par la discrétion du psy face à la mise en valeur de l’invité. Et la soudaine nostalgie du public pour cette émission tient sans doute à ce respect de celui que l’on reçoit par opposition à la surmédiatisation de l’hôte qui l’accueille… Aujourd’hui, il a réuni une trentaine d’interviews dans un double DVD intitulé Le Divan d’Henry Chapier. La genèse du Divan: comment est né ce concept? «L’idée m’est venu à partir des souvenirs de mon enfance à Vienne.» Extrait du dossier de presse: «À treize ans, j’ai découvert dans la bibliothèque de mes parents, à Vienne, Les Cinq leçons sur la psychanalyse de Sigmund Freud. Ma mère citait souvent le nom du célèbre docteur en prenant des airs mystérieux devant mon père tout à fait incrédule. Fascinée par les nouvelles théories sur l’éducation des enfants, elle suivait avec passion des conférences savantes pendant que je vivais joyeusement mon complexe d’Œdipe… À l’époque où mes copains déclaraient qu’ils seraient plus tard des ingénieurs ou des hommes d’affaires, je racontais fièrement que je deviendrais psychanalyste. Moins innocent que je ne l’étais il y a trente ans, il me semble bien que c’est de ce rêve d’enfant qu’est née l’idée de Divan.» Photo, numérisation et Hollywood Il est donc à Beyrouth pour la énième fois, «C’est vrai je suis un ami du pays», pour prendre des contacts pour le prochain Mois de la photo. «Souvenez-vous en 1997, la première édition avait eu beaucoup de succès dans tout le Liban. » Outre le fait de permettre aux jeunes talents d’exposer leurs œuvres, la prochaine édition aura plusieurs nouveautés : elle présente des collections et des collectionneurs de photos et donnera la parole aux artistes multimedia pour qu’ils y présentent leurs travaux. Avec les étudiants de l’USEK, il a passé en revue les grands du cinéma d’auteur. Il leur a également fait une requête: se mobiliser pour sauver les anciens films libanais. «Eux qui ont 20 ans ne savent rien de leur patrimoine cinématographique. Un petit comité a été organisé apparemment pour sauver la cinémathèque libanaise. Je sais qu’il y a 8 ans, je suis venu avec Jacques Toubon, alors ministre de la Culture en France, et nous avons rencontré l’homologue libanais, Michel Eddé, et nous lui avions remis une donation à la cinémathèque. J’aimerais savoir où en est le projet.» «Nous allons disparaître et notre civilisation aussi. Dans un siècle, nos descendants se poseront des questions sur nous, notre mode de vie, notre culture. La vidéo disparaît. La numérisation est le meilleur support de sauvegarde. Pour avoir des archives, la numérisation est la solution. Sinon il n’y aura plus de diversité. Les Libanais comme les Français ressembleront aux gens de l’Arizona.» Et il enchaîne: «Je ne suis pas contre les Américains. Ce n’est pas leur faute si nous sommes passifs. Hollywood n’est pas une dictature. C’est un business réussi. Nous aussi nous pouvons proposer un produit réussi avec de l’art en prime.» Chapier parle d’un autre projet auquel il tient particulièrement: réaliser un film de cinéma ou une série d’épisodes pour la télé, une sorte de panorama des régions libanaises émaillé de rencontres avec des figures «de la sensibilité libanaise». Ce projet s’intitulerait Les racines du Cèdre. Voilà un projet qui pourra le mener bien loin… Maya GHANDOUR HERT
À 72 ans, Henry Chapier reste « un éternel adolescent », comme il se définit lui-même. Mais il est aussi un infatigable homme de médias. Il a officié dans la presse, puis à la télévision et maintenant à la radio. Le célèbre confesseur du « Divan », ex-« Monsieur Cinéma » de France 3, est à Beyrouth pour donner un cycle de conférences à l’USEK autour de l’histoire du 7e...