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Actualités - CHRONOLOGIE

CINÉMA - «In This House», signé Akram Zaatari Un «artiste vidéo» au service de l’image

Producteur, réalisateur, il s’était déjà fait connaître pour son travail sur l’image à travers des supports différents. Présent à la cinquième édition de «Né à Beyrouth», en août dernier, il y a projeté son documentaire intitulé «In This House». Retour sur le parcours d’Akram Zaatari. Son nom a longtemps défilé au générique de Alam al-Sabah, sur la Future TV. Une émission, parmi d’autres, dont il fut le producteur de 1995 à 1997. Tellement qu’elle a fait oublier à ceux qui le connaissent que Akram Zaatari a fait des études en architecture, avant de s’envoler pour les États-Unis ramener une maîtrise en média. «J’avais toujours le désir d’étudier et de faire du cinéma, avouera-t-il. À travers mes études, j’ai été exposé à la théorie des médias, construite sur des notions culturelles. Comment est perçu l’héritage visuel en fonction d’une culture et une économie.» Durant ses années Future TV, Akram a tourné en vidéo un grand nombre de documentaires qui ont été projetés au cours de prestigieux festivals au Liban et à l’étranger. «Mon poste de producteur était important. Il m’a donné accès à tout un matériel, de la caméra au studio de montage et de postproduction.» La vidéo, un instrument, un langage, mais aussi une liberté de travail qu’il a choisi pour s’exprimer, dénoncer subtilement ou raconter des histoires. «Le travail en vidéo se situe entre le documentaire et le court-métrage. J’ai choisi ce média car je voulais appartenir à un système non identifiable. Pas de producteur, pas de monteur, rien que des machines et un travail personnel. C’est la liberté et l’efficacité. Être capable de produire avec zéro budget est impossible hors vidéo. J’essaie d’utiliser toutes les possibilités offertes par ce média. J’ai voulu développer mes travaux sans avoir d’angoisse. Et puis, je voulais apprendre.» Qu’ils aient un discours politique, social ou même esthétique, qu’ils parlent de la résistance, du machisme libanais et arabe, de l’homosexualité, qu’ils racontent des histoires ou témoignent, les films d’Akram véhiculent des messages rapidement perçus. L’homme est clair, serein, méthodique. Son travail également. «Je ne suis pas militant, souligne-t-il. Je n’ai pas confiance dans le militantisme direct. Ma démarche est d’abord artistique. Je me définis comme un artiste qui s’intéresse à la politique, l’environnement, l’histoire et les thèmes d’actualité. Je ne veux pas que mon travail soit perçu comme une provocation ou une révolte.» La Fondation pour l’image À travers son parcours, ses choix et son travail, Akram Zaatari s’est surtout intéressé à l’image. Sa mémoire, sa fonction et son rôle. Pour ce faire, il a utilisé de nombreux supports qui lui permettent de se rappeler, d’évoquer ou simplement de poser une problématique. Installations, publications, fondation et documentaires, le thème de l’image y est très présent. Il est un moyen et une finalité. De plus, après avoir quitté la Future TV, Akram a créé, en 1997, avec la complicité de Fouad Elkoury et Samer Mohdad, la Fondation arabe pour l’image. L’objectif étant de préserver un patrimoine culturel, de conserver les photos dans les meilleures conditions possibles et de pouvoir les faire circuler. Huit ans plus tard, la fondation a réuni plus de 150000 images, organisé une dizaine d’expositions dans le monde et produit six publications. Ce qui n’empêche pas pour autant le réalisateur de poursuivre ses tournages. «J’ai voulu continuer à faire des documentaires, dira-t-il. Trois ont particulièrement marqué mon travail, Majnounak, qui met en scène des Libanais et des Arabes qui parlent de leur sexualité, All Is Well On the Border, une critique du discours de la résistance et de la médiatisation de ce discours, et enfin Mapping Setting, le film le plus important de ma vie, que j’ai mis trois ans à faire. Un film qui interroge l’image, et pas seulement la photo. Et que j’ai conçu comme un laboratoire sur l’image.» Une maison, une histoire Le dernier-né de Akram Zaatari, In This House, présenté au Liban dans le cadre du festival «Né à Beyrouth», suit la même logique de travail que ses films précédents. «C’est un film qui se situe entre le documentaire et les arts plastiques. Il a été conçu pour être projeté sur 5 écrans simultanés, mais j’ai également présenté une version pour un seul écran.» In This House raconte l’histoire de Ali, photographe, qui fut, à 20 ans, un membre de la Résistance libanaise. Ali écrivit, en 1991, une lettre au propriétaire de la maison qu’il avait occupée, 6 ans durant, avec d’autres éléments armés. Cette lettre fut enterrée dans le jardin de ladite maison, située à Aïn el-Mir. Quatorze ans plus tard, Akram est parti à la recherche de cette lettre. «Je ne travaille jamais sur un scénario. Je suis toujours à la recherche d’une approche, d’une stratégie. Le film est la métaphore d’une situation. Le contexte paraît clair, mais il suffit de commencer à creuser pour qu’apparaissent les problèmes liés à la guerre.» Ne pouvant filmer les personnages, le propriétaire de la maison, sa femme, la police et l’armée, qui étaient présents durant l’opération de déterrage, Akram a eu recours à un procédé qui donne au documentaire un intérêt supplémentaire, et cela en dépit d’un plan presque fixe du jardinier à l’œuvre. «Je me suis laissé emporter par ce qui existait pour, peu à peu, définir une approche.» Approche qui a le mérite d’être pertinente. Actuellement, et enchaînant un projet après l’autre, le réalisateur poursuit un travail déjà entamé sur Hashem el-Madani, un photographe de Saïda dont, précise-t-il, «le travail est associé à une certaine histoire de la ville. C’est un projet que j’entreprends en tant qu’artiste et non pas qu’historien». Un livre et une exposition ont déjà été présentés au public, car «les photos de ce photographe constituent une bonne partie de la collection de la Fondation pour l’image». «J’ai longtemps travaillé avec des compromis financiers, conclut Akram Zaatari. Maintenant, je voudrais revisiter mon travail, ne plus faire beaucoup de choses en même temps. Pour cela, je vais devoir entrer dans un système de production où les rôles sont bien établis.» Sans, et c’est évident, altérer sa soif de liberté. Carla HENOUD Expositions 2000: «The Vehicle» The Townhouse Gallery, Cairo / Darat al- Founoun, Amman. 2002: «Mapping Sitting» SK Die Photographische Sammlung, Köln / Palais des beaux-arts, Brussels. 2004: «Hashem el-Madani» The Photographer’s Gallery, London. 2004: «Mapping Sitting» Centre pour l’image contemporaine, Genève / musée Nicéphore Nièpce, Châlon-sur-Saône, France. 2005: «Mapping Sitting» Grey Art Gallery, New York. 2005: «Unfolding» Portikus, Frankfurt. Publications 1998: Another Resolution. 1998: Portraits du Caire: Alban - Arman - Van Leo. 1999: The Vehicle, Picturing Moments of Transition in a Modernising Society. 2002: Mapping Sitting: On Portraiture and Photography. 2004: Hashem el-Madani: Studio Practices. Quelques vidéos 1996: The Candidate, 10 mn, vidéo. 1997: Majnounak (Crazy for You), 26 min, vidéo. 1997: All Is Well On the Border, 43 min, vidéo. 2001: Her + Him Van Leo, 32 min, vidéo. 2001: How I Love You, 29 min, vidéo. 2003: This Day, 86 min, vidéo. 2005: In This House, 30 min, vidéo. Prix 1998: Grand prix – Antalya Golden Orange Festival pour Crazy of You. 2001: Prix du jury – Vidéo Lisboa pour Red Chewing Gum. 2002: Grand prix – Ismailia Short & Doc Film Festival pour Her + Him Van Leo. 2004: Prix Son- FID Marseille pour This Day.
Producteur, réalisateur, il s’était déjà fait connaître pour son travail sur l’image à travers des supports différents. Présent à la cinquième édition de «Né à Beyrouth», en août dernier, il y a projeté son documentaire intitulé «In This House». Retour sur le parcours d’Akram Zaatari.
Son nom a longtemps défilé au générique de Alam al-Sabah, sur la Future TV. Une...